LIBRE EXPRESSION
Originaire de Guadeloupe, j’ai quitté Paris où je travaillais en tant que policier national pour étudier en Australie. Mais, sur place j’ai été confronté a la discrimination et au racisme systémique. Mon expérience atypique soulève la question de savoir si, en termes d’émigration, les ultramarins disposent des mêmes traitements que les Français de l’hexagone. En effet, jamais dans l’histoire de l’émigration un Français (issue de la minorité) qui a travaille pour la police nationale et détenteur d’un diplôme universitaire n’a été exclu de la citoyenneté d’un pays a cause de discrimination et racisme systémique.
Pendant plus de 6 ans en Australie, mes droits fondamentaux n’ont jamais été respectés.
Je reproduis ci-dessous ma propre interview que Salaura Didon a publiée dans le média Karibbean Newsweek… (l’article avec les pièces jointes prouvant mes propos)
Gabriel
[Enquête] Gabriel, un guadeloupéen victime de discrimination et de racisme systémique en Australie : « Le préjudice s’élève à plus de 100 000euros »
Originaire de la Guadeloupe, Gabriel (son prénom a été modifié), un ancien étudiant international en Australie a contacté K@ribbean Newsweek par mail le samedi 28 août 2021 pour expliquer son expérience négative dans ce pays et les difficultés en tant qu’homme noir. Nous avons commencé à échanger avec lui à partir de la fin octobre 2021. Il raconte et décrit cinq cas : le concessionnaire automobile, l’avocat, la compagnie de location de voiture, la police et l’école où il effectuait une formation de deux ans dans la petite enfance. Retrouvez un résumé en anglais de son histoire sur sa page Facebook, son compte Instagram et Twitter Australian Wrongdoing.
Qui êtes-vous ?
Je suis un Guadeloupéen de 42 ans. Avant mon départ pour l’Australie, je travaillais à Paris en tant que brigadier dans la police nationale.
Qu’est-ce qui vous a amené à vivre et étudier en Australie ?
Comme beaucoup de Français, j’avais envie de changement, voir autre chose et surtout améliorer mon anglais dans un pays où je ne connaissais personne. C’est ainsi qu’en janvier 2016, j’ai décidé de m’envoler vers Perth (Australie), dans le but d’obtenir la résidence permanente.
Mais, deux ans après votre arrivée, vous avez été confrontés à de sérieux problèmes. Pouvez-vous nous expliquer votre expérience en Australie en tant qu’étudiant international ? Décrire les cinq cas (dates, lieux, protagonistes).
En tant qu’étudiant international, je ne peux travailler que 20 heures par semaine, pendant les semestres d’études et, à temps plein, pendant les vacances scolaires. De plus, il faut inclure des frais pour la couverture santé, le logement, la nourriture, la scolarité, etc. Enfin, le coût de la vie est très élevé.
Pour obtenir la résidence permanente, je devais étudier dans un des domaines d’activité dont l’Australie a besoin, avoir 3 ans d’expérience professionnelle, trouver une entreprise pour me sponsoriser dans le but de solliciter la résidence permanente et ce, avant 45 ans.
Cependant, dès 2018, j’ai rencontré de nombreuses difficultés, que je vais vous relater.
Première affaire
Fin janvier 2018, j’ai acheté un véhicule à 6900 euros (AUD 11 000) avec 5 ans de garantie, chez le concessionnaire automobile Car Giant WA à Jandakot, dans le but d’entreprendre mon activité de moniteur auto-école. Cependant, quinze jours après l’achat, celui-ci présentait de nombreuses anomalies (perte de vitesse, voyant lumineux du filtre à particules, etc…).
J’ai immédiatement informé le concessionnaire. Ainsi, dès le 15 février 2018, les mécaniciens du concessionnaire automobile me disaient qu’ils ne parvenaient pas à trouver l’origine du problème même si, à de nombreuses reprises, je me suis rendu à leur garage. De plus, le concessionnaire automobile a fait plus de 1260 euros (AUD 2000) de réparations sur mon véhicule, sans pouvoir identifier le problème. Ceci, apportant la preuve que le véhicule qui m’a été vendu était en très mauvais état.
Quelques mois plus tard, j’ai trouvé dans la boîte à gants de mon véhicule, deux factures du précédent propriétaire, démontrant que celui-ci était défectueux depuis 2017. Sur l’une d’elles est mentionnée que « si le problème avec le filtre à particules réapparaît, la pièce doit être remplacée. » La deuxième facture concerne une inspection complète du véhicule, qui fait apparaître un ensemble d’anomalies.
J’ai porté cette information à la connaissance du concessionnaire, qui m’a dit que cela ne concernait plus le précédent propriétaire, mais qu’il allait régler ce problème. Désirant commencer mon activité, j’ai demandé au concessionnaire s’il pouvait me rembourser ou me donner une nouvelle voiture, mais celui-ci a refusé.
Afin de trouver une solution rapide à mon problème, j’ai contacté la protection des consommateurs (en charge de la conciliation), qui m’a répondu ne pas pouvoir obliger le concessionnaire automobile à réparer le véhicule, si celui-ci ne le souhaitait pas. Cependant, la protection des consommateurs m’a fait savoir que le concessionnaire automobile était prêt à réparer le véhicule, si je trouvais l’origine du problème.
Ainsi, le 24 mai 2018, un mécanicien indépendant a trouvé que le filtre à particules et l’embrayage étaient défectueux. J’ai immédiatement informé le concessionnaire, qui a refusé toute réparation. Quelques jours plus tard, j’ai demandé au concessionnaire automobile de me fournir les documents relatifs aux réparations effectuées sur mon véhicule. Avec stupéfaction, je me suis rendu compte que dès le 15 février 2018, les mécaniciens du concessionnaire automobile avaient déjà identifié le problème avec le filtre à particules. Le 30 mai 2018, un autre mécanicien indépendant a effectué une inspection complète de mon véhicule et a relevé les mêmes anomalies, que celles identifiées par le mécanicien du précédent propriétaire, en août 2017.
Deuxième affaire
Le concessionnaire automobile refusant de me rembourser, j’ai fait appel à un avocat français travaillant pour le cabinet Cullen MacLeod, à Nedlands. Dès le 08 juin 2018, l’avocat m’a envoyé un mail, dans lequel il a mentionné que mes preuves étaient incontestables.
Dans le but de régler cette affaire à l’amiable, mon avocat a envoyé un courrier au concessionnaire automobile qui a refusé tout compromis. Par la suite, mon avocat m’a dit que nous n’avions pas d’autre choix que d’aller au tribunal.
Cependant, le 03 janvier 2019, alors que je devais donner à mon avocat, les 380 euros (AUD 600) restants sur un total de 5000 euros (AUD 8000), celui-ci m’a adressé un mail, m’informant que « mon affaire est juridiquement compliquée » et ce, sans plus d’explication.
