Composé de quatre Malgaches, The Dizzy Brains sont de passage à Saint-Benoît au Bisik pour un concert. C’est un groupe de rock qui a la particularité de dénoncer avec punch le système à Madagascar, la pauvreté, la corruption ou encore les famines…
Venus pour quatre dates à La Réunion, ils passent au Nord, au Sud, à l’Est et à l’Ouest. Eddy, chanteur du groupe, entre balance et concert au Bisik, nous a accordé une interview pour parler de sa musique et de son engagement dans ses textes.
Etienne Satre
UNE SOIRÉE RACONTÉE PAR LE BISIK
Vendredi 8 novembre, le Bisik a tremblé aux distorsions des guitares électriques pour une soirée rock incroyable qui a résonné dans les corps et les âmes de plus de 150 spectateurs déchainés. Une soirée entremêlée de rage et de poésie sur les rythmes féroces et décapant de Saphire Starlight et The Dizzy Brains.
Encore une fois c’est sous les étoiles exactement que les spectateurs s’étaient donné rendez-vous au Bisik pour une soirée rock tellurique. Des retrouvailles avec l’ambiance Festival de nos deux éditions du Art Rock & co en compagnie de Tic Oharo, fidèle défenseur du genre, et Christophe David, infatigable découvreur de talents.
Coupe undercut, robe d’un blanc innocent et bas résilles, Saphire Starlight est un artiste fantasque et affiche sa différence dans un rock explosif.
Un univers surprenant que le public découvre pour la première fois en trio sur les titres de son premier album “Is that all there is?” sorti en streaming il y a quelques heures à peine (https://li.sten.to/saphirestarlight).
Saphire décharge ses vocalises iconiques et hypnotiques dont les modulations rappellent parfois The Cure, dopé à l’adrénaline.
Départ enjoué, presque décontracté, avec “Sugar Daddy”, morceau au rythme entraînant, flirtant avec l’humour, l’amour et les relations basées sur la dépendance. Armé de sa basse à sangle arc-en-ciel Saphire nous a soufflé avec un rock énergique, résolument feel-good et électrisant, “I’ll love you if you spoil me !”, une déclaration provocante d’amour sous condition qui électrise le public qui s’est massé devant la scène et qui ondule déjà au rythme de la performance.
L’artiste aux cheveux bleus est survolté et son charisme séduit. Il déchaîne les solos de basse, fend la foule en délire. Starlight, Son nom de scène lui va si bien…
Il enchaîne les titres audacieux. “Kiss Me” ou “Home” qui explorent les thèmes de l’intimité et du besoin de connexion authentique, avec insouciance et dévotion. “Maelys” est une puissante dédicace à une personne chère à Saphire, où on entend se lamenter la guitare de Yann Cadet avec ses riffs langoureux et ses solos aux reverbs venus des étoiles.
Comme un ouragan, c’est assurément “Happy” qui scelle l’enchantement du public porté par les rythmes stellaires de la batterie de Julien Mablouké.
On continue de flotter sur un moment douceur avec “Hérésie”, ballade au piano interprétée en duo avec Anaïs Gars, chanteuse et amie venue prêcher la bonne parole d’un album décidément très séduisant. Cette première partie de soirée enivrante s’achève avec un “Plaything” vraiment explosif de quoi -littéralement – en perdre son micro. Une prestation captivante et immersive, pour préparer parfaitement le terrain pour l’arrivée de The Dizzy Brains tant attendus.
The Dizzy Brains : un ouragan rock sur scène
En deuxième partie de soirée, The Dizzy Brains prend possession de la scène, et de la salle avec une énergie furieuse. Venus après plusieurs années d’absence à la Réunion pour nous présenter les titres de leur quatrième album, « 𝗠𝗮𝘀𝗼 𝗠𝗮𝗵𝗶𝘁𝗮 » (𝗟𝗲𝘀 𝘆𝗲𝘂𝘅 𝗾𝘂𝗶 𝘃𝗼𝗶𝗲𝗻𝘁), le groupe malgache fondé par Eddy et Mahefa Andrianarisoa a rapidement enflammé le Bisik avec leur style garage-rock sans compromis.
