LIBRE EXPRESSION
J’ai cosigné, comme l’ensemble des députés réunionnais, la proposition de loi déposée le 21 mars 2023 à l’Assemblée nationale par ma collègue Emeline K/Bidi visant à promouvoir l’emploi et le retour des fonctionnaires d’État ultramarins dans les territoires d’outre-mer. Nous faisons en effet le même constat alarmant : dans nos territoires d’outre-mer, les Ultramarins sont minoritaires à occuper des postes d’encadrement notamment dans la fonction publique d’État. Selon les enquêtes Emploi réalisées par l’Insee sur des données recueillies de 2014 à 2019, il y aurait une surreprésentation des cadres « hexagonaux » : seuls 11 % de fonctionnaires sont réunionnais.
De plus, comme l’avait mentionné le Sénat dans un rapport d’information datant de 2009, un paradoxe « domien » existe : les jeunes diplômés locaux peinent à accéder aux emplois qualifiés offerts localement, y compris à diplômes équivalents, d’où une discrimination. Nous pouvons également rappeler, concernant l’éloignement, que la Convention européenne des Droits de l’Homme garantit à l’article 8 le droit au respect de la vie privée et familiale, du domicile et de la correspondance.
Les fonctionnaires ultramarins travaillant loin de leur territoire sont souvent contraints à vivre éloignés de leur famille, séparés de leurs enfants et conjoints, privés de leurs droits à une vie privée et familiale. Ces situations ont des conséquences sur l’état de santé des personnes et familles concernées, elles engendrent de la souffrance et parfois des drames humains.
Je reçois régulièrement bon nombre de demandes d’appui de dossiers de mutations émanant de Réunionnais en grande souffrance : policiers, agents pénitentiaires, personnels de l’Education nationale… Force est de constater que malgré les centres des intérêts moraux et matériels (CIMM) auxquels nous proposons de donner une assise légale, la « préférence réunionnaise » — un combat que je mène depuis de nombreuses années dans l’intérêt de nos Familles — est encore loin d’être une réalité !
La question de l’emploi en Outre-Mer perdure, ce qui rend nécessaire cette proposition de loi et la solidarité des parlementaires ultramarins, notamment réunionnais, au-delà des clivages politiques.
Nathalie Bassire Députée de La Réunion
Chaque contribution publiée sur le média nous semble répondre aux critères élémentaires de respect des personnes et des communautés. Elle reflète l’opinion de son ou ses signataires, pas forcément celle du comité de lecture de Parallèle Sud.