Le 15 janvier 2019, j’ai contacté Legal Profession Complaints Committee, qui m’a avisé qu’il n’enquêtait que sur les questions de conduite et non de négligence. En examinant les factures que m’a transmises mon avocat, Legal Profession Complaints Committee a constaté que celui-ci m’avait surfacturé. Autrement dit, lors de mon dernier paiement, mon avocat aurait dû envoyer mes conclusions au tribunal, ce qu’il n’a pas fait.
La somme que je devais récupérer de mon avocat étant inférieure à 6328 euros (AUD 10 000), aucune obligation pour moi, de me faire assister d’un avocat. Ainsi, préalablement à l’audience, qui devait avoir lieu au tribunal de Fremantle, j’ai sollicité un interprète français. Cependant, le 27 janvier 2021, arrivé seul à l’audience, il n’y avait pas d’interprète. Le juge n’a pas voulu reporter l’audience. Il n’a pas examiné les preuves que j’avais contre mon ancien avocat et contre le concessionnaire automobile. Il a rejeté mon appel, me faisant ainsi perdre plus de 3797 euros (AUD 6000).
Le 09 mai 2021, j’ai déposé une plainte à Human Rights, contre le juge qui a nié mon droit à un interprète. Le 28 mai 2021, Human Rights a accepté ma plainte. Cependant, le 06 décembre 2021, j’ai reçu un courrier de Human Rights mentionnant : « c’est un principe de droit commun, selon lequel lorsqu’ils examinent des questions et prennent des décisions devant les tribunaux ou lorsqu’ils exercent leurs fonctions ou capacités judiciaires, les huissiers de justice, tels que les juges et les magistrats, sont protégés (ou jouissent de l’immunité) des poursuites civiles à leur encontre. La jurisprudence soutient que cette immunité s’étend à tout ce qu’un magistrat fait, dans l’exercice de son autorité large et générale, pour entendre et juger les affaires. La jurisprudence soutient également, que l’immunité judiciaire, comprend l’immunité contre les allégations de discrimination illégale, en vertu de la RDA. »
Troisième affaire
Elle concerne la compagnie de location de véhicule Northside Rentals à Welshpool. Je suis chauffeur indépendant et en octobre 2018, j’ai signé un contrat avec cette compagnie pour un forfait de kilométrage illimité. Tout se passait pour le mieux jusqu’en novembre 2019, lorsque j’ai eu un accident matériel de la route en présence de mon client. J’ai rempli le rapport de police et transmis l’ensemble des documents à Northside Rentals.
Le jour suivant, je me suis rendu chez Northside Rentals, afin de récupérer un nouveau véhicule. Ils m’ont informé que je devais payer les frais de location pour celui-ci. J’étais très surpris, car je n’étais pas à l’origine de l’accident. La compagnie de location a argumenté que si je voulais travailler, c’était la seule solution. En tant qu’étudiant international, je n’avais pas d’autres choix que de payer. De surcroît, j’ai payé la somme de 633 euros (AUD 1000) de franchise. J’ai donc signé un nouveau contrat, mentionnant le numéro d’extension 625. Ce numéro indique que j’étais toujours rattaché à mon précédent contrat, car je n’ai pas causé l’accident.
Quelques mois plus tard, la franchise m’a été intégralement restituée. Faisant suite à ce remboursement, j’ai demandé à Northside Rentals l’acquittement des frais que j’ai payé pour le véhicule. Là, ils m’ont informé que le véhicule que je conduisais avait été totalement détruit et que je devais me retourner directement contre la compagnie d’assurance du chauffeur ayant causé l’accident. Mais cette dernière m’a fait savoir que c’était de la responsabilité de Northside Rentals de régler cette affaire avec eux, puisque je n’étais pas le propriétaire du véhicule. Par la suite, le manager de Northside Rentals m’a conseillé d’engager des poursuites judiciaires contre le chauffeur responsable de l’accident.
En 2020, la COVID-19 est arrivée et mes revenus ont considérablement diminué. J’ai alors demandé à Northside Rentals si je pouvais bénéficier d’une réduction des frais de location, mais ils ont catégoriquement refusé. Le manager de Northside Rentals m’a dit que si je ne pouvais pas payer le véhicule, je devais le lui retourner. Cependant, Northside Rentals a offert 50% de réduction à d’autres chauffeurs indépendants.
Le 25 mars 2021, Northside Rentals a effectué la maintenance de mon véhicule. Puis, après celle-ci, ils ont refusé de me le remettre. Le manager m’a dit avoir pris cette décision, à cause de mon « ton abusif. » Quelques heures plus tard, le manager de Northside Rentals m’a adressé un mail avec un avis d’exclusion. Sur celui-ci, était mentionné que j’avais un « comportement abusif et menaçant » envers leur personnel. De plus, la mention « sans préjudice » était également indiquée, dans le but que je n’utilise pas leur mail contre eux, au tribunal. Toutefois, la loi stipule clairement que la mention « sans préjudice » ne peut être utilisée, que dans le cadre d’une procédure de conciliation, ce qui n’était pas le cas.
Le 30 mars 2021, j’ai contacté Small Business Development Corporation, afin de trouver une issue rapide au litige, m’opposant à Northside Rentals. Le 1er avril 2021, soit 7 jours après avoir reçu l’avis d’exclusion, le manager de Northside Rentals m’a adressé un mail, dans lequel il m’informait avoir mis fin à mon contrat, le 25 mars 2021, car je n’avais pas respecté les termes de celui-ci. Bien entendu, le 25 mars 2021, Northside Rentals ne m’a adressé qu’un avis d’exclusion. Ce qui démontre que c’est en toute illégalité que Northside Rentals a mis fin à notre contrat. Malgré les nombreuses tentatives (mails/appels/messages vocaux) de Small Business Development Corporation, pour obtenir une réponse de Northside Rentals, ce dernière n’a pas donné suite. A cause de cet incident, je n’ai pas pu travailler pendant deux mois.
Actuellement, je loue un véhicule avec une autre compagnie, dont le coût est beaucoup plus élevé.
Quatrième affaire
La nuit du 06 septembre 2020, alors que je travaillais en tant que chauffeur indépendant, il y avait un groupe de policiers municipaux de la ville de Fremantle, qui étaient sur le trottoir. L’un d’eux (policier A) a dirigé le faisceau de sa torche vers mon visage. J’ai attendu qu’il s’avance vers moi, pour lui expliquer la raison de mon arrêt. Mais avant même de pouvoir lui expliquer, il est venu vers moi, très énervé, en me criant « est-ce que vous n’avez pas compris que je vous ai demandé de dégager ? ». Immédiatement, je lui ai fait savoir que j’étais chauffeur et je lui ai désigné mes clients. Néanmoins, il m’a répondu qu’il s’en fichait.
