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[Transports] Le train mauricien gagnant sur toute la ligne

LU DANS TÉMOIGNAGES

L’alternative au tout-automobile pour relier les grands centres urbains existe à 200 kilomètres de La Réunion. Un article de Manuel Marchal de Témoignages.

La France vit une situation exceptionnelle en raison de grèves causées par les surprofits des compagnies pétrolières : de nombreuses stations-service sont à sec. A La Réunion, cette situation est moins rare, compte tenu de la dépendance au tout-automobile et du poids de certaines corporations de ce lobby. Or, Maurice, le pays le plus proche de La Réunion, montre qu’une alternative est possible pour relier les plus grandes villes du pays. Grâce au train Metro Express, les Mauriciens sont gagnants sur toute la ligne.

En France, la course aux profits des actionnaires des compagnies pétrolières est à l’origine de pénuries dans de nombreuses stations-services. Les travailleurs de Total et d’Exxon Mobil ont été contraints de faire grève pour tenter d’obtenir une augmentation de leurs salaires. Ces travailleurs sont en effet ceux qui permettent à ces sociétés d’enregistrer d’importants profits qui bénéficient aux actionnaires plutôt qu’aux salaires et aux conditions de travail.
En conséquence, des mesures de restrictions sont mises en place par l’État pour empêcher toutes les stations d’être à sec en France. Selon la ministre de la Transition écologique, près de 30 % des stations-service y sont en rupture d’au moins un carburant. Les queues devant les stations-service se généralisent en France.

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train-metro-express à l’île Maurice.

A La Réunion, pareille situation se produit plus souvent qu’en France. Il suffit par exemple que des transporteurs menacent de bloquer pour entraîner un rush sur les carburants, avec d’importants embouteillages à la clé. Car à la différence de la France, il n’existe pas d’autre alternative à La Réunion que les véhicules fonctionnant avec des carburants importés pour se déplacer entre les villes. Compte tenu de leurs prix, les voitures électriques ne sont guère accessibles. Ces ruées vers les stations-service sont la conséquence d’une politique : la domination du tout-automobile. Tant que cette situation perdurera, La Réunion sera exposée à ce phénomène.

Combien coûte le tout-automobile à La Réunion ?

Maurice, le pays le plus proche de La Réunion, démontre quotidiennement qu’une alternative à ce système existe pour le transport interurbain, c’est le train. Depuis dimanche, le réseau ferroviaire y a été étendu à 40 kilomètres. Désormais, les plus grandes villes sont reliées par des trains de 350 places, circulant toutes les 10 minutes, au prix de moins d’un euro par trajet pour faire 40 kilomètres. D’ici la fin de l’année, l’Université et la Cybercity seront connectées à ce réseau ferré.

Ce moyen de transport moderne, pas cher, écologique et rapide est un investissement de moins de 500 millions d’euros. Son coût d’entretien sera également inférieur à celui d’un réseau de bus, car un train de 350 places peut circuler pendant plusieurs dizaines d’années. Une rame représente la capacité de plusieurs bus qui devront être renouvelés plusieurs fois pendant la durée de vie d’un train, avec au bas-mot une facture de 200000 euros par véhicule à changer.
Quant à l’économie faite sur le maintien du tout-automobile, il sera très pertinent d’effectuer une étude pour évaluer ne serait-ce que le coût de la pollution, des pertes de temps et des achats de véhicules et de carburants importés nécessaires pour relier les grandes villes de La Réunion. 500 millions d’euros ne sont-ils pas dépensés en moins d’une année ?

Train réalité à Maurice, bien avancé à Madagascar, et à La Réunion ?

Maurice ne peut compter sur des transferts publics en provenance de la France et de l’Europe équivalents à ceux qui bénéficient à La Réunion. Madagascar non plus, et pourtant là-bas un projet de train est bien avancé. Les wagons ont déjà été débarqués, et une première ligne de 12 kilomètres est prévue pour décongestionner les rues embouteillées d’Antananarivo.
Mais dans notre île, le tout-automobile ponctionne sévèrement les transferts publics venant de France et d’Europe. Pour rattraper l’erreur de Didier Robert lancer un chantier pharaonique sans avoir les matériaux disponibles pour le terminer, la Région est contrainte à un important investissement afin de terminer la nouvelle route du littoral. 800 millions d’euros sont nécessaires, la moitié sera financée par l’État. C’est la condition pour sécuriser la liaison entre Saint-Denis et l’Ouest de La Réunion. Rappelons qu’en 2010, la précédente majorité régionale a affecté à ce projet de route en mer l’argent obtenu en 2007 de la France et de l’Europe pour reconstruire le train à La Réunion.

L’occasion pour Paris et Bruxelles de concrétiser en actes leurs paroles

Pourtant, la construction d’une ligne entre Saint-Benoît et Saint-Denis apparaît chaque jour plus urgente. Tous les matins, ce sont plus de 15 kilomètres d’embouteillages pour entrer côté Est de la capitale. Une autre ligne entre Le Port et Saint-Pierre soulagera les usagers piégés tous les matins dans le bouchon de la Route des Tamarins. Le tronçon entre Le Port et Saint-Denis pourra alors être assuré via une desserte à haute fréquence par des bus devenus surnuméraires dans l’Est, l’Ouest et le Sud, en attendant le percement d’un nouveau tunnel sous le massif de la Montagne.
Les communautés d’agglomération concernées ne pourraient-elles pas proposer un projet commun pour ces deux lignes ferroviaires afin de solliciter un co-financement de l’État et de l’Europe ? A l’heure ou Paris et Bruxelles ne cessent de parler de transition écologique et de sobriété énergétique, la France et l’UE auraient là une occasion de mettre en accord leurs paroles avec des actes concrets au profit de plusieurs centaines de milliers de Réunionnais.

Manuel Marchal

Quotidien en ligne diffusé en presse-papier jusqu’en 2013 fondée en 1944 par le docteur Raymond Vergès

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