APRÈS LE MARAE DE TAPUTAPUATEA
Une délégation menée par le ministre de la Culture, Heremoana Maamaatuaiahutapu, a remis officiellement à l’Unesco le dossier de candidature des îles Marquises au classement du patrimoine mondial de l’humanité. Visite du comité de l’Onu aux Marquises, examen du dossier et vote de tous les états-membres : il ne reste qu’une poignée d’étapes avant que les Marquises rejoignent le marae de Taputapuatea, un site religieux situé sur l’île sacrée de Raiatea, au patrimoine mondial.
Il pèse pas moins de dix kilos, répartis en trois imposants tomes, on y trouve même des morceaux de tapa : le dossier de candidature des îles Marquises au patrimoine mondial de l’humanité est enfin arrivé au bout de son voyage. Entouré d’une délégation du gouvernement de Polynésie française, le ministre de la Culture Heremoana Maamaatuaiahutapu l’a transmis à l’ambassadrice de France à l’Unesco, Véronique Roger-Lacan.
Composé d’une partie « patrimoine naturel » mais aussi d’une partie « patrimoine culturel » puisqu’il s’agit d’un dossier « mixte », le volumineux document sera examiné lors de la session de l’année prochaine de l’institution culturelle de l’Organisation des Nations-unies (Onu), dans dix-huit mois.
Certes, il reste quelques étapes à franchir avant que les Marquises fassent leur entrée dans le patrimoine de l’humanité tout entière mais « le fait que la France non seulement le soutienne mais le présente est très important, très fort et de bon augure », se félicitait ce mardi 24 janvier, lors d’une cérémonie de réception du dossier, l’ambassadrice Véronique Roger-Lacan.
Le fruit de huit années de travail
« C’est le fruit de huit années de travail acharné, de la part du gouvernement et du président Fritch qui m’a chargé de ce dossier mais aussi des maires marquisiens, confiait, visiblement ému, le ministre Heremoana Maamaatuaiahutapu. Le fait que ce soit un dossier mixte, nature et culture, nous a beaucoup compliqué la tâche. C’est surtout la preuve que les Marquises et nos ancêtres, nos peuples, après toutes les épreuves qu’ils ont traversées, font preuve d’une résilience extraordinaire ! C’est quelque chose dont ils sont fiers. La façon dont on peut vivre pendant des milliers d’années d’une façon simple, en respectant son environnement, est un message important dans le monde d’aujourd’hui. Tout est lié ! »
Le ministère de l’Écologie du gouvernement français a aussi travaillé sur le dossier. Vincent Montrieux, sous-directeur de la qualité du cadre de vie au ministère de la Transition écologique et solidaire explique que « les Marquises représentent à l’évidence un exemple de bien exceptionnel sur le plan géologique – les fameuses montagnes – mais aussi faunistique et sur le plan de la végétation exceptionnelle, avec un très grand nombre d’espèces endémiques. Les îles incarnent à la perfection les valeurs d’exceptionnalité recherchées par le comité. »
L’exceptionnel et l’universalisme, l’humanité tout entière : ce sont les valeurs défendues par l’Unesco. Pour la France, déposer ce dossier de candidature a une valeur stratégique. « Les Outre-mer sont une force pour la France, il n’arrive pas toujours que la France les mette en valeur et en fasse un avantage mais c’est ma mission en tant qu’ambassadrice à l’Unesco », confirme Véronique Roger-Lacan. Le classement des îles Marquises au patrimoine mondial de l’humanité était aussi une promesse du président Emmanuel Macron.
Reste encore, après les ultimes étapes décisives, à gérer l’afflux éventuel de touristes. Le gouvernement de Polynésie affirme être déjà prêt. « Nous comptons de cette façon rééquilibrer le flux de visiteurs avec les autres parties de la Polynésie qui comptent déjà une visibilité exceptionnelle au plan mondial », assure Heremoana Maamaatuaiahutapu. D’ici aux élections d’avril prochain, il compte faire avancer un autre projet qui lui tient à cœur depuis de nombreuses années : la biosphère intégrale des Australes.
À Paris, Julien Sartre