[Volcan] L’air d’Avatar des coulées 1977

EXPLORATION

Une équipe d’explorateurs ramène d’incroyables images, découvertes et souvenirs de la partie haute de la coulée de lave qui avait traversé Piton Sainte-Rose en 1977. On se croirait dans les décors de la superproduction Avatar.

Alain Bertil est connu comme l’un des dignes fils de la famille des chasseurs de lave. A chaque éruption, les Réunionnais découvrent ses films et photos. Entre deux éruptions, l’ancien professeur de lettres continue inlassablement à explorer la Fournaise. Son travail de chargé de mission pour en faire la promotion touristique l’a amené à renouveler les connaissances et le regard sur la coulée 1977. Il veut montrer ce qui reste de cette éruption. Celle-ci sera au coeur des « Jours de feu » qui se tiendront du 30 août au 1er septembre prochain à la salle Eclat de Sainte-Rose.

Le vendredi 9 août dernier, au petit matin, il s’est lancé à l’assaut de l’un des pans les moins connus du volcan. Accompagnés de 7 mordu.e.s comme lui, il est remonté vers les origines de la coulée 1977 restée dans les mémoires pour avoir traversé Piton Sainte-Rose en contournant l’église. Alain Gérente l’avait filmée dans les jours qui avaient suivi l’éruption. Qu’est-elle devenue 47 ans après ?

L’équipe est donc partie des hauts de Sainte-Rose, au-dessus de la route des radiers pour s’enfoncer dans la végétation. Là, il n’y a pas de sentier tracés, seuls les « coureurs de bois », ou les braconniers, s’y aventurent. L’expédition comptait 8 membres dont 5 scientifiques rodés aux sciences de la terre, des animaux et des plantes. « Une belle expérience de vie avec de riches échanges intergénérationnels entre les étudiants et les vieux », sourit le photographe Jean-François Bègue.

Découvertes de nouvelles espèces

Du fait de la difficulté d’approche en forêt, un hélicoptère a déposé pour eux environ 200 kilos de matériels à l’endroit où ils ont établi leur camp de base pour trois jours. Le mauvais temps a d’ailleurs failli compromettre la dépose du « big bag » héliporté. Les trois jours d’expéditions étaient assez pluvieux, obligeant l’équipe à se réfugier régulièrement sous une bâche collective. Mais l’humidité fait partie de ce décor.

Là haut, à près de 1000m d’altitude, les entomologistes ont capturé des insectes et papillons à l’aide de filets et de lumières infrarouges. « Ils ont pu déterminer pas mal d’espèces endémique et ils ont découvert des espèces non-répertoriées, notamment des cloportes. Ils ont pris des photos et tous les animaux ont été relâchés », rapporte Alain Bertil.

Il a tout filmé et réserve la première projection aux Jours de feu. Les visiteurs y découvriront un décor fabuleux de végétations et formations basaltiques. Ils auront un aperçu des bilans scientifiques notamment les prélèvements de lave réalisés par l’ancien directeur de l’observatoire, Andréa di Muro.

L’eau réchauffée par la lave

À l’aide de cordes et d’échelles, les explorateurs se sont aventurés dans les failles et tunnels méconnus de la coulée 1977. « C’est très très beau, s’exclame-t-il. On voit les circonvolutions dessinées par d’énormes flux de magma. C’est époustouflant, ça réconcilie avec la nature et avec soi-même ».

En plus de la coulée principale, celle qui est arrivée jusqu’à Piton Sainte-Rose et la mer, les marcheurs ont arpenté la coulée qui avait menacé le village de Bois-Blanc. Elle avait emprunté le lit de la ravine Ferdinand avant de se figer. 

Les habitants de Bois-Blanc n’ont pas oublié ces jours de peur. Ils voyaient la lave arriver sur eux par la ravine de Bois-Blanc et les anciens se souviennent que l’eau qui dévalait en bas était devenue chaude. Sous la végétation qui a désormais recouvert la lave figée, les explorateurs sont allés filmer deux points de sorties : un au niveau de Piton Plate et l’autre sur une bouche éruptive à 525 m d’altitude.