Je lui ai répondu « d’accord, dans ce cas, je m’en vais ». Mais, le policier (A) m’a répondu « non, restez où vous êtes, ne bougez pas et donnez-moi votre permis de conduire. » Ce que j’ai fait. Toujours aussi énervé, il a pris une photo de mon permis de conduire et il m’a dit que j’allais recevoir une amende à mon domicile et ce, sans me fournir la moindre explication. Pour calmer la situation, je lui ai dit qu’en France, j’étais dans la police. Autrement dit, je respecte la loi. Il m’a répondu « très bien », puis il est parti.
J’ai garé mon véhicule sur le trottoir et je me suis rapproché de lui, afin de lui demander la raison pour laquelle j’allais recevoir une amende à mon domicile. Il m’a rétorqué que c’était pour la ligne jaune. Je lui ai fait savoir que j’étais un étudiant international et que je travaillais très dur. Mais, il m’a répondu que si je voulais me plaindre, je devais aller au tribunal.
C’est une rue commerçante où il y a des discothèques, restaurants, pubs. Les chauffeurs indépendants et taxis, n’ont pas d’autres choix que de s’arrêter sur la ligne jaune ou sur le trottoir pour récupérer leurs clients.
De plus, mes clients ont pris ma défense, en expliquant à un autre policier (B) que ce qu’ils faisaient n’était pas correct, parce qu’ils m’avaient commandé il y a quelques minutes et qu’ils ne comprenaient pas pourquoi ils voulaient me créer des problèmes. Mais le policier (B) est venu vers moi et m’a demandé ce que je voulais. Je lui ai dit que j’ai oublié de demander son matricule au policier (A). Et là, le policier (B) m’a poussé à de nombreuses reprises et m’a dit de dégager. Je lui ai demandé d’arrêter de me pousser et lui ai fait savoir que ce qu’il faisait était incorrect. Il a activé sa caméra corporelle et a continué à me pousser. Heureusement pour moi, sa collègue policière (C) est venue, mettant fin à l’agression. Elle m’a demandé ce que je voulais. Je lui ai répondu que je voulais uniquement obtenir le matricule de son collègue. Elle m’a dit que je pouvais le prendre et de m’en aller. Lors de cet incident, j’ai eu très peur pour mon intégrité physique.
Un mois plus tard, j’ai reçu à mon domicile un document du tribunal de Fremantle, m’informant qu’une procédure avait été engagée contre moi, pour des charges criminelles. Le policier (A) à l’origine de la procédure, a mentionné que j’ai refusé de déplacer mon véhicule, lorsqu’il m’a sommé de quitter mon stationnement le long de la ligne jaune. Puis, alors qu’il m’a demandé de quitter mon stationnement sur le trottoir, je lui ai répondu que j’étais policier en France.
Cependant, le policier (A) a omis de mentionner que j’étais chauffeur indépendant, que j’étais en train de travailler, que mes clients sont arrivés en même temps que lui, que ceux-ci ont pris ma défense et que, ce jour-là, tous les chauffeurs indépendants et taxis, se sont arrêtés le long de la ligne jaune ou sur le trottoir. Enfin, il n’a pas mentionné que son collègue m’a agressé.
Le 29 janvier 2021, j’ai payé la somme de 60,41 euros (AUD 95,48) à la ville de Fremantle, pour pouvoir obtenir l’enregistrement vidéo des caméras de surveillance, ainsi que le rapport d’incident. Quelques semaines plus tard, j’ai reçu de leur part l’enregistrement vidéo, dont une partie avait été supprimée. De plus, ceux-ci ont refusé de me transmettre le rapport d’incident. Sans succès, j’ai adressé plus de vingt mails aux policiers de Fremantle et à d’autres organismes, afin d’obtenir l’enregistrement des caméras de surveillance, le rapport d’incident et l’enregistrement de la caméra corporelle du policier (B) m’ayant agressé. Le 22 mars 2021, j’ai également sollicité l’assistance du Consulat de France, afin d’obtenir ces pièces, mais il m’a été répondu de consulter un avocat. Enfin, le 23 mars 2021, j’ai payé la somme de 19 euros (AUD 30) à Freedom of Information (FOI) pour obtenir ces pièces mais, à ce jour, je n’ai rien reçu.
Le 22 avril 2021, je me suis rendu au tribunal de Fremantle, dans le but de demander au juge le report de l’audience, puisque je ne disposais pas des pièces nécessaires pour assurer ma défense. Mais, à ma grande surprise, le juge m’a fait savoir qu’il abandonnait les charges criminelles contre moi, parce que je n’avais pas d’avocat. Pourtant, c’était le même qui, quelques mois plus tôt, avait rejeté mon appel contre mon ancien avocat, sans la présence de l’interprète que j’avais sollicité.
Le 19 mars 2021, j’ai déposé une plainte contre les policiers, pour brutalité et fausse déclaration. Or, le 06 mai 2021, Corruption and Crime Commission (organisme de contrôle des policiers) a rejeté ma plainte, en mentionnant que « la commission n’a pas été en mesure de révéler un soupçon avéré, de faute grave, parce que les enquêtes de la commission n’ont pu identifier la moindre information corroborant les allégations. » Enfin, il est important de noter qu’aucune information n’a été apportée concernant la fausse déclaration faite par le policier.
Cinquième affaire
Je poursuivais des études dans la petite enfance, au sein d’Australian Learning Group (ALG) à Perth College Subiaco (2018-2020), où j’ai été victime de harcèlement et de discrimination raciale.
Le diplôme de petite enfance se prépare en deux ans (le certificat et le diploma). Lors de mon certificat, j’ai eu une période de stage durant laquelle mes camarades et moi avons eu une mauvaise expérience. Nous avons rapporté la situation à ALG Perth College, qui a supprimé cette crèche de leur liste. Fin 2019, j’ai obtenu mon certificat.
Lors de la deuxième année de cursus, j’ai eu une nouvelle enseignante avec laquelle tout semblait se passer pour le mieux. Nous étions trois hommes dans ma classe : un caucasien, un asiatique et moi. Régulièrement, mon enseignante me félicitait, car je participais davantage que certains de mes camarades.
Ainsi, le 25 mars 2020, soit 1 mois et 10 jours avant le début de mon dernier stage, mon enseignante m’a envoyé un mail m’informant que celui-ci avait été annulé. Puis, le 23 avril 2020, soit 12 jours avant le début de mon stage, mon enseignante m’a envoyé mon formulaire de stage, me notifiant que j’effectuerai mon stage dans la même crèche où j’étais, en 2019. Or, ma nouvelle enseignante ne pouvait ignorer la mauvaise expérience que j’avais eue dans cette crèche, car à de nombreuses reprises, je lui en avais fait part. Ces mails m’ont énormément stressé.
