Titine - affaire Luc Rosello, directeur du CDNOI

[Affaire Luc Rosello] L’enquête piétine, la gêne domine

DROIT DE SUITE

Le dossier est gênant. Aussi bien pour les institutions qui financent le Centre dramatique national de l’océan indien (CDNOI), que pour l’équipe en intérim actuellement à sa tête. Le sort du directeur Luc Rosello est toujours en suspens après les accusations de viols sur mineurs dont l’accusent ses filles. L’enquête judiciaire, menée sous l’égide d’un juge d’instruction, avance au ralenti.

Discrètement, le Centre dramatique national de l’océan indien (CDNOI) a diffusé ce lundi un appel à candidature afin de trouver son nouveau directeur ou sa nouvelle directrice. Une procédure tout à fait classique, pour un renouvellement tout aussi classique du directeur actuel, Luc Rosello, qui avait annoncé en août 2023 qu’il ne solliciterait pas de troisième mandat. Son contrat se termine le 31 décembre 2024.

L’UFR partie civile

Mais depuis sa décision, ses deux filles ont décidé de médiatiser la plainte déposée en janvier 2023 contre leur père pour des faits présumés d’ « agression sur mineur par un ascendant » et « viol avec plusieurs circonstances aggravantes ». Des faits qui auraient été commis lorsqu’elles étaient enfants. L’affaire révélée par Parallèle Sud le 6 octobre dernier avait été suivie d’une conférence de presse de l’Union des Femmes réunionnaises (fondée par Huguette Bello, présidente de Région). L’UFR annonçait se porter partie civile dans cette affaire malheureusement représentative du parcours du combattant que doivent affronter bien souvent les victimes de violences sexuelles.

Actuellement en arrêt maladie, Luc Rosello reste donc officiellement le directeur de la structure et pourrait toucher son salaire jusqu’à la fin de son mandat. L’administrateur en intérim qui le remplace est David Vercey Laithier, un de ses proches, avec qui il travaille depuis des années.

Exaspération des associations

La situation flottante exaspère les associations UFR, FH+ Réunion et la CGTR Spektak. Dans un courrier envoyé aux financeurs du CNDOI (Ville de Saint-Denis, Département, Région, Direction des affaires culturelles) ainsi qu’au ministère de la Culture, elles demandent la démission de la direction ainsi que la mise en place d’une enquête au sujet de faits de harcèlement moral présumés au sein de la structure. Comme nous le rapportions dans nos précédents articles, des courriers anonymes et une enquête de la CGTR Spektak avaient mis en lumière dès 2020 un climat de management délétère et révélaient la peur de s’exprimer dans un petit milieu par crainte des conséquences. Des témoignages, comme celui de l’autrice et actrice Isabelle Kichenin, mettent également en évidence les comportements malsains et manipulateurs attribués au directeur.

« Aucune décision n’a été prise pour l’instant« , indique Marie-Jo Lo-Thong, la directrice de la Dac, interrogée sur l’évolution de la situation. Il y aura une réunion avec l’ensemble des partenaires d’ici peu. C’est une décision collégiale parce que c’est un outil labellisé. On a été saisi d’une lettre là-dessus, il y aura une réponse avec les services centraux du ministère. »

Une expertise psychologique en 12 mois

En parallèle, l’enquête judiciaire avance au ralenti. Ce que ne parvient pas à expliquer Me Brigitte Hoarau, l’avocate des deux sœurs, Moane et Natalina Rosello. « J’ai fait une demande d’audition des victimes, d’expertise psychologique et d’audition de témoins. La juge a refusé ma demande d’audition des victimes et accepté les autres. Mais pour l’instant, a priori, en douze mois d’enquête, seule une expertise psychologique a été réalisée à ma demande donc, au mois de décembre. Alors qu’habituellement, pour toute instruction criminelle, on peut s’attendre à une clôture du dossier au bout de 18 mois. Je ne comprends pas. »

Jéromine Santo-Gammaire

A propos de l'auteur

Jéromine Santo Gammaire | Journaliste

En quête d’un journalisme plus humain et plus inspirant, Jéromine Santo-Gammaire décide en 2020 de créer un média indépendant, Parallèle Sud. Auparavant, elle a travaillé comme journaliste dans différentes publications en ligne puis pendant près de quatre ans au Quotidien de La Réunion. Elle entend désormais mettre en avant les actions de Réunionnais pour un monde résilient, respectueux de tous les écosystèmes. Elle voit le journalisme comme un outil collectif pour aider à construire la société de demain et à trouver des solutions durables.

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