[Kiltir] Médiathèque de Saint-Joseph, une référence culturelle

LES CINQ ANS DE LA MÉDIATHÈQUE DU SUD SAUVAGE

Ouverte au public officiellement le 28 janvier 2018, la médiathèque du Sud sauvage à Saint-Joseph vient de fêter son 5e anniversaire, l’occasion de rencontrer son directeur, Jean-Fred Figuin. 

La médiathèque du Sud sauvage, c’est un peu la référence régionale en matière de médiathèque. Ce sont d’abord des symboles environnemental et architectural (une botte de vétiver) originaux. C’est aussi un concept éco-énergétique qui a montré son efficacité (pas de climatisation, la ventilation se fait naturellement). Elle est située en plein cœur de ville et est devenue au fil des ans le lieu culturel incontournable du Sud sauvage bien sûr, mais aussi du département. 

Ce projet figurait dans le programme municipal de Patrick Lebreton en 2001. Il aura fallu un peu plus de seize années pour le voir aboutir. « Un projet d’une telle envergure demande du temps, de nombreuses études, puis des choix (4 architectes ont fait des propositions) nous confie Jean-Fred Figuin, directeur de la structure. Sont venus ensuite le choix des entreprises et la construction. L’outil est là depuis cinq ans, « l’outil est vraiment ce que l’on espérait », se réjouit-il. Sur le plan éco-énergétique, c’est un bâtiment référence, plusieurs fois primé nationalement et internationalement (prix Green Solutions Awards 2018). 

« Plaisir Nocturne ». © Hervé Douris

Médiathèque de Saint-Joseph, architecte, Nicolas Peyrebonnes.

Jean-Fred Figuin ajoute : « Nous sommes très attachés à la ruralité qui fait la force de notre médiathèque, avec les 4 contraintes propres du projet qui se retrouvent totalement dans le bâtiment : 

– jardin d’apparat (avec une centaine d’espèces dont 95% endémiques de La Réunion) ;

 – bâtiment principal (vétiver) ;

– arrière-cour et jardin (avec certains toits entièrement végétalisés) ;

– longère (où se trouve toute la partie administrative). »

Le jardin.
Toiture végétalisée. © La Studio Atelier photograhique.

Et pour faire fonctionner cette grosse structure ainsi que les quatre bibliothèques relais situées dans des quartiers éloignés, ce sont environ 65 personnes qui œuvrent toute la semaine. Elles permettent à la fois de faire vivre tous les espaces proposés et une amplitude horaire élargie. La médiathèque ouvre sept jours sur sept, ce qui n’est pas courant ! Pour 10€ pour les adultes, car les scolaires, les étudiants et les publics fragiles bénéficient de la gratuité, on peut profiter d’une très large gamme de « services et d’espaces » qui vont bien sûr des romans, BD, mangas, presse, CD, DVD, jeux-vidéos, ordinateurs en libre accès, aux liseuses, tablettes, grainothèque depuis peu, … et même prêt d’instruments de musique ! 

L’espace romans. © Le Studio Atelier photographique

Et ce n’est pas tout ! 

La médiathèque a pleinement utilisé les ressources du numérique. En souscrivant au prêt numérique en bibliothèque (PNB), avec le code d’accès et un compte personnel, on peut depuis chez soi, et n’importe où dans le monde, par exemple, télécharger de nombreux ouvrages… Chaque jour, ce sont entre 7 et 12 classes qui viennent en médiathèque, parfois en animation (bus mis à disposition par la Casud). Le périscolaire bénéficie de nombreux créneaux et animations dans un espace jeunesse comme on en voit peu ! Chaque mois, un artiste expose dans le large couloir à l’entrée de la médiathèque (avec vernissage). Le même soir, des artistes sont programmés dans le cadre des concerts « mediakoustik » (dernièrement, Nicole Dambreville). 

Vous ajoutez à cela l’accueil d’auteurs, une soixantaine d’animations chaque année : animations contes, de nombreuses animations à destination des enfants notamment, mais pas que, et de très nombreux projets menés toute l’année, parfois sur la base de projets nationaux déclinés localement, mais souvent de projets propres à la médiathèque. Tous ces projets font l’objet d’une fiche projet détaillée, et d’un travail de préparation en profondeur. La ville a fait de la médiathèque une priorité, l’adjointe à la culture, Inelda Leveneur, est présente à la quasi-totalité des vernissages et concerts. 