Par la suite, j’ai adressé un mail à mon enseignante, lui faisant part de ma sidération, en apprenant mon lieu de stage. Mais, celle-ci m’a répondu que je devrais m’estimer heureux d’avoir une crèche, car beaucoup d’entre elles, avaient refusé d’accueillir des stagiaires, en raison de la pandémie.
J’ai donc contacté le directeur de la crèche, qui m’a fait remarquer que le formulaire de stage que je lui avais adressé, datait de 2019 et non de 2020. Immédiatement, j’ai informé mon enseignante qui m’a envoyé le nom de mon nouveau lieu de stage : South Lake Early Learning Centre (anciennement South Lake Child Care Centre).
Pourtant, il était impossible pour mon enseignante d’être en possession de ce formulaire de stage car, en 2019, celle-ci n’était pas mon enseignante. Elle a donc récupéré ce formulaire dans la messagerie électronique d’ALG Perth College et ce, dans le seul but de me harceler et me déstabiliser, avant le début de mon stage.
Le 03 mai 2020, notre enseignante a convié quelques étudiants, à une réunion en visioconférence, pour discuter du stage. J’étais en retard, car j’avais des difficultés à me connecter. Une fois en ligne, notre enseignante nous a dit qu’elle nous enverrait une copie de l’enregistrement vidéo de cette réunion.
Le 05 mai 2020, arrivé sur mon lieu de stage, l’accueil fut chaleureux, mais rapidement, lorsque j’ai demandé des informations à mon superviseur, manager et enseignante, travaillant dans la crèche, ceux-ci m’ont répondu que je devais me débrouiller seul. Cette réponse m’a particulièrement interloqué, puisque j’ai demandé des informations sur le règlement intérieur, l’enfant en situation de handicap, le questionnaire à transmettre aux parents, etc…
Durant mon stage, je devais effectuer quelques activités avec un enfant en situation de handicap. Ainsi, à trois reprises, j’ai demandé à mon superviseur s’il y en avait un dans la crèche. Celle-ci m’a répondu qu’il n’y en avait pas et que je devais prendre contact avec mon enseignante, à ce sujet. J’ai contacté mon enseignante qui m’a renvoyé vers mon superviseur.
Ainsi, le 1er juin 2020, j’ai fait savoir à mon enseignante mon intention de mettre fin à mon stage. Etonnamment, elle ne m’a pas demandé les raisons, mais m’a uniquement répondu « quoi ». Le 09 juin 2020, j’ai sollicité une rencontre avec mon enseignante, qui a décidé de s’entretenir avec moi en présence du directeur d’Australian Learning Group Perth College. Lorsque je lui ai exposé les difficultés que je rencontrais sur mon lieu de stage, sa toute première réponse a été de me dire « que je n’avais aucune preuve de ce que je lui racontais ». Elle m’a fait savoir qu’elle avait trois licences, dont une en psychologie.
Je lui ai demandé si elle pouvait prendre contact avec le précédent stagiaire ou si elle pouvait me communiquer ses coordonnées, afin de savoir comment il avait pu effectuer son stage, sans enfant en situation de handicap. Mais, mon enseignante m’a répondu que c’était des informations personnelles. Je lui ai fait part de ma stupéfaction, quant à la manière dont mes stages de 2019 et 2020 se sont déroulés. Mais, elle m’a répondu que le problème viendrait certainement de moi. Je lui ai rappelé, qu’en 2019, tous les stagiaires se sont plaints de cette crèche et que, par conséquent, le problème ne pouvait pas venir de moi.
De plus, je lui ai dit que j’étais extrêmement fatigué, stressé et que cette situation m’avait mis en retard. En conséquence de quoi, j’ai sollicité un délai supplémentaire pour finir mon stage mais, mon enseignante a refusé, en me disant que si je ne finissais pas dans les délais, je devrais payer un nouveau trimestre.
J’étais très contrarié par ses propos méprisants, humiliants. Sans succès, j’ai tout tenté pour lui faire comprendre ce que je vivais sur mon lieu de stage et trouver une solution aux problèmes rencontrés dans ma crèche, etc…
Avant de mettre fin à notre rencontre, mon enseignante m’a demandé de retourner dans ma crèche et m’a dit qu’elle m’en trouverait une autre, avec un enfant en situation de handicap. De plus, le directeur d’ALG Perth College n’est jamais intervenu, pour mettre fin aux humiliations que je subissais. A la suite de notre rencontre, j’étais dévasté, stressé par la façon dont mon enseignante s’était adressée à moi, mais surtout à l’idée d’aller dans une autre crèche, avec un personnel avec lequel je n’avais jamais travaillé.
Le 10 juin 2020, j’ai regagné ma crèche, où j’ai demandé à un éducateur s’il y avait un enfant en situation de handicap. Celui-ci semblait très surpris par ma question et m’a confirmé qu’il y avait bien un. L’éducateur m’a présenté au père de cet enfant. Mais, au moment où je voulais expliquer à celui-ci ce que j’allais faire avec son enfant, il m’a interrompu, me disant que le précédent stagiaire s’en était occupé.
Cela a provoqué chez moi un stress aigu, des crises de panique, car la veille, mon enseignante m’avait dit qu’elle allait me trouver une autre crèche où il y a un enfant en situation de handicap. Quelques jours plus tard, j’ai adressé une lettre à la directrice de la crèche et à mon enseignante, pour leur expliquer les raisons de mon départ. Cependant, je n’ai reçu aucune réponse de leur part.
Le 15 juillet 2020, j’ai soumis une plainte à Australian Learning Group (ALG) contre mon enseignante, pour harcèlement et discrimination raciale. Je n’ai fourni aucun élément de preuve pour étayer ma plainte. Le 14 août 2020, le directeur d’ALG Perth College a rejeté ma plainte.
Le 1er septembre 2020, j’ai soumis un appel interne au Directeur général d’Australian Learning Group (ALG), auquel j’ai joint l’enregistrement vidéo, mails et documents. Le 25 septembre 2020, le directeur d’ALG Perth College a, une nouvelle fois, rejeté mon appel interne.
Pourtant, le règlement intérieur d’Australian Learning Group (ALG) stipule clairement que « tout étudiant a droit à une procédure de plainte et d’appel, juste et indépendante ». Or, dans mon cas, le directeur d’ALG Perth College était juge et partie.
Le 03 août 2020, j’ai soumis une demande pour différer mon trimestre, suite au stress causé par le harcèlement et la discrimination raciale dont j’ai été victime. Le 17 septembre 2020, ma demande a été approuvée par l’admission d’Australian Learning Group. J’étais ravi de cette décision, car enfin ALG reconnaissait ce que j’avais subi.
