TAPER LA DISCUTE AVEC L’ARTISTE
Le chanteur, peintre, écrivain CharlÉlie Couture a soif d’expression sous toutes ses formes. Il se confie ici comme un homme un peu blessé par son époque, des mensonges de Trump aux lois liberticides de vidéosurveillance en France, en passant par la surexploitation de la terre et de la mer…
Où est CharlÉlie ? Il est de retour à La Réunion après vingt ans d’absence et d’Amérique où il a tenu une galerie d’art pendant treize ans.
CharlÉlie Couture va donner ce week-end trois concerts, un au jardin d’Eden (Saint-Paul), un autre au jardin du Madoi (Saint-Louis) et un dernier au Kabardock (Le Port). Dans le sillage de « l’avion sans aile » qui l’a fait entrer dans la cour des chanteurs populaires — même s’il estime ne pas endosser ce qualificatif — il est aussi artiste peintre et écrivain (une vingtaine de livres). « Dans l’avion qui m’a amené à La Réunion, j’ai passé le voyage à faire des dessins ». Certaines de ses œuvres seront d’ailleurs exposées ce week-end à l’hôtel Lux de la Saline-les-Bains.
Le multi-artiste n’a peut-être pas eu la reconnaissance populaire d’autres stars, comme il le constate « sans amertume », mais il a en tout cas profondément imprégné quiconque s’est un jour plongé dans ses mélodies et ses images. Mercredi, lors de sa conférence de presse, l’un des journalistes lui a confié entendre sa chanson « Jacobi marchait » (Les naïves) tout au long de sa route pendant ses années de voyages.
C’est ainsi, les histoires que chante CharlÉlie racontent la vie et l’époque traversée. Elles accompagnent nos états d’âme. Elles posent des mots sur nos maux, sur nos mauvaises et bonnes humeurs. Prenez le confinement et le covid, par exemple. Eh bien c’était « épouvantable » et CharlÉlie en a fait un blues confiné.
« Plus boule de pétanque que boule de sapin de Noël »
« Je n’ai jamais fait ce métier pour être riche mais parce que j’ai envie de partager la réalité de ce que je ressens », confie-t-il. Il s’est détourné des grands courants consensuels pour tracer une route parallèle. La sienne. Il n’est pas « beau comme un chanteur », se voit « davantage boule de pétanque que boule de sapin de Noël »: « Je suis une bûche… et quand je m’enflamme, je fais du chaud »…
Ce chemin de traverse en fait en tout cas un artiste, à l’image de ses personnages, un peu brisé. Bref, un oncle attachant qui sait jouer des mots pour raconter notre monde. C’est pour ça que Parallèle Sud a eu très envie de taper la discute avec CharlÉlie.
« Avec Cali, San Sévérino, Yves Jamait ou les Têtes Raides, on est quelques uns à se croiser dans des lieux improbables, à jouer dans des petites salles. Et pourtant, c’est chaque fois l’Olympia », dit-il. Voilà une belle compagnie, un gouvernement idéal. Pendant la conférence de presse, il a évoqué « la loi liberticide » de la vidéosurveillance en préparation des Jeux olympiques, « l’intelligence artificielle de mes couilles » ou le « covid de merde ».
Les autres journalistes partis, nous avons poursuivi l’échange, dévoré par les yeux bleu clair et sincères de l’artiste… Il nous a dit « Trump le menteur », la France où « tu n’as pas le droit de dénigrer à ce point le peuple qui t’a élu », « les médias panics » et même la nouvelle route du littoral qui l’a visiblement séduit. On ne peut pas tout savoir…
CharlÉlie ne se veut donc pas « Bob le prophète » mais il ne s’auto-censure pas : « Je me permets juste d’énoncer des espèces de sentiments au jour le jour en fonction des évidences de la rue. »
Images : Yohan Firmin
Entretien : Franck Cellier