Le programme du Séchoir et la beauté du geste

[LIBRE EXPRESSION]

Comment présenter la saison qui commence au Séchoir ? En vidéo par exemple…

Dans cette période qui ressemble furieusement à un championnat du monde de l’incertitude, écrire aujourd’hui un édito paraît relever soit de l’inconscience soit d’un optimisme indestructible. Il y a pourtant une 3e voie possible, et qui consiste à tout simplement ne pas baisser les bras. 

Aussi simplement que lorsqu’on prévoit d’aller se promener, on n’ajoute pas à chaque fois « s’il ne pleut pas bien sûr », on s’est toutes et tous solennellement engagé.e.s au Séchoir à bannir les fins de phrase du genre « si on n’est pas confiné », « s’il ou elle n’attrape pas le covid »,  ou autre « s’ils ne ferment pas cette frontière »… Et que celui ou celle qui laisse échapper un malheureux « s’il n’y a pas de couvre-feu entretemps » mette une pièce dans la tirelire commune ou se frotte la bouche au savon ! 

Car le risque le plus dangereux qui nous guette, c’est bien celui de l’épuisement, celui de ne plus rêver, de nous contenter du possible. Notre raison d’être au contraire, et même notre discipline, c’est de tirer des plans sur la comète, de bâtir obstinément des châteaux en Espagne, et aussi longtemps qu’il le faudra, de dessaler… Oh, pardon !… désal la mèr ék in kuiyèr désik. 

Alors, bien sûr, le programme qui suit sera peut-être balayé par une énième vague, et s’il en est ainsi, on sera triste, bien plus triste que si on avait attendu de voir… mais c’est à ça qu’on reconnaît l’amour, non ?… Quand ça ne marche pas ça fait mal, mais quand ça marche, rien ne nous rend plus vivants ! Et si ce n’est pas par amour, faisons tout ça rien que pour la beauté du geste, de tous les gestes qui témoignent de notre humanité commune. 

Attendons… protégeons-nous, nous murmure une petite voix à l’oreille, l’avenir nous le dira. L’avenir nous le dira ? Et si c’était nous qui disions à l’avenir
ce que nous voulons de lui ? 

Gilles Cailleau & lékip Séchoir

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