J’ai fait remarquer au directeur d’ALG Perth College que ses décisions de rejeter ma plainte et mon appel interne étaient en totale contradiction avec la décision de l’admission d’ALG, qui a approuvé ma demande d’ajournement. Ainsi, comment expliquer que le directeur d’ALG Perth College n’a pas reconnu la cause de mon stress aigu, à l’origine de mon départ de la crèche, mais que l’admission d’ALG a reconnu la conséquence.
Le 4 novembre 2020, j’ai reçu un document falsifié d’ALG Perth College. En effet, la personne ayant signé le document du 17 septembre 2020 et s’identifiant comme faisant partie de l’admission d’ALG, était désormais de Perth College.
Le 15 novembre 2020, j’ai adressé au Directeur général d’Australian Learning Group une demande de remboursement des frais de scolarité mais, une fois de plus, le directeur d’ALG Perth College l’a rejeté.
Le 13 janvier 2021, Australian Learning Group m’a adressé un mail m’informant m’avoir trouvé un nouveau lieu de stage. Ainsi, comment expliquer cette offre alors que le directeur d’ALG Perth College a toujours nié les faits de harcèlement et discrimination raciale. Toutefois, je devais payer 2264 euros (AUD 3580) pour refaire la période de stage.
Enfin, dans le but de trouver une solution rapide, j’ai contacté Human Rights, connu dans le monde entier, comme le grand défenseur des Droits de l’homme.
Pouvez-vous expliquer vos démarches auprès de Human Rights ?
Le 29 septembre 2020, j’ai déposé une plainte à Human Rights à l’encontre d’Australian Learning Group, pour harcèlement et discrimination raciale. Ils m’ont posé des questions complémentaires, avant de prendre leur décision. De plus, ils auraient pu refuser ma plainte, s’ils avaient estimé que celle-ci était sans fondement. Cependant, le 16 novembre 2020, Human Rights m’a envoyé un mail m’avisant que ma plainte avait été acceptée. Dans ce email, était également mentionné : « obligation en vertu de la loi d’informer les personnes qui ont fait l’objet d’allégations défavorables à leur encontre. »
En février 2021, j’ai reçu un mail de l’enquêtrice me demandant si je voulais poursuivre ma plainte. Le 23 février 2021, j’ai confirmé mon intention de poursuivre ma plainte à l’encontre de mon enseignante et d’Australian Learning Group.
A plusieurs reprises, j’ai sollicité auprès de l’enquêtrice de Human Rights, la mise en place d’une procédure d’urgence, mais celle-ci n’a jamais daigné me répondre. Pourtant, au regard de ma situation d’étudiant international, elle avait l’obligation de la mettre en place, car le diplôme étant indispensable à l’obtention de la résidence permanente.
Le 7 mai 2021, j’ai reçu la réponse d’Australian Learning Group. Puisque je n’avais pas reçu de réponse de Human Rights concernant les autres parties, j’ai déposé le 8 et 9 mai 2021, trois plaintes à l’encontre de l’enseignante de ALG, South Lake Early Learning Centre (SLELC) et son superviseur. Celles-ci ont également été acceptées, pour harcèlement et discrimination raciale.
Le 18 mai 2021, j’ai eu une conversation téléphonique avec l’enquêtrice de Human Rights. Celle-ci m’a fait savoir que le Président de la commission n’a trouvé aucun élément pouvant justifier mes allégations de harcèlement et de discrimination raciale. Elle m’a également dit qu’Australian Learning Group avait été notifié le 03 mars 2021 (soit plus de 3 mois après l’acceptation de ma plainte par Human Rights). Lorsque je lui ai demandé un écrit, elle a refusé.
Cet appel téléphonique était très surprenant, puisqu’en novembre 2020 et mai 2021, Human Rights a accepté mes plaintes à l’encontre d’Australian Learning Group et des autres parties. A de nombreuses reprises, j’ai fait savoir à l’enquêtrice que je souhaiterais négocier avec l’ensemble des parties, mais je n’ai pas obtenu de réponse.
Le 01 juillet 2021, j’ai reçu un mail de Human Rights mentionnant que « le Délégué du Président a fait une évaluation, sur la base des informations dont elle disposait et considère qu’une conciliation devrait être tentée dans cette affaire ».
Le 02 août 2021, l’enquêtrice de Human Rights m’a adressé l’évaluation préliminaire, concernant ma plainte à l’encontre d’Australian Learning Group. Dans ce courrier, elle m’a informé que ma plainte avait été acceptée uniquement pour discrimination raciale et ce, sans me fournir la moindre explication. Cependant, les mails du 22 avril 2021 reçus de leur part, ne confirment pas leurs allégations.
Le 31 août 2021, j’ai reçu un avis m’informant que Human Rights a mis fin à son enquête contre Australian Learning Group pour les raisons suivantes : « ALG déclare avoir mené une enquête interne détaillée et n’avoir trouvé de preuves substantielles, pour conclure que vous avez été traité injustement ou discriminé, en raison de votre origine raciale. En dehors de vos allégations et affirmations, il semble que la Commission ne dispose d’aucune information pour déterminer qu’ALG et/ou que l’enseignante, vous aient traité de la manière que vous prétendez, basée sur ou en raison de votre race. »
Le 13 octobre 2021, Human Rights m’a adressé l’évaluation préliminaire et la réponse de South Lake Early Learning Centre (SLELC). Ce procédé était inhabituel, car j’aurais dû recevoir la réponse de South Lake Early Learning Centre (SLELC), avec un délai de réponse, avant de recevoir l’évaluation préliminaire de Human Rights. Dans leur courrier, South Lake Early Learning Centre tente de dédouaner leur superviseur en affirmant que celui-ci n’était, en réalité, que le responsable de ma section. Pourtant, ce dernier a bien signé mon livret de stage en tant que superviseur.
Le 02 décembre 2021, Human Rights a terminé son investigation contre South Lake Early Learning Centre (SLELC) et son superviseur, incluant l’enseignante d’Australian Learning Group au motif que : « En dehors de vos allégations et de vos affirmations, il n’y a pas ou pas d’informations suffisantes, permettant à la Commission de soutenir que le centre et/ou superviseur, vous aient traité de la manière décrite, sur la base ou en raison de votre race, couleur et/ou nationalité ou origine ethnique.»
Que pensez-vous de la manière dont Human Rights a mené son enquête ?
Les points suivants démontrent, sans ambiguïté, que l’enquête menée par Human Rights, n’a pas été réalisée en toute impartialité :
- Human Rights a traité cette affaire, comme deux affaires distinctes, au lieu d’une seule et même affaire.
