LÉGISLATIVES
C’est une première depuis 1936. CGT et CGTR appellent à voter explicitement pour le Nouveau front populaire et contre le Rassemblement national. « C’est une dictature qu’ils nous préparent », assure Patrick Grondin, secrétaire confédéral CGTR.
« L’idéologie d’extrême droite a toujours été en faveur du grand capital, de la finance et du grand patronat », affirme Patrick Grondin, secrétaire confédéral CGTR. Hier jeudi matin, devant la préfecture, une centaine de militants syndicaux, répondant au mot d’ordre national, étaient réunis pour dire « non au fascisme » devant le risque que représente le Rassemblement national. Une première depuis 1936 puisque jamais depuis aucun syndicat n’a explicitement appelé à voter pour, ou contre, un candidat ou un parti en particulier.
« Il n’y a qu’à voir ce qu’ils ont voté à l’Assemblée nationale», poursuit le syndicaliste : « Contre l’augmentation du Smic, contre l’augmentation des petites retraites, contre l’augmentation des salaires des fonctionnaires, contre la diminution des aides publiques aux entreprises qui augmentent les dividendes et pas les salaires… » La liste est longue.
Et de poursuivre : « Ils veulent museler les médias, et ne sont pas une solution contre l’insécurité. Au contraire, ils attisent la haine entre les peuples, la population doit le savoir ». « C’est une dictature qu’ils nous préparent, fasciste et raciste. Ils avancent avec un faux nez. C’est faux de dire qu’on n’a pas essayé, il ne faut pas oublier l’histoire ; avec Pétain, les syndicats ont été interdits, nous avons de bonnes raisons de manifester », souligne Patrick Grondin.
Mais si la CGTR, tout comme la CGT, appelle à voter pour le Nouveau front populaire, « nous ne donnons pas un chèque en blanc. Nous serons vigilants à ce que le programme soit appliqué, il y aura des mobilisations ». Le syndicat rappelle que le programme du NFP comporte une augmentation du Smic à 1600 euros, le rétablissement de la retraite à 60 ans et des services publics de qualité.
Pour Wilson Payet, secrétaire confédéral du syndicat Port et Docks, « la première chose qui sera attaquée, c’est le droit de grève et les organisations syndicales. Il n’y a pas de mauvais jours pour faire grève, on parle déjà de l’interdire lors des départs en vacances ».
Si les T-shirts rouges étaient de mise pendant cette manifestation, les politiques en étaient absents. A l’exception de Ary Yee-Chong-Tchi-Kan, co-secrétaire du Parti communiste réunionnais et candidat aux Européennes sur la liste PCF. Il ne croit pas à une victoire locale du RN et de ses nouveaux représentants. « Les Réunionnais sont fatigués de ces louvoiements, ces retournements de vestes. Ils demandent à ce qu’on règle leurs problèmes, nous présentons un projet consensuel, un parler vrai, qui va redonner la confiances des électeurs. » Et, à la question de la division à gauche localement, l’ennemi intime d’Huguette Bello explique que le NFP n’a rien prévu de spécifique pour les Outre-mer. « J’ai fait le tour de l’île pendant la campagne des Européennes ; la situation à La Réunion est la même qu’avant 1981. »
Philippe Nanpon