palais de justice de Saint-Denis

[Justice] On a eu le point d’accès au droit au téléphone

MAYA DESMIER SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DU CONSEIL DÉPARTEMENTAL D’ACCÈS AU DROIT

Le Conseil départemental de l’accès au droit de La Réunion ne compte qu’un salarié : sa secrétaire générale, qui ne reçoit pas le public. En revanche elle est chargée de coordonner l’action des Points Justice de l’île qui répondent, quant à eux, à quelque 100 000 consultations chaque année.

Le 6 mai dernier, les sympathisants du Collectif pour la réparation des injustices (CRI du 974) ont accompagné Anne-Claire Rouxel Marquet dans le hall du Palais de justice de Saint-Denis dans le but de dénoncer l’inefficacité du Conseil départemental de l’accès au droit à La Réunion (CDAD). De fait, les agents de l’accueil ont été incapables de les mettre en contact avec cette structure censée désengorger les tribunaux en orientant les justiciables dans leurs démarches notamment vers des solutions de conciliation.

La procureure de la République, Véronique Denizot, avait affirmé en réponse que le CDAD avait une activité réelle mais avait chargé la secrétaire générale de la structure d’apporter davantage de précisions sur ses actions et son bilan. Cette personne dont les manifestants doutaient de l’existence a téléphoné à Parallèle Sud, cette semaine. Elle s’appelle Maya Desmier, elle a 24 ans et a achevé ses études de droit à La Réunion. Elle est seule en poste depuis le mois de janvier « après une période de vacances », selon ses précisions, et déplore que l’accueil du tribunal soit « problématique ».

Déficit de communication

« J’ai bel et bien un bureau au tribunal, indique Maya Desmier. Mais je ne reçois pas de public. Les gens sont redirigés vers le Bureau d’aide aux victimes, soit vers le Service d’aide aux justiciables, ou encore vers le Point Justice qui est tenu par l’Arajufa ». La mission du CDAD consiste principalement à coordonner la trentaine de Points Justice répartis sur le département.

Si elle reconnaît un déficit en matière de communication, la secrétaire générale du CDAD de La Réunion, souligne la forte activité des fameux Points Justice, de leurs agents dédiés et de leurs divers contributeurs (notaires, huissiers, délégués du procureur, défenseurs des droits et diverses associations comme la Croix-Rouge). « Cette dame aurait tout à fait pu se rendre dans le Point Justice le plus proche de chez elle pour faire état de ses problèmes », dit-elle à l’attention de Mme Rouxel Marquet.

Cette dernière reprochait au CDAD de La Réunion de ne pas avoir signé de convention avec des associations comme la Fondation Abbé Pierre qui aurait alors pu intervenir dans son problème de logement. Ce à quoi la secrétaire générale répond qu’une telle convention, si elle existe dans d’autres départements, n’apporte aucune obligation à l’association d’intervenir.

100 000 consultations par an

Quant à l’activité des Points Justice de La Réunion, Maya Desmier affirme qu’elle est nettement supérieure à la moyenne nationale. « Certains Points Justice reçoivent jusqu’à 15 000 personnes sur une année pour formuler des demandes diverses et variées (violences intra-familiales, baux d’habitation, droits de la famille, litiges du quotidien, etc.). Ils sont ouverts du lundi au vendredi de 8h00 à 16h00. On approche les 100 000 consultations à l’année. C’est énorme ! Les personnes sont très en demande à La Réunion car la culture juridique y est plus lointaine. » En plus, certaines actions du CDAD amènent les partenaires juridiques à la rencontre des publics les plus éloignés, comme à Mafate. 

F.C.

A propos de l'auteur

Franck Cellier | Journaliste

Journaliste d’investigation, Franck Cellier a passé trente ans de sa carrière au Quotidien de la Réunion après un court passage au journal Témoignages à ses débuts. Ses reportages l’ont amené dans l’ensemble des îles de l’océan Indien ainsi que dans tous les recoins de La Réunion. Il porte un regard critique et pointu sur la politique et la société réunionnaise. Très attaché à la liberté d’expression et à l’indépendance, il entend défendre avec force ces valeurs au sein d’un média engagé et solidaire, Parallèle Sud.

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