- Malgré mes nombreuses sollicitations, Human Rights a refusé de mettre en place les procédures d’urgence et de conciliation. Or, en tant qu’étudiant international, j’y avais droit.
- Le règlement de Human Rights stipule clairement : « Si vous ne fournissez pas les informations dans les délais ou si vous ne répondez pas du tout, le Président de la Commission a le pouvoir, en vertu de la loi, de vous obliger à fournir les informations. La loi dit également que le Président peut obliger les personnes et les organisations à assister à la conciliation ». Or, j’ai quitté mon stage depuis le 26 juin 2020 et, à ce jour, je n’ai pas reçu les rapports détaillés de mon enseignante et du superviseur, concernant ma plainte pour les faits de harcèlement et discrimination raciale.
- Human Rights a pris 2 mois et 28 jours pour m’envoyer la réponse de SLELC et 2 mois et 1 jour, avant d’informer SLELC de ma plainte et plus d’un an, si l’on considère ma plainte du 29 septembre 2020.
- Le 13 octobre 2021, Human Rights m’a envoyé à la fois l’évaluation préliminaire et la réponse de SLELC. Or, j’aurais dû d’abord recevoir la réponse de SLELC, avec un délai pour y répondre, avant de recevoir leur évaluation préliminaire.
- Human Rights a retiré « le harcèlement » de ma plainte, sans me fournir la moindre explication.
- En dépit des preuves incontestables à l’encontre des personnes concernées, Human Rights a décidé de clore l’enquête, estimant qu’il n’y avait pas suffisamment d’éléments prouvant mes allégations, etc.
- Le 01 juillet 2021, j’ai reçu un mail de Human Rights mentionnant que : « le délégué du Président a fait une évaluation, sur la base des informations dont elle disposait et considère qu’une conciliation devrait être tentée dans cette affaire ». Pourtant, les 31 août et 02 décembre 2021, Human Rights m’a informé avoir terminé ses investigations contre Australian Learning Group et leur enseignante, South Lake Early Learning Centre et leur superviseur estimant qu’il n’y avait pas suffisamment d’éléments pour supporter mes allégations de harcèlement et discrimination raciale.
- Enfin, comment expliquer que le délégué du Président a estimé qu’une procédure de conciliation devrait être mise en place avec South Lake Early Learning Centre et leur superviseur mais pas avec Australian Learning Group et leur enseignante.
Une fois avoir obtenu et visionné l’enregistrement vidéo, que votre enseignante vous a envoyé, quelles sont les informations pertinentes révélées ? Et quelles ont été vos impressions ?
Mon enseignante a placé trois étudiantes caucasiennes dans la même crèche. Elles sont amies et deux d’entre elles parlent espagnol, comme elle.
Dans cette vidéo, l’enseignante déclare :
« Etudiante (A), étant donné que vous êtes dans la même crèche que (B) et (C), vous pouvez travailler ensemble. »
« (…) Même chose. Je vais travailler avec (B) et (C) et je ferai juste un plan et je le soumettrai séparément, sur vos livrets de stage. »
L’étudiante (A) dit à l’enseignante : « Donc, si nous pouvons travailler sur le même plan et ensuite… Est-ce que nous devons réécrire ou… »
L’enseignante lui a répondu : « Non, parce que c’est le même plan, vous devez travailler ensemble. Travaillez simplement ensemble sur le plan. Soumettez simplement le même plan parce que c’est le même enfant. Ce sera la même chose et plus facile pour vous, car vous pourrez aisément effectuer les tâches. »
« (…) Etudiante (A), tu peux t’appuyer sur celle de (B). Elle a fait un très bon travail. J’ai vraiment aimé son travail, alors tu peux prendre celui-là. »
« J’ai vraiment aimé ça et en fait, je l’ai dit dans les commentaires. Il est évident qu’ils (le personnel du centre) travaillent là-bas, parce qu’ils en savaient tellement sur ce qu’ils faisaient et comment le faire. Alors j’aime beaucoup ça. Peut-être que vous pouvez juste utiliser celui-ci et le mettre à jour. »
J’avais beaucoup de mal à y croire, vraiment très surpris par les propos de mon enseignante. En effet, quelques mois plus tôt, nous travaillions sur une activité écrite, pour laquelle la grande majorité des étudiants n’avaient utilisé que les mêmes exemples. L’enseignante nous a envoyé un mail à ce sujet. Elle a pourtant décidé de valider l’activité de ces étudiants. Cependant, sur ma copie, elle a mentionné « copier-coller est inacceptable, surtout lorsque vous fournissez des exemples » et m’a demandé de le refaire. Mais, d’un autre côté, mon enseignante a encouragé trois étudiantes caucasiennes à travailler ensemble, durant leur stage et à copier/coller dix activités.
Ainsi, sans difficultés, ces étudiantes privilégiées ont obtenu leur diplôme. De plus, mon enseignante ne s’est pas arrêtée là, car au cours de mon stage, elle a continué son harcèlement et la discrimination raciale envers moi. En effet, mon camarade caucasien qui était avec moi, n’a pas été traité de la sorte et a obtenu son diplôme.
Concernant les quatre cas sur cinq que vous avez décrit, à combien estimez-vous votre préjudice ?
Le préjudice s’élève à plus de 100 000 euros (AUD 158 000) et ce, sans compter l’affaire avec Australian Learning Group et son enseignante, South Lake Early Learning Centre et son superviseur. De plus, j’ai dépensé environ 8227 euros (AUD13 000) pour ma formation dans la petite enfance, etc…
Quelle est votre situation actuelle sur le territoire ?
Je dispose d’un visa temporaire (bridging visa).
Quels ont été tous les autres moyens d’appels à l’aide, de communication que vous avez mis en œuvre, pour témoigner de votre expérience en Australie ? Quels sont tous les interlocuteurs que vous avez pu contacter ?
Mate Education & Migration : Depuis plus de 3 ans, j’ai choisi une française en tant qu’agent d’éducation. L’agent d’éducation a pour mission de fournir une assistance aux étudiants internationaux, pour trouver un cours correspondant à leurs intérêts. Les agents sont au courant des offres spéciales des écoles. Certaines agences peuvent également fournir d’autres services tels que le logement, l’emploi, la migration, etc… Leurs services sont gratuits, pour tout étudiant, car les instances d’éducation (écoles, universités…) paient à ceux-ci une commission.