Encore un projet ambitieux, l’E-médiabus

Et Jean-Fred Figuin en veut toujours plus, les sollicitations étant nombreuses. Des animations échecs depuis peu, et en projet pour ces prochains mois un E-médiabus qui pourra aller dans les écarts avec « une double perspective, explique-t-il, celle de la lecture publique, mais aussi celle de l’éducation populaire, avec cette dimension d’un mouvement construit en partenariat avec d’autres structures et/ou institutions, comme l’Éducation nationale, le tissu associatif, le bénévolat, la mise en exergue des compétences connues et reconnues des parents et accompagnateurs d’un quartier, d’un territoire. » 

On vient parfois de très loin pour profiter des services de cette médiathèque, et c’est une certaine fierté pour son directeur, son équipe et la ville très présente techniquement et financièrement. La médiathèque est souvent sollicitée pour donner des conseils et informations en particulier pour la construction d’autres médiathèques en France hexagonale et dans l’océan Indien. La reconnaissance, c’est aussi cela ! 

Dominique Blumberger

Portrait : Jean-Fred Figuin, directeur de la médiathèque du Sud sauvage 

Jean-Fred Figuin dans l’espace jeunesse.

Jean-Fred FIGUIN est un enfant de Cilaos, il reste très attaché à sa ville, son cirque, ses gens. « Même si c’est bateau de le dire, on ne doit jamais oublier d’où l’on vient ». Après un Deug d’anglais et un long passage comme animateur à la radio des Neiges de Cilaos, il décide de passer le CAFB (certificat d’aptitude à la fonction de bibliothécaire) option musique et part pour Marseille. A son retour, il travaille à la médiathèque de Saint-Benoît, avant de repartir pour une année d’études intense et préparer le CAPB option jeunesse. 

Le concours en poche, il réintègre la médiathèque de Saint-Benoît d’abord responsable de l’espace images et sons, puis comme directeur adjoint, puis comme directeur. Il garde d’un certain Antoine Roussin des souvenirs qui l’ont particulièrement marqué et ont guidé sa vie professionnelle. C’est en 2004 qu’il prend la direction de la bibliothèque de Saint-Joseph, située à l’époque au dernier étage de la mairie. Il a donc participé activement au projet de la médiathèque du Sud sauvage, et est très fier aujourd’hui d’y travailler.

« Notre médiathèque c’est un peu une grande famille où règnent la confiance, le respect mutuel et peut-être et surtout la convivialité. Elle est exactement ce que nous attendions. Mes semaines de travail sont très chargées, avec beaucoup de temps consacré à la recherche (maisons d’éditions, échanges entre médiathèques et bibliothèques et sur tous les réseaux sociaux, les forums, …), à l’écoute de CD, au visionnage de DVD, de documentaires,… Je lis au moins cinq livres par semaine. Mais c’est un bonheur d’être ici, je n’envisage absolument pas d’aller ailleurs, et je reste motivé comme au premier jour ». 

« Nous sommes aussi très fiers de ce que faisons pour limiter la fracture numérique. Nous proposons des animations notamment à destination de personnes âgées où nos animateurs et animatrices font preuve d’une énorme patience et d’un vrai sens de la pédagogie pour leur expliquer comment fonctionne un ordinateur, comment on tape, comment on envoie un mail, comment on accède au web… Cette mission de proximité est primordiale pour nous. » 

Une anecdote assez poignante sur ce sujet … « Pendant la période covid, deux personnes âgées n’avaient plus aucun contact avec leurs enfants en métropole. On a tout fait pour essayer d’organiser une visioconférence. Ce jour-là, leur joie était immense, mais la nôtre aussi, des larmes perlaient. C’est aussi cela notre travail de lien, de proximité. »

Et il ajoute : « Mon rôle ne se limite pas à lire, écouter, etc. il est pour 70% de mettre en place le projet d’établissement qui prend en compte des enjeux économiques, sociaux et culturels de la collectivité. Pilotage des équipes et supervision des animations, partenariats et nouveaux services à destination du public. Polyvalent, avec un sens des responsabilités et une capacité à toujours être en force de proposition.

Je lis au minimum 5 livres/semaine (Romans, BD, jeunesse, adulte, périodiques, etc.) + écoute de CD audio et vinyles + visionnage de films + veille documentaire, musicale, cinématographique, etc ».

 

Il est bientôt 19 heures, nous sommes ensemble depuis près d’une heure et demie, Jean-Fred Figuin, comme souvent, fera la fermeture de la médiathèque, mais comme il le dit si bien « c’est la vie que j’ai choisie et c’est particulièrement gratifiant ». 

D.B.

Liens : 

Site de la Médiathèque du Sud Sauvage : https://mediatheque.saintjoseph.re/

Concerts mediakoustik : 

Matarom (https://www.youtube.com/watch?v=whGhN_cb9vk)

Maronaz (https://www.youtube.com/watch?v=268GIeq2Rlw)

Ann’Oaro (https://www.youtube.com/watch?v=6mEWLHjaoMA

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