2 / ZAMAL TOUT KOULÈR
Nous sommes allés à la rencontre de deux professionnels de santé pour enrichir et continuer ce dossier sur le Zamal à La Réunion. Le Dr David Mété et Jacques Navon, l’un médecin et l’autre psychologue, tous les deux addictologues, nous en disent plus sur la dépendance chez les consommateurs de cannabis à La Réunion et ailleurs. Pour ne pas rendre l’épisode trop long, mais aussi pour laisser toute leur place aux échanges riches et pertinents de nos interlocuteurs, il y aura deux parties. La deuxième partie qui sortira prochainement soulèvera d’autres thématiques autour du Zamal à La Réunion : est-il plus ou moins fort qu’ailleurs, comment la population réunionnaise a-t-elle découvert la plante ou encore les lois qui encadrent cette plante.
Dans l’épisode précédent, nous avons rencontré des membres du groupe Natty Dread 974, pour nous parler de l’aspect spirituel et culturel que représente le zamal. Dans ce deuxième épisode, nous évoquons la notion de dépendance. En effet, le cannabis représente un danger d’addiction pour certaines personnes.
Mais alors qui ? Existe-t-il un profil type ? Oui, nous disent les deux professionnels de santé. L’adolescence est souvent la période durant laquelle un consommateur croisera la route du cannabis. Il continuera sa consommation pour diverses raisons, surtout quand il y verra un soulagement vis-à-vis de son quotidien. ‹‹ À l’adolescence, on est souvent un peu perdu, on a pas mal de chose à faire, il faut investir son espace psychique et ça peut être compliqué […] Certains croisent la route du cannabis et découvrent que ça semble avoir des effets positifs sur leur égarement ››, explique Jacques Navon.
‹‹ En revanche, l’arrivée de nouveaux produits depuis quelques années bouleverse un peu cet équilibre avec des personnes qui vont vers des consommations de substances addictives beaucoup plus inquiétantes comme la cocaïne ou le crack récemment ››, raconte le docteur Mété.
Mais alors à quel moment peut-on dire qu’il y a dépendance ? Comment on le devient ?
‹‹ La nature humaine, elle est fondamentalement dépendante : l’être humain est dépendant de la qualité de l’air qu’il respire, de son alimentation, de son sommeil, de ses relations sociales […] L’être humain doit se démener avec beaucoup de dépendances, et il est évident qu’il y a des dépendances qui sont plutôt positives, et d’autres plutôt négatives. À mon sens, ce n’est pas le produit qui fait de l’être humain quelqu’un de dépendant, l’être humain est dépendant de nature. Il faut s’interroger en revanche à la fonction du produit. ››, nous dit Jacques Navon, psychologue.
‹‹ La dépendance, elle va vraiment être présente quand on va consommer plus que ce qu’on avait prévu, on va consommer plus fréquemment et en quantité plus élevée. C’est aussi lorsqu’on continue de consommer, quand bien même le produit a apporté des conséquences négatives : des problèmes de santé, des problèmes relationnels, de travail, à l’école. Si la personne continue de consommer, il y a addiction ››, dit David Mété.
Rendez-vous sur Youtube pour l’interview complète.
Etienne Satre
Zamal tout koulèr
Parallèle Sud se lance dans une série sur le zamal à La Réunion. De près ou de loin, tout le monde a une histoire en tête au sujet du cannabis. Nous sommes tous concernés. Notre objectif c’est d’en parler sans tabou et sans crainte. Ouvrir les yeux sur un phénomène de société qui traverse les siècles. Nous donnerons la parole, anonymement ou à visage découvert, à un maximum d’acteurs de cette histoire, ce drame, ce trafic, cette industrie, cette question de santé publique, cette culture, cette agriculture, cette identité, etc. La vie de beaucoup de gens est mêlée à cette plante. Il va de soi que les informations, images ou articles présentés dans ce dossier sont uniquement à but informatif et ne constituent en aucun cas une incitation à la consommation de cannabis. De même, nos interlocuteurs expriment leurs propres opinions qui peuvent être contredites.
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