Ainsi, le 02 juillet 2020, j’ai informé mon agent d’éducation (Mate Education & Migration) de ma plainte contre South Lake Early Learning Centre (SLELC) et Australian Learning Group (ALG). Dans le mail qu’elle a adressé à la direction d’Australian Learning Group, elle a considéré qu’il s’agissait d’une « plainte sérieuse ». Cependant, par la suite, celle-ci a décidé de cesser tout contact avec moi, alors que son aide m’aurait été indispensable, tant concernant la procédure de plainte, que celle liée au remboursement des frais de scolarité, etc…
NGS Regulation (Département d’éducation) : le 7 octobre 2020, je leur ai soumis une plainte. Ils m’ont dit de contacter ASQA.
Australian Skills Quality Authority (ASQA) : le 29 octobre 2020, je leur ai soumis une plainte contre Australian Learning Group. Puis, le 03 novembre 2020, ASQA m’a répondu : « ASQA ne peut pas vous aider, en ce qui concerne le fait d’être traité injustement ou d’avoir subi un comportement d’intimidation. »
Ministère pour l’éducation et la formation : le 23 octobre 2020, j’ai adressé un mail au Ministre. Puis, le 27 octobre 2020, le ministère m’a fait savoir que « ce ne sont pas dans les pouvoirs du Ministre, de gérer ce type d’affaires. »
Ombudsman : J’ai soumis une plainte contre Australian Learning Group, afin d’obtenir le remboursement des frais de scolarité, mais celle-ci a été rejetée.
Ethnic Communities Council of WA (ECCWA) : Le 30 septembre 2020, j’ai contacté le Président d’Ethnic Communities Council of WA. Le 02 octobre 2020, nous nous sommes rencontrés en présence de sa collègue. Lors de notre rencontre, le Président m’a dit qu’il était conscient du problème avec certains policiers de Western Australia, qu’il avait l’habitude d’aider des migrants (étudiants internationaux inclus), confrontés à des situations similaires, que ce qui m’est arrivé n’aurait jamais dû se produire, qu’il m’aiderait à récupérer toutes les sommes dues; qu’une personne viendrait avec moi au tribunal pour me soutenir et qu’il mettrait à ma disposition des avocats ayant des tarifs modérés. Enfin, il m’a dit qu’il contacterait un politicien, pour qu’il puisse m’aider, mais également, le commissaire de police de Fremantle, le directeur général d’Australian Learning Group, etc. Le 05 octobre 2020, je lui ai envoyé l’ensemble des pièces liées à mes affaires.
A plusieurs reprises, nous nous sommes rencontrés. Il prétendait qu’il faisait tout pour m’aider. Cependant, quelques semaines avant l’audience contre mon ancien avocat, je lui ai demandé s’il pouvait me mettre en relation avec ses avocats, mais il ne m’a pas répondu, comme il n’a pas répondu également concernant le politicien, le directeur d’ALG, etc…
Ambassade et Consulat de France : Le 22 mars 2021, j’ai contacté le consulat de France, car l’audience concernant les charges criminelles approchait et je n’arrivais pas à obtenir les pièces (enregistrement vidéo, rapport d’incident, etc…) pour assurer ma défense. Le 6 avril 2021, le consulat de France m’a adressé une liste d’avocats.
Le 31 mai 2021, j’ai adressé une lettre à l’Ambassade et au Consulat de France, concernant l’ensemble des affaires auxquelles j’ai été confronté depuis 2018. Là encore, j’ai reçu une liste d’avocats, dont aucun n’était spécialisé en droit de l’homme ou en droit commercial. Ils m’ont dit de prendre contact avec un avocat qui ne vivait pas à Perth.
Le 08 septembre 2021, les affaires sociales de l’Ambassade de France m’ont fait savoir qu’ils ne pouvaient pas s’immiscer dans le fonctionnement de la justice australienne. Par la suite, j’ai reçu la même réponse du Consulat de France.
Le 13 septembre 2021, je leur ai répondu que je n’avais pas la même lecture de la situation, car je ne leur avais pas demandé qu’ils interviennent dans la justice australienne, mais qu’ils veillent à ce que les droits de tous les citoyens français (caucasiens ou non), soient les mêmes et respectés. De plus, je leur ai fait savoir qu’à cause de la manière dont j’avais été discriminé, je ne pourrai plus obtenir la résidence permanente. Je n’ai pas reçu de réponse de leur part.
Avocats : J’ai contacté de nombreux avocats, qui ont tous refusé de me défendre. Certains ont catégoriquement dit NON, tandis que d’autres, ont gardé le silence, malgré mes sollicitations. Ainsi, sans avocats, je suis donc poings et pieds liés, incapable d’obtenir justice.
Média : J’ai contacté de nombreux médias, mais également des petits journaux. Cependant, je n’ai trouvé aucun média mainstream, désirant parler de ma situation en Australie. Toutefois, un média australien m’a dit « qu’il était désolé de mon expérience en Australie », tandis qu’un autre m’a dit qu’il allait prier pour moi pour que je trouve la force d’affronter ces épreuves.
Enfin, un média français m’a répondu : « (…) Je suis complètement d’accord sur le fait qu’il y a un problème de racisme et de discrimination envers les étudiants étrangers ici (…) »
Facebook : J’ai créé une page Australian Wrongdoing pour rendre public ma situation. Le but était de trouver de l’aide. Facebook m’a autorisé à promouvoir ma page mais, lorsque j’ai ciblé les personnes des Antilles et France, systématiquement Facebook supprimait ce critère. Puis, j’ai ciblé uniquement les médias d’Australie, France et Antilles et là, Facebook ne m’a plus autorisé à promouvoir ma page. La raison : « (…) votre annonce a peut-être été rejetée parce qu’elle mentionne des politiciens ou porte sur des questions sociales sensibles qui pourraient influencer l’opinion publique, la façon dont les gens votent et peuvent avoir une incidence sur le résultat d’une élection ou d’une loi en attente ».
Que pensez-vous de votre expérience en Australie ?
Bien évidemment, je suis extrêmement déçu de la manière dont j’ai été traité. Mais, malheureusement, mon cas n’est qu’un exemple de plus parmi tant d’autres, montrant comment les personnes de ma communauté sont traitées dans le monde.
De policier national en France, je suis considéré, ici, pire qu’un criminel car, malgré tous mes efforts pour trouver un avocat, aucun n’a voulu me représenter. Etonnamment, même le plus dangereux des criminels australiens, a le droit d’avoir un avocat pour assurer sa défense.
Même si des Australiens m’ont soutenu et m’ont encouragé à continuer mon combat pour obtenir justice, seul, je ne peux y arriver.
J’avais l’intention de faire un master, mais à cause des épreuves endurées, je n’ai pas pu le faire. Malgré six ans de sacrifices et de travail acharnés, je n’ai pas pu obtenir la résidence permanente, par la faute de personnes qui ont sciemment enfreint la loi et à cause d’un racisme systémique.
A partir de ces faits, qu’est-ce que vous dénoncez concrètement ?
