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[Soliha] Le maintien de Mickaël Sihou divise le conseil d’administration

25 SALARIÉS DE SOLIHA DEMANDENT LE DÉPART DU DIRECTEUR

Face à la pression des salariés de plus en plus nombreux à demander un changement de directeur, la présidente de Soliha a accepté de remplacer Mickaël Sihou tout en lui conservant une place de « secrétaire général ». Pour contester ce doublement des coûts de direction, la conseillère régionale Virginie Gobalou a démissionné du conseil d’administration.

Il y a un an, les grévistes de Soliha mettaient fin à leur mouvement après avoir tenu sept mois. Un record ! Ils demandaient davantage de transparence dans la gestion de cette vieille association (43 ans) intervenant dans le domaine de l’amélioration de l’habitat pour le comptes des collectivités locales (essentiellement le Département).

Ils avaient obtenu quelques avancées pour arranger leurs conditions de travail. Mais pas l’essentiel : à savoir le départ du Directeur général Mickaël Sihou, par ailleurs conseiller régional de la majorité. Ils l’accusaient d’avoir désorganisé les services et de faire du favoritisme. Celui-ci avait même proposé de partir dans le cadre d’une rupture conventionnelle mais s’était finalement rétracté car les grévistes avaient poursuivi leur mouvement.

« C’est une situation puante, continue à clamer Clara Derfla de l’UR974. Nous avons dénoncé plein de choses, tout le monde sait que ce Monsieur n’est pas à sa place mais on continue. Il faut croire que les élus qui le soutiennent aiment la magouille. C’est répugnant ». La plainte déposée par le syndicat est toujours en cours d’instruction.

Procédure d’alerte du commissaire aux comptes

Aujourd’hui, le temps n’a pas calmé les rancoeurs. Au contraire. La situation de Soliha reste préoccupante. Un audit, exigé lors de la grève de l’an dernier, met clairement la pression. Au début du mois de septembre, les 35 employés de Soliha ont appris que le commissaire aux comptes avait émis une procédure d’alerte.

Un plan d’action doit être mis en place pour retrouver l’équilibre. A défaut, une procédure en redressement judiciaire est à craindre avec le risque d’un plan social à la clé.

La présidente de Soliha, Viviane Ben Hamida énumère les difficultés rencontrées par l’association : la diminution des lignes LBU sur les dossiers, le décalage des règlements de subvention, le cadre juridique et de financement du traitement de l’amiante resté flou, la complexité accrue des dispositifs, des retards d’intervention et de livraison de chantiers. « En outre, le dernier conflit social, avec 12 000 heures non travaillées (soit plus de 8 mois), a aggravé ces retards », précise-t-elle.

grève à Soliha ex pact Réunion avec UR974 avec Clara Derfla, Nicole Hoareau
Le onze ex-grévistes de Soliha ont rallié à leurs cause une majorité du personnel.

Dans ce contexte anxiogène, un débrayage est intervenu le 22 septembre et la parole s’est libérée. « Nous étions 11 grévistes l’an dernier, relate Patrice Laffuteur délégué du personnel. Nous nous sommes réunis et chacun a pu dire ce qu’il avait sur le coeur. A la fin, nous avons fait un vote et 25 salariés ont voté pour que M. Sihou quitte la direction générale ».

Le Journal de l’île, sous la plume de Geoffroy G. Legros, a publié une partie du florilèges des récrimination à l’encontre du directeur général. Nous y avons eu également accès, on y retrouve toujours les mêmes griefs sur une gestion hasardeuse et les comportements humiliants.

« On ne peut pas se permettre de créer un deuxième poste de cadre A quand on est une structure financièrement fragile. »

Virginie Gobalou

Notamment, 150 dossiers seraient bloqués par les services du Département à cause de leurs montants trop élevés. 30 000 € en moyenne au lieu de 15 000 €. Or les salariés disent avoir suivi les consignes de la direction… On parle aussi de 180 000 € de charges patronales non payées et de créances qui s’accumulent. Un témoignage accuse : « Comment un DG peut dire en réunion qu’il est Dieu et rajouter : dix, onze douze, je n’ai peur de personne. S’il faut couper des têtes je les coupe »…

Viviane Ben Hamida dit avoir pris en compte ces témoignages « malgré un contenu parfois inacceptable ». Elle a convoqué un conseil d’administration extraordinaire le 27 septembre, elle y a annoncé les mesures à prendre. En particulier, elle a décidé de retirer la direction générale à Mickaël Sihou pour qu’il n’ait plus de lien hiérarchique avec le personnel. Mais il reste à la direction en tant que « secrétaire général » chargé des finances, du développement et du contrôle interne. Un poste de directeur opérationnel doit être créé « dans les plus brefs délais », en attendant une cadre expérimentée est chargée de l’intérim.

Cette décision a divisé les membres du CA. Virginie Gobalou, pourtant élue régionale sur la même liste que Mickaël Sihou a signifié son désaccord de la façon la plus ferme qui soit. Elle a démissionné par un courrier envoyé le 29 septembre. La Région ne compte donc plus de représentant au conseil d’administration. « La priorité doit aller aux familles mal-logées qui attendent des travaux et aux salariés de Soliha qui doivent retrouver la sérénité, lance-t-elle. J’ai démissionné pour marquer mon désaccord sur la gestion des ressources humaines de l’association. On ne peut pas se permettre de créer un deuxième poste de cadre A quand on est une structure financièrement fragile. »

Viviane Ben Hamida assure pour sa part que « le coût engendré est en partie compensé par le départ d’un responsable technique non remplacé et dont le poste était encore ouvert.»

Franck Cellier

A propos de l'auteur

Franck Cellier | Journaliste

Journaliste d’investigation, Franck Cellier a passé trente ans de sa carrière au Quotidien de la Réunion après un court passage au journal Témoignages à ses débuts. Ses reportages l’ont amené dans l’ensemble des îles de l’océan Indien ainsi que dans tous les recoins de La Réunion. Il porte un regard critique et pointu sur la politique et la société réunionnaise. Très attaché à la liberté d’expression et à l’indépendance, il entend défendre avec force ces valeurs au sein d’un média engagé et solidaire, Parallèle Sud.

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