Témoignage : Revenir à La Réunion après une mobilité en Métropole

Pour clore son dossier sur la mobilité vers la Métropole, Parallèle Sud a recueilli le témoignage de Killian Robert, un jeune Réunionnais revenu dans son île après cinq années d’études en Métropole.

Quand on parle de mobilité vers la métropole, on s’intéresse souvent davantage au départ qu’au retour. Il faut se rappeler que la mobilité a toujours été pensée dans un seul sens, visant dès les années 60 à favoriser l’implantation d’une main-d’œuvre réunionnaise dans l’Hexagone. Pourtant, chaque année, de nombreux Réunionnais reviennent au péi, mettant en lumière un aspect trop souvent oublié de la mobilité : la difficulté que peut représenter le retour. On sait comment partir et s’installer en métropole, mais comment revenir sur son île, se réadapter à la vie locale et retrouver ses repères ?

Kilian est parti s’installer en métropole en 2020 pour poursuivre ses études en école de commerce. Après cinq ans d’études et l’obtention de son Master 2, il a décidé de revenir vivre sur son île. Derrière ce retour, il y a – comme chez beaucoup de Réunionnais – la volonté de se rapprocher de sa famille, en particulier des plus âgés : « les anciens ne sont pas éternels ».

À cette raison familiale s’ajoute une démarche presque militante, qui prône le retour sur l’île pour la développer, et faire profiter la vie locale de l’expérience et des compétences acquises en Métropole. Kilian est technico-commercial dans une entreprise de gestion des déchets, qui a pour objectif de mettre en place un traitement durable des déchets de l’île en les réutilisant dans plusieurs filières de l’économie locale – notamment en produisant du compost pour les agriculteurs – dans une démarche d’économie circulaire.

Un exil intérieur

La question du logement se pose aussi naturellement. Kilian a fait le choix de vivre chez ses parents pour l’instant, mais cela reste un enjeu central du retour sur l’île – surtout pour ceux qui n’ont plus de famille sur place.

Et surtout, il y a le nouveau regard que portent les Réunionnais de retour sur leur île. Comment voir La Réunion de la même façon après avoir vécu dans l’Hexagone ? On ne le peut tout simplement pas. Le retour, c’est alors se refaire une place dans un monde que l’on a autrefois connu – ou cru connaître – mais qui a changé et évolué durant notre absence.

Vivre ailleurs, c’est être confronté à d’autres réalités, d’autres rythmes, d’autres manières de penser et d’organiser la société. En revenant, on ne voit plus l’île uniquement avec les yeux de l’enfant ou de l’adolescent qu’on était en la quittant. On y projette aussi les comparaisons, les exigences, les espoirs nés de l’expérience métropolitaine. Ce regard à la fois familier et étranger peut être une richesse : il permet de repenser ce que l’on croyait acquis, d’interroger les habitudes, de proposer des alternatives. Mais il peut aussi créer un décalage, une forme d’inconfort, voire un sentiment d’exil intérieur – celui de ne plus se sentir totalement d’ici ni complètement de là-bas.

Mathieu Belluteau

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A propos de l'auteur

Mathieu Belluteau

Jeune réunionnais de retour au pays après des études en journalisme à l’IEP d’Aix-en-Provence en partenariat avec l’EJCAM.

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