A Komidi, il y a bien sûr des « têtes d’affiches nationales », mais aussi de nombreuses pièces locales, dont plusieurs créations. Petit focus sur deux d’entre elles.
«Occident»
Pièce de Rémi De Vos, mise en scène par Isabelle Martinez.
Comédiens : Audrey Levy, Olivier Corista.
Compagnie Un peu beaucoup etc.
Rapide synopsis
La pièce écrite par Rémi De Vos date de 2006 et a été jouée par un certain nombre de troupes, avec un franc succès (programmée notamment dans le cadre du festival d’Avignon). C’est une pièce noire qui voit un couple se déchirer. Lui rentre à peu près tous les soirs ivre à la maison et déverse reproches, insultes. Elle, profite de son état pour l’humilier. C’est un peu de l’« auto-destruction conjugale ». Les comportements sont exacerbés, le langage est violent, la haine de l’autre féroce, mais c’est aussi particulièrement comique.
La Troupe : Un peu beaucoup etc.
C’est la première création de cette jeune compagnie montée par Audrey Lévy en 2022, donc toute jeune compagnie où elle s’occupe de quasiment toute la logistique. La pièce a été jouée pour la première fois le 29 mars 2023 au théâtre Luc-Donat. Depuis, la compagnie tourne de salle en salle, avec donc un passage à Komidi le 2 mai (Gymnase de Vincendo, 19h30). Le texte est savoureux, grinçant, corrosif à souhait, mais aussi plein d’humour. Et la mise en scène d’Isabelle Martinez vaut le détour !
A ne pas manquer !
Dominique Blumberger
Audrey Lévy : «Une écriture très crue, très coup de poing, très brute»
Parallèle Sud : Cette pièce, d’autres troupes l’ont déjà jouée, souvent avec un franc succès, pourquoi cette reprise comme 1ère création ?
Audrey Levy : J’avais envie d’une expérience théâtrale avec un partenaire sur la question du couple, ça me tenait à cœur […] Ce qui m’a attirée avec Occident, c’est cette écriture très crue, très coup de poing, très brute. C’est un sacré défi, j’avais envie de me lancer dans cette aventure.
P.S. : Plusieurs scènes déjà, d’autres en projet ?
A.L. : On a joué à Luc-Donat l’an passé, on a joué aux Avirons (salle Brassens), on va jouer à Komidi, et on a pris des contacts pour jouer dans d’autres salles de l’île sans doute dès l’an prochain dans la région Nord. On veut d’abord faire connaître la pièce.
P.S. : D’autres spectacles en projet ?
A.L. : On sort à peine de création, donc là non. D’autres projets, j’en ai, mais avec d’autres compagnies comme actrice.
P.S. : D’autres informations sur cette pièce ?
A.L. : Ce qui me plaît avec Occident, c’est que ce n’est pas une pièce qu’on a l’habitude de voir. Elle est à la fois drôle dans l’écriture et dans le rythme, dans la façon dont les choses se délitent petit à petit, dans la mise en scène d’Isabelle Martinez, mais elle est aussi très belle. On y aborde cette violence quasi quotidienne qui est un peu partout, qui rentre un peu partout dans notre intimité. Elle montre comment petit à petit on accepte la violence de la société, la violence d’un conjoint, la violence de l’alcool, ce qui explique aussi l’émergence de l’extrême droite. La pièce s’appelle Occident, en rapport avec un groupuscule d’extrême droite très violent des années 60… Notre société au fil du temps laisse à nouveau insidieusement rentrer tout ça. Dans cette pièce, au travers de la vision du couple, on est en plein là-dedans. »
Propos recueillis par D.B.
«Vulvcanik»
Pièce d’Aurélie Hoffmann, mise en scène par Frédéric Fort.
Comédiens : Aurélie Hoffmann et Aurore Cueff.