Un système qui, de toute évidence, ne protège pas assez les victimes et plus particulièrement les étudiants internationaux. Ce qui est ahurissant, c’est qu’il y a de nombreux organes de contrôle, mais que ceux-ci semblent ne pas fonctionner correctement. Dans ces conditions, c’est une affaire particulièrement juteuse, pour des compagnies et institutions (Northside Rentals, Car Giant WA, ALG, SLELC) peu scrupuleuses.
Comment définissez-vous ce que vous vivez, en tant que noir en Australie ?
Ma situation en Australie reflète parfaitement un racisme systémique.
De nombreux médias australiens ont, maintes fois, abordé ce sujet, sur la manière dont les Aborigènes et les Africains sont traités en Australie (leurs rapports avec la police, le taux d’incarcération très élevé, l’emploi, etc.)
Concernant ma situation :
- La ville de Fremantle qui ne m’a envoyé qu’une partie de la vidéo des caméras de surveillance et qui a refusé de me transmettre le rapport d’incident ;
- Australian Learning Group (ALG) qui a délivré un diplôme à trois élèves caucasiens tout en sachant que ceux-ci ont fait 10 activités ensemble durant leur stage. Cependant, ALG a décidé que je devais payer un nouveau trimestre et ce, même si les preuves matérielles en ma possession, démontrent sans ambigüité, les faits de harcèlement et de discrimination raciale à mon encontre.
- Human Rights a refusé de mettre en place les procédures d’urgence et de conciliation; n’a pas demandé d’explications au superviseur et à l’enseignante et, plus surprenant encore, a supprimé le harcèlement de ma plainte, etc.
A la lumière de tous ces événements que vous venez de raconter, quelles sont les conséquences sur votre santé physique et mentale, actuellement ?
Bien évidemment, les problèmes mentionnés ont eu des répercussions sur ma santé mentale et physique. Je suis très épuisé, je ne dors pas sereinement, je fais des cauchemars. Je prends des médicaments pour mon stress, car j’ai des crises de panique, lorsque je pense à la façon dont j’ai été traité. (Gabriel fait un grand soupir).
Je dois avouer que ces épreuves ont été particulièrement traumatisantes pour moi.
Un dernier mot pour nos lecteurs
A messieurs le Premier ministre australien et le Président de la république française :
En 2018, alors que je travaillais en tant que chauffeur indépendant, j’ai été agressé racialement par l’un de mes clients qui m’a dit de «retourner dans mon pays». Avant l’arrivée de la police, mes clients ont pris la fuite. L’un des policiers qui est venu sur place était très chaleureux et parlait couramment le français, puisque sa femme est Française. D’ailleurs, nous n’avons échangé qu’en français. Je lui ai dit qu’en France, j ai travaillé dans la police nationale et il m’a dit qu’avec mon expérience, je devrais postuler ici, à Perth. Il a pris une photo de mon visage qui était tuméfié et m’a dit d’aller au poste de police pour déposer plainte.
Au poste de police, ils ont pris ma plainte. J’ai demandé une copie de celle ci, mais ils ont refusé.
Quelques semaines après mon agression, j’ai été contacté, non pas par l’enquêteur en charge de mon affaire, mais par le policier qui m’a parlé en français. Il m’a dit que la société de covoiturage lui a donné les coordonnées du client qui m’avait commandé. Cependant, ce dernier ayant refusé de parler et de révéler l’identité de ses amis présents lors de mon agression, mon affaire a été classée.
Voyant la façon dont j’ai été traité depuis mon arrivée, j’ai décidé, en 2022, de faire mes recherches sur ce que dit la loi. Ainsi, mon cas aurait dû être considéré comme une infraction grave.
Cependant, en avril dernier, j’ai contacté le policier qui m’a dit que mon affaire était classée. Celui-ci m’a dit que mon affaire était considérée comme une simple infraction parce que « retournez dans votre pays » ne constitue pas une attaque raciale puisqu’aucune mention de ma race ou de mon appartenance ethnique.
Je lui ai rappelé que l’un de mes clients m’a donné un coup de poing et m’a dit de retourner dans mon pays.
De plus, le client et ses amis sont complices et une enquête approfondie aurait dû être menée pour savoir s’ils avaient des antécédents de violence et/ou de violence raciste. Cela n’a pas été fait, car comme le client a refusé de parler a la police, ils ont décidé de clore mon affaire.
Pourtant, selon la loi, qu’il s’agisse d’une infraction simple ou grave, mon affaire aurait dû être traitée par au tribunal.
Le 21 avril 2022, j’ai soumis une demande à Freedom of Information (FOI) pour obtenir une copie de ma plainte. À ce jour, je n’ai rien reçu.
Voilà, plus de six ans en Australie, durant lesquels, mes droits fondamentaux n’ont jamais été respectés. Seul, loin de ma famille/amis, sans avoir pu prendre de vacances, sans vie sociale et pourtant, j’ai si durement travaillé.
De plus, cela fait quatre ans que j’essaie de trouver de l’aide (avocats, média, etc…). Mais, malgré tous mes efforts, je ne me suis heurté qu’à des portes closes…
Cependant, d’un autre côté, ALG et son enseignante, South Lake Early Learning Centre et son superviseur ont trouvé, en l’espace de quelques semaines, un allié de taille…Human Rights.
Monsieur le Premier ministre, Ethnic Communities Council of WA et Human Rights sont deux importantes organisations qui reçoivent des subventions du gouvernement. Celles-ci auraient dû mettre fin aux discriminations, dont j’ai été victime. Cependant, elles ont failli à leur mission première, qui est de défendre les droits de l’homme.
Il y a quelques années de cela, l’enseignante d’ALG et le superviseur de SLELC, ont obtenu la résidence permanente/citoyenneté australienne. D’autre part, mes trois camarades de classe caucasiennes qui ont été privilégiées, ont obtenu leur diplôme et obtiendront la résidence permanente. Pour ma part, j’ai définitivement perdu cette opportunité.
Pour éradiquer le racisme, des actions fortes doivent être mises en place, aussi bien en France qu’en Australie.
En vous exposant mon expérience, je souhaiterais attirer votre attention sur la situation des étudiants internationaux, et plus particulièrement sur la situation des minorités.
Enfin, l’ensemble des protagonistes ayant refusé de négocier, je souhaiterais votre intervention afin de pouvoir traduire devant la justice Car Giant WA, Northside Rentals, ALG et son enseignante, South Lake Early Learning Centre et son superviseur.
Suivez-le sur sa page Facebook, son compte Instagram et Twitter @Australian Wrongdoing.
Chaque contribution publiée sur le média nous semble répondre aux critères élémentaires de respect des personnes et des communautés. Elle reflète l’opinion de son ou ses signataires, pas forcément celle du comité de lecture de Parallèle Sud.