Une forêt unique et résiliente

Au début du mois, Alain Bertil en était à sa cinquième escapade dans les hauts de la coulée 1977, il est toujours surpris d’y trouver des déchets laissés par les braconniers et les nettoie à chaque fois avec son équipe pour rendre un peu de leur virginité aux lieux. Il témoigne d’une puissance tellurique qui a sculpté le massif. L’eau a mis à nue des ravines alors qu’une forêt unique et résiliante a réussi à pousser sur deux mètres de substrat grâce aux pluies abondantes. « C’est fragile et préservé. On se croirait dans Avatar. On ne se lasse pas ».

Les lieux décèlent de multiples beautés, des failles magnifiques et riches en couleurs. De retour dans les villes les explorateurs savent qu’il ne faut pas trop en montrer pour tenir éloignés les promeneurs non avertis. « Préserver la nature, ce n’est pas la mettre en cage, selon Alain Bertil. C’est faire prendre aux gens conscience de sa beauté et faire en sorte qu’ils la respectent. »

Franck Cellier

Les « Jours de Feu »

Pour leur cinquième édition, les « Jours de feu », organisés par la commune de Sainte-Rose, reviennent cette année sur l’épisode de 1977, avec l’ambition toujours de mieux comprendre et de ne pas oublier.

Des conférences sont au programme avec des spécialistes de la Réunion et de la France hexagonale ainsi que des projections. Balades commentées, ateliers d’observation. Des animations en art de rue sont également proposées au public.

Au cœur de cette manifestation, pour le 3e fois, le concours de films et photos Festilave récompense les talents artistiques qui se seront exprimés sur une thématique du volcanisme.

Le Programme 

Jeudi 29 Août

9H – Salle de projection ECLAT

Conférence à destination des scolaires.

Connaissance du volcanisme Alain Bertil

Vendredi 30 août

9H – Salle de projection : 

Conférence à destination des scolaires.

La Ceinture de Feu Jean Luc Allègre

17H30 – Parvis ECLAT :

Accueil

Propos musicaux

Déambulation Festilave 2023

Exposition de peintures sur la thématique volcan 

Salle expo :

Festilave 2024 : Présentation des œuvres en compétition

18H30 – Salle de projection

Mot de bienvenue du maire de Sainte-Rose Michel Vergoz

Présentation du programme

Conférence de Jean-Luc Allègre : La Ceinture de Feu

Rappel sur l’éruption de 1977

LA77 Film d’Alain Bertil

20H Cocktail /prestation musicale

Samedi 31 Aout

15H – Patio ECLAT

Accueil et café

15H30 – Salle projection

Compte rendu de la saison volcanique Aline Peltier

16H30 : Maurice et Katia Krafft par André Demaison et Julien Dumont

18H : Mapping des laves. Scénographie autour d’une maquette.

Echanges et collation.

Dimanche 1er Septembre

9H – Place des Laves

Village LA77

Exposition artistes peintres

Déambulation Festilave 2023

9H30

Balade commentée sur LA77

Médiateurs de la Cité du Volcan

Atelier d’observation et animation

Médiateurs de la Cité du Volcan

11H-12H

Prestation musicale Les Cuivres de l’Est

14H

Prestation musicale Les Cuivres de l’Est

Atelier Graff

Intermède Ecole de musique

16H

Tambours sacrés

Défilé

Prestation scénique

Ecole de danse indienne

Prestation scénique avec la troupe de Lynda Sellom

18H

Projection courts-métrages du centre de Loisirs

Résultats Festilave

A propos de l'auteur

Franck Cellier | Journaliste

Journaliste d’investigation, Franck Cellier a passé trente ans de sa carrière au Quotidien de la Réunion après un court passage au journal Témoignages à ses débuts. Ses reportages l’ont amené dans l’ensemble des îles de l’océan Indien ainsi que dans tous les recoins de La Réunion. Il porte un regard critique et pointu sur la politique et la société réunionnaise. Très attaché à la liberté d’expression et à l’indépendance, il entend défendre avec force ces valeurs au sein d’un média engagé et solidaire, Parallèle Sud.

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