[Vu de Paris] Esclavage et conséquences contemporaines

Le timbre représentant la mulatresse Solitude. La Poste. 2022.

La semaine prochaine, le 10 mai, se tiendra, à Paris, la journée des mémoires et de réflexion sur la traite, l’esclavage et leurs abolitions. Après deux ans de perturbation pandémique de cette journée nationale mise en place par la loi mémorielle de Christiane Taubira, ce rendez-vous sera un important carrefour politique, entre l’élection présidentielle et les élections législatives.


Quelques semaines après la défaite d’Emmanuel Macron et le triomphe de Marine Le Pen dans l’Outre-mer français, il s’agira pour l’exécutif réélu de communiquer sur le sujet. Le but du président et de son administration sera de s’adresser directement aux populations ultramarines afro-descendantes. La journée nationale du 10 mai a été instaurée par la loi mémorielle de Christiane Taubira, adoptée en 2001 : il s’agissait autant de rappeler que l’esclavage et la traite ont constitué un crime contre l’humanité que d’instituer un jour national de mémoire et de recueillement. Traditionnellement, une cérémonie réunit l’ensemble du gouvernement français et le président de la République, entouré de parlementaires, d’élus et de responsables associatifs au Jardin du Luxembourg, dans l’enceinte du Sénat, à Paris.

Cette année, pour l’exécutif, ce sera l’occasion de tenter une figure gymnastico-politique de rétablissement ou de « récupération » selon le point de vue.  Et ce alors que le thème de l’esclavage a échoué, précisément, à s’imposer dans la campagne pour l’élection présidentielle. La Fondation pour la mémoire pour l’esclavage, présidée par l’ancien ministre Jean-Marc Ayrault, avait fait parvenir sans grand succès un questionnaire à tous les candidats à l’élection présidentielle. Le but : recueillir leurs paroles et leur positionnement sur ce sujet douloureux.

Le même jour, la mairie de Paris inaugurera, en présence des responsables de la Fondation pour le mémoire de l’esclavage un square dédié à la mulatresse Solitude. Ce personnage historique, héraut de la lutte contre l’asservissement, a été remis sur le devant de la scène par l’écrivain antillais André Schwarz-Bart, dans le célèbre roman qui porte son nom. Ces jours-ci, ce personnage historique est à l’honneur puisque la Poste lui a également consacré un timbre qui lui rend hommage. La tête de l’éxécutif français n’a pas le monopole des figures gymnastico-politiques.

Julien Sartre

A propos de l'auteur

Julien Sartre | Journaliste

Journaliste d’investigation autant que reporter multipliant les aller-retour entre tous les « confettis de l’empire », Julien Sartre est spécialiste de l’Outre-mer français. Ancien correspondant du Quotidien de La Réunion à Paris, il travaille pour plusieurs journaux basés à Tahiti, aux Antilles et en Guyane et dans la capitale française. À Parallèle Sud, il a promis de compenser son empreinte carbone, sans renoncer à la lutte contre l’État colonial.

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