Dès le premier titre « Boom« , le public est emporté dans un tourbillon sonore, accompagné de solos de guitare survoltés et engagés de Max Andriambelo et des kicks perçants d’Alban Razanaka à la batterie.
« Très heureux de revenir à La Réunion où le public est assurément le meilleur ! » Eddy, leader vocaliste du groupe, est une bête de scène et ne ménage pas ses efforts pour partager ses convictions. “Il fait chaud chez vous” annonce-t-il entre deux titres volcaniques avant de tomber la chemise : la soirée rock ne fait que commencer !
On vous avait prévenu, enragés et engagés The Dizzy Brains enchainent les titres aux distorsions grasses et aux thèmes pleins de défiance.
Chaque morceau est une vraie tuerie, exprimant avec rage les difficultés rencontrés par la population à Madagascar. À travers ses textes, le groupe dénonce l’inégalité, l’oppression, la corruption, la pauvreté et les limitations posées à la liberté d’expression qui persiste.
Connus pour leurs prestations live très énergiques et puissantes, The Dizzy Brains n’a pas démenti sa réputation et n’a laissé aucun répit, provoquant les cris extatiques de la foule en délire. Une tornade qui sature presque les amplis du Bisik avec des titres comme “Jadona” (Dictature), “Tsimanetsa” et “Bibidia” (Animaux). C’est certain, l’expression de rage à travers le rock est bien présente et s’exprime à travers des cris du cœur maîtrisés et viscéraux. Eddy est clairement the “Man of Situation”.
Pogo endiablé et liberté retrouvée
“Baby Jane” fait grincer et sensibilise le public aux réalités difficiles de Madagascar, abordant la survie des femmes à Madagascar et leur “travail de nuit”, un métier considéré comme un autre mais qui met en lumière les tensions et le désespoir qui règne sur La Grande Île. On pouvait entendre hurler et haleter “Baby Jane !” comme un cri d’effroi…
“Vangy” (Les crocs) souligne le combat que vit chaque Malgache qui se réveille tous les matins avec le ventre vide, mais c’est “Out of the Cage” qui brise les chaînes et invite chacun à ouvrir son esprit, pour être libre, sortir de son quotidien et s’ouvrir à toutes les opportunités, un vrai message d’espoir porté par un Eddy démentiel.
Le concert atteint son paroxysme à partir de « Motherf****r », déclenchant un pogo effréné où la salle entière semble prise d’une frénésie collective, appelant à lever un doigt particulier en l’air 🤘, en signe de rébellion envers une personne qui nous a contrarié “Get my finger up!!”, un signe joyeusement imité par le public, mais aussi par (@) Charlotte Molina de (@) Taba!, elle s’y donne à cœur joie, avouons que c’est son style !
C’est après 15 titres effrénés dont deux rappels, oui deux, que The Dizzy Brains marque avec panache le final de cette soirée folle, entre cris vers le ciel et vers la terre, espoirs et introspections.
Une soirée sensationnelle pour un public passionné, qui chante à tue-tête des “Merci” infinis en direction les artistes pour cette soirée qui restera gravée dans le roc bénédictin.
Le Bisik
Photos : Nicolas Renambatz
La semaine prochaine, le vendredi 15 novembre le Blues Maron Festival fait escale au Bisik pour notre plus grand plaisir et pour celui de tous les amateurs de Blues. Une soirée exceptionnelle en compagnie de Zanfan la Poussière pour l’une de leur toute première scène sur l’Île et une légende vivante du Blues Cajun : Cedric Watson. Un multi-instrumentiste, quatre fois nominé aux Grammy Awards, reconnu pour sa maîtrise du violon, de l’accordéon et du chant à ne manquer sous aucun prétexte !
⚠︎ Cet espace d'échange mis à disposition de nos lectrices et lecteurs ne reflète pas l'avis du média mais ceux des commentateurs. Les commentaires doivent être respectueux des individus et de la loi. Tout commentaire ne respectant pas ceux-ci ne sera pas publié. Consultez nos conditions générales d'utilisation.