cours empathie école Emile-Hugot Savanna Saint-Paul professeur Medhi Kabyle Rees

[Harcèlement scolaire] Pour faire revenir l’empathie

ÉDUCATION

Peut-on apprendre l’empathie à l’école ? A Savanna, les élèves apprennent à nommer leurs émotions et, ainsi, à les mieux dominer.

cours empathie école Emile-Hugot Savanna Saint-Paul professeur Medhi Kabyle Rees
L’école Emile Hugot de Savanna à Saint-Paul. (Photos PhN)

« Joie, amour, surprise… » Les élèves de Medhi Kabyle Rees ne se font pas prier quand on leur demande quelles sont les sept émotions primaires. « Dégoût, colère, peur, tristesse » terminent le tableau. A Savanna, entre l’étang Saint-Paul et l’énorme zone commerciale, les enfants de l’école Emile-Hugot apprennent l’empathie. 

L’empathie, ça s’apprend à l’école ? En tout cas, ça s’améliore à l’école. Dans le cadre de son plan de lutte contre le harcèlement scolaire, le gouvernement propose le meilleur comme le pire. Ces cours d’empathie semblent jouer dans la première catégorie, l’uniforme dans la seconde. Pour une même finalité, on va encourager chacun à exprimer ses émotions et sa personnalité avant de l’engoncer dans une tenue unique qui vise au contraire à raboter ce qui fait la différence entre les individus. 

Plus que la capacité à se mettre à la place de l’autre, l’empathie est la faculté à pouvoir ressentir ses émotions. Les CM1-CM2 d’Emile Hugot l’ont bien compris. Depuis décembre, l’équipe pédagogique déjà impliquée dans le bien-être des adultes et des enfants de l’école, a décidé de profiter de ce nouvel enseignement, comme deux autres écoles de l’île. Une valise pédagogique pleine de mots d’émotions, la motivation des enseignants et la certitude que si ça marche au Danemark, ça doit bien pouvoir marcher chez nous font que, d’après Caroline Trilles, la directrice, « en quelques mois, on a déjà fait des progrès sur le climat général de l’école, avec moins de conflits et de harcèlement ». 

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Toutes les classes sont concernées, elles bénéficient de cet enseignement spécifique une fois par semaine et, chaque jour, des petits modules enrichissent la session. A savoir si les enfants actuels ont perdu en compétences sociales par rapport à leurs parents, par exemple depuis qu’ils ont accès très tôt aux écrans, Caroline Trilles ne remarque pas plus de violence dans la cour de récréation mais, en revanche, un vocabulaire qui s’appauvrit faute d’interactions dans les familles.

Dans la classe de Medhi Kabyle Rees, on « commence à oser verbaliser ». « Les bonnes choses, les mauvaises, on peut mettre un nom sur nos émotions. En échangeant avec les camarades, on se rend compte que l’on est tous confrontés à ces émotions parfois désagréables, il ne faut pas qu’elles se transforment en négativité », remarque le professeur. Préciser le vocabulaire, pouvoir graduer ses émotions, savoir que « furieux » c’est plus fort qu’ « énervé » dans le registre de la colère permettent de mieux dominer cette dernière.

« Les élèves aiment beaucoup ces cours », poursuit Medhi Kabyle Rees. « Ces cours ne sont pas disciplinaires, c’est-à-dire qu’ils ne demandent pas de connaissances scolaires. Ils permettent d’augmenter l’estime de soi, et aussi de devenir un meilleur citoyen même si la vie ne nous a pas gâtés », poursuit l’enseignant. « L’empathie est quand même naturelle. Quand on demande à quelqu’un s’il préfère faire le bien ou faire le mal, c’est très rare d’entendre la deuxième réponse », rassure le professeur.

Philippe Nanpon

A propos de l'auteur

Philippe Nanpon | Journaliste

Déménageur, béqueur d'clé dans le bâtiment, chauffeur de presse, pompiste, clown publicitaire à roller, après avoir suivi des études d’agriculture, puis journaliste depuis un tiers de siècle, Philippe Nanpon est également épris de culture, d’écologie et de bonne humeur. Il a rejoint l’équipe de Parallèle Sud pour partager à la fois son regard sur La Réunion et son engagement pour une société plus juste et équitable.

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