Un médecin réunionnais lance une pétition pour mettre en place des sanctions économiques contre le Japon qui a relancé la pêche à la baleine en mai 2024. En six jours, il a déjà récolté 34 000 signatures.
Le rorqual commun est le deuxième plus gros mammifère marin de la planète, considéré comme vulnérable par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Le 31 juillet 2024, la Japon, l’un des trois pays à chasser la baleine avec la Norvège et l’Islande, a annoncé ajouter cette espèce à sa liste de chasse. Sur celle-ci, se trouvent déjà le petit rorqual, le rorqual de Bryde et le rorqual boréal. Le Japon a tué 294 baleines en 2023. En mai dernier, il a lancé sa première chasse au rorqual commun depuis 50 ans. Le premier individu a été pêché le mercredi 11 septembre 2024, il mesurait 19,61 m et pesait au moins 55 tonnes.
Le 21 mai dernier, le pays s’est équipé d’un puissant navire de chasse. Un bateau-usine de 100 mètres de long et de 9 300 tonnes est entré en activité et a pris la mer pour une nouvelle campagne de pêche, avec l’intention de chasser 200 baleines d’ici à la fin de l’année.
Le Japon a pêché un rorqual à des fins commerciales
Cette décision intervient alors qu’un célèbre militant contre la chasse à la baleine, Paul Watson, 73 ans, a été arrêté au Groenland en juillet dernier. Le fondateur américano-canadien du groupe Sea Shepherd a été placé en détention provisoire en vertu d’un mandat d’arrêt international émis par Tokyo, alors que son ONG perturbait régulièrement les campagnes de chasse à la baleine du Japon. Une manifestation a eu lieu le 3 septembre dernier à l’Etang-Salé.
A l’échelle mondiale, la chasse aux baleines à des fins commerciales a été bannie en 1986, en vertu d’un moratoire international. Le Japon a quitté en 2019 la Commission baleinière internationale (CBI) pour s’affranchir du moratoire. Le pays pêche donc à nouveau dans un but commercial, s’étant cantonné pendant plusieurs années à des pêches dites « scientifiques ».
Sur l’île de La Réunion, le sang du Dr Edouard Kauffmann n’a fait qu’un tour en apprenant ces nouvelles dans les médias. « Je me suis dit que la finance est un point d’action important. Si nos politiques étaient investis, ils pourraient négocier avec le Japon parce qu’on importe quand même leurs voitures etc. Je me suis dit on a un poids contre le Japon. »
Le médecin réunionnais demande des sanctions européennes
Dans la pétition qu’il met en ligne, il demande à Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, la mise en place de sanctions économiques de la part de l’Union européenne contre le Japon et ceux qui participent à la chasse à la baleine.
« Tout banque ou institution financière travaillant avec des pécheurs, sociétés de pêches ou exploitant de produits issus de la pêche à la baleine doivent être pénalisées d’amendes et d’interdictions d’échanges économiques avec l’union européenne, d’interdictions de séjour sur le sol de l’union européenne pour ceux qui y travaillent. »
« Toute société qui participe volontairement ou involontairement à la construction de bateaux, de hangars, de moyens de communications des dits bateaux et hangars sera frappé d’amendes et d’interdictions d’échanges avec l’union européenne. Ces dites sociétés ne doivent bénéficier d’aucun moyen financier provenant de l’union européenne sous peine d’amendes et d’emprisonnement de leurs dirigeants pour atteinte à la biodiversité, actes de torture et de barbarie à l’égard d’une espèce protégée. »
34 000 signatures en 6 jours
« Toute société pratiquant la chasse à la baleine ou exploitant ses produits doit être exclue du marché européen, toute institution ou société ou banque participant à leurs activités devra les cesser sous peine d’amendes dissuasives et d’emprisonnement de leurs dirigeants »
« Tout homme politique ou lobbyiste du Japon ayant encouragé, encourageant ou promouvant la chasse à la baleine sera poursuivi sur le territoire européen pour entrave aux accords de la convention baleinière internationale. Il pourra être emprisonné jusqu’à son procès. »
En six jours, la pétition a récolté près de 34 000 signatures. Le Dr Kauffmann savait que le sujet était important pour La Réunion, il a même touché plus largement en France. « Maintenant, il faudrait surtout que des politiques s’en emparent. J’ai contacté les deux députés européens Younous Omarjee et Marie Luce Brasier Clain, mais pour l’instant je n’ai pas obtenu de retour. »
Jéromine Santo-Gammaire