[Tchoukball] Les Réunionnais rêvaient d’Europe.

SPORT LOCAL

À trois mois des championnats européens 2024, les 11 Réunionnais de l’équipe de France de Tchoukball U15 ne partiront pas. Pour cause, le nombre d’équipes adverses est trop faible pour faire le déplacement. Un coup dur pour les jeunes locaux qui préparaient ce championnat international avec hâte et ambition. 

Créé dans les années 1960 par le Dr. Hermann Brandt, le Tchoukball est une discipline mêlant pelote basque et handball, sans aucun contact. C’est un sport méconnu du grand public. Pourtant, ici à La Réunion, il y a déjà une petite communauté. La France compte près de 400 licenciés et environ la moitié d’entre eux sont à La Réunion. En toute logique, la fédération française envoie régulièrement des équipes de jeunes locaux aux compétitions internationales comme en 2018 où les moins de 12 ans sont devenus champions d’Europe. Ce fût aussi le cas pour les féminines à Prague en 2018 nous dit Maëlle Maillot, joueuse réunionnaise et membre de l’équipe de France « On y est allées en compétitrices, et on a fait un top 10 […] Quand on parle du championnat du monde, ça peut laisser penser qu’on est rémunérées mais non non, on part avec nos sous ». 

Un vrai problème quand tous les ans ou presque, des joueurs de l’île partent jouer un grand championnat. 

Vidéo sur le Tchouk à La Réunion.
Tir que l’équipe bleu droit attraper directement apres le rebond sur le filet pour ne pas encaisser de but.

Cette année, un autre problème s’invite dans la compétition de juillet. Le championnat européen en Italie où devaient se rendre les U15 n’est plus d’actualité. À trois mois de la compétition, les Réunionnais, prêts à partir, apprennent la présence de seulement deux ou trois autres équipes. L’Italie, qui joue à domicile, la Suisse et peut-être l’Angleterre. « Le rapport coût / match n’est pas rentable pour nous. Chaque joueur doit investir 1800 euros, pour 3 matchs, ça ne vaut pas le coup », rapporte Albert Silvetti, un des premiers à initier le « Tchouk » sur l’île.

Quant aux autres équipes d’Europe, cela coûte 600 euros par personne pour le séjour. À ce prix-là, les jeunes Réunionnais auraient pu sûrement y participer. Il est vrai que même si le prestige de cette compétition fait rêver, le fait d’être à plus de 10000 km pénalise pas mal nos sportifs quelles que soient les catégories. C’était déjà arrivé, il y a deux ans pour l’équipe féminine. 

Un sport en développement

Quoi qu’il en soit, depuis 2012, La Réunion développe ce sport ludique à travers huit clubs. D’autres projets internationaux sont en préparation, avec comme objectif « qu’avant 2027, on soit premier dans un championnat européen et dans le top 5 mondial », annonce Nicolas, joueur et coach réunionnais.

Avec une communauté qui s’agrandirait et un sport qui se démocratiserait dans l’occident, ce sport pourrait se développer et devenir aussi populaire qu’en Asie, notamment à Taïwan où prof de tchouk est un métier. Les Réunionnais pourraient jouer contre le reste du monde, et peut-être même se faire aider par la fédération francaise pour les déplacements.

Au-delà de l’aspect sportif, cette pratique « exclut toute recherche de prestige, tant personnel que collectif » selon la Charte du Tchoukball. La charte appelle non pas à des règles, mais à une « conduite permanente » qui rend ce jeu remarquable face aux autres. En gros, ce sport a comme objectif la bienveillance collective, le respect et le fair-play.

Par exemple, si une faute commise est non sifflée, l’équipe fautive a le devoir de le signaler à l’arbitre qui reviendra à la faute. Avec la compétition, ces coutumes peuvent parfois être compliquées à appliquer mais globalement c’est le cas. Le Dr Hermann Brandt était un humaniste qui travaillait entre autres sur la répercussion des sports en général sur notre corps, d’où l’idée de ce sport qui a reçu un prix par la Fédération Internationale d’éducation physique. « Le beau jeu attire le beau jeu ».

Etienne Satre

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Tchoukball U15 La Réunion

A propos de l'auteur

Etienne Satre | Etudiant en journalisme

Etienne Satre a rejoint l'équipe en janvier 2024 en tant qu'apprenti journaliste. Il étudie à l'Institut de l'image de l'océan indien (Iloi) basé au Port.

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