Compagnie Ailes Koz
Rapide synopsis
Hedonia et Aphrodite sont deux conférencières de renom. Elles se disent vulvacanologues et proposent une conférence gesticulée, dont le sujet est : « Comment rendre heureuses nos vulves ». Epilation ou pas, clitoris, point G, ménopause, consentement, cycles féminins, plaisir bien sûr, tout est abordé sans tabous, souvent sur des bases scientifiques solides et non contestables, dans une bonne humeur parfois débordante. L’objectif est d’amener à s’interroger sur certains « oukases » qui s’exercent sur le corps et la sexualité des femmes. Bien sûr, c’est parfois un peu « osé », mais comme elles l’écrivent « explicite, mais pas vulgaire ».
Décor étonnant, actrices « touche à tout »
Cette pièce est très récente. Elle a été jouée pour la première fois à la Cité des Arts mi-septembre 2023. En fond de scène, composé de morceaux de tissus géants, un modèle anatomique de vulve original appelé Scarlette. A l’avant, de chaque côté de la scène, un pupitre et un panneau d’information. Les deux conférencières peuvent alors « se laisser aller », laissent tomber le côté « professoral » de la conférence, et proposent des saynètes faites de performances circassiennes (avec les tissus) en y ajoutant des chansons. C’est drôle, parfois délirant !
Dominique Blumberger
Aurélie Hoffmann: «Une conférence féministe militante»
Parallèle Sud : Le thème choisi pourrait avoir de quoi choquer, mais vous en avez fait un spectacle drôle et « aérien ». D’où est venue l’idée de ce spectacle ?
Aurélie Hoffmann : Nous voulions écrire un spectacle ensemble avec Aurore (l’autre comédienne). Au départ, j’avais griffonné un croquis d’installation aérienne avec un tissu et au centre un hamac. Lorsqu’elle a vu le croquis, elle m’a dit : «Tu sais à quoi ça ressemble ?» «Une vulve bien entendu !» … et le spectacle est parti de là.
J’avais déjà eu l’occasion de jouer les monologues du vagin et je me définis comme une féministe. Aurore à travers son tour de chant Mademoiselle Rouge parle d’érotisme, d’amour et de sexualité. L’idée d’un spectacle sur la vulve ne nous faisait pas peur !
P.S. : Le texte est parfois un peu « cru », mais jamais vulgaire. J’imagine qu’il vous a fallu du temps pour écrire le scénario ?
A.H : J’ai écrit le texte en quelques mois. Les chansons y étaient dès le début très présentes. La pièce a ensuite beaucoup évolué au gré de nos résidences de création, notamment en travaillant avec notre metteur en scène, Fred Fort. On y a rajouté des saynètes de théâtre sur une base de texte qui était avant tout une conférence féministe militante.
P.S. : Les saynètes, ces jeux circassiens, les chansons, vous avez une palette de talents !
A.H. : On est deux alors c’est plus facile ! Aurore est chanteuse, je suis plus arts du cirque, ensemble on a créé une pièce de théâtre, mi-conférence engagée, mi-aérienne et avec une base musicale !
P.S. : Le décor, certes évocateur, est plutôt original, vous aviez sans doute d’autres idées de décor, pourquoi celui-ci ?
A.H. : Tout est parti de ce décor justement. La figuration de cette vulve géante est devenue un prétexte pour parler des femmes, de leurs corps, de leur sexualité et de ce que la société leur impose en la matière.
P.S. : Des dates, des projets notamment dans l’Hexagone ? Un autre spectacle en cours d’écriture ?
A.H. : Nous réalisons cette année, une tournée dans le cadre du dispositif Guetali en partenariat avec La Région Réunion. Cela nous donne l’occasion de jouer dans des lycées, des établissements spécialisés, des tiers lieux. Puis, on souhaite organiser une tournée en métropole à l’été 2025… On nous a aussi parlé d’un festival de la vulve au Québec.
Et pourquoi pas un Vulvcanik 2 … En écrivant la pièce on a eu beaucoup de nouvelles idées, mais on s’est dit : « À un moment donné il faut savoir s’arrêter !»
Propos recueillis par D.B.
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Komidi
Le festival komidi à La Réunion (974). Des pièces originales locales et nationales à Komidi.
C’est ça Komidi
Un univers à part dans le paysage réunionnais.
