Kilian Giordano vétérinaire spa dispensaire saint-denis

[SPA] Les vaccins au dispensaire, c’est fini

LES LIMITES DE LA GRATUITÉ

Depuis que les vaccins et consultations sont en libre participation, la SPA n’a plus les moyens de vacciner les animaux dans son dispensaire de Saint-Denis.

vétérinaire spa dispensaire saint-denis
Depuis le lundi de la rentrée scolaire, la SPA n’assure plus les vaccinations.

« Je suis outrée qu’un service social pour les animaux soit ainsi privé de ses services à cause de parasites égoïstes qui n’ont pas évalué les conséquences dramatiques de leurs actes », s’emporte une habituée. A Saint-Denis, la SPA (Société protectrice des animaux) dispose d’un dispensaire pour les animaux à tarif réduit. Un dispensaire qui propose soins, vaccinations, chirurgie pour les animaux aux personnes qui ne peuvent se permettre de payer une consultation en ville. Un service bien sûr très appréciable, et très apprécié de nos concitoyens à petits revenus.

« Cela fait des années que je m’y rends car, pour seulement 20 euros, on avait une consultation générale rapide et la vaccination.  Quand je pouvais je payais un peu plus et c’était considéré comme un don auprès de l’association. 

« J’y suis allée il y a un mois et tout s’est passé normalement à par le fait que le règlement était libre.  Avant de régler les 20 euros habituels je leur ai demandé si c’était suffisant et, avec un grand sourire ils m’ont remerciée. Aujourd’hui, le vétérinaire m’a dit qu’il ne sera pas possible de faire le vaccin de rappel car ils n’ont plus le budget pour acheter les vaccins. Trop de personnes ont abusé du système », raconte la maîtresse d’un malinois. 

  • Kilian Giordano vétérinaire spa dispensaire saint-denis
  • vétérinaire spa dispensaire saint-denis

Comme l’exprime cette propriétaire de chien, le service s’est récemment dégradé. Au grand dam de Jean-Luc Mignot, président de la SPA Réunion, qui nous explique la situation. 

« Ce dispensaire existe depuis les années 2000 », commence le président de la SPA. « Il a pour but de soigner gratuitement les animaux des personnes qui sont non imposables », poursuit-il. Bien sûr, il le reconnait, il y a quelques abus et tricheries sur la feuille d’imposition. Du coup, il faut que l’animal soit identifié et que son propriétaire officiel vienne à la consultation. « En 2020, je suis devenu président, et l’on s’est rendu compte qu’on avait certaines pratiques en totale opposition à la loi, et ces pratiques ont disparues », explique Jean-Luc Mignot. Ces pratiques, notamment revendre à prix coûtant des médicaments, allaient pourtant dans le sens de l’aide, mais la loi est la loi. 

Plus récemment, alors que la consultation était facturée 10 euros (contre au moins 40 en ville), elle est devenue gratuite. Pas gratuite d’ailleurs, à la bonne volonté plutôt, en libre participation. « Et 99 % des usagers ne versent plus rien », regrette Jean-Luc Mignot qui dit avoir, depuis, dû arrêter les vaccinations, « devenues trop chères ». « A vouloir ne rien payer du tout, ce sera maintenant plus onéreux, puisqu’il faudra aller dans un cabinet vétérinaire », regrette-t-il. «J’ai vu une dame en pleurs à l’annonce qu’on ne lui vaccinerait plus son chat», témoigne Kilian Giordano, vétérinaire de la SPA.

S’il parle de s’être « tiré une balle dans le pied » à propos de ses usagers, Jean-Luc Mignot assure qu’ « on ne peut pas revenir en arrière » en termes de politique tarifaire. Et face à des soupçons d’ « emprofitage », on peut convenir que la possibilité de gratuité est une aubaine pour bien des gens qui doivent compter chaque euro et veulent avant tout pouvoir nourrir leur famille jusqu’à la fin du mois. 

Plus de vaccins gratuits? En effet, le dispensaire n’a pas un budget infini. Il salarie deux vétérinaires diplômés, et quelques fois des stagiaires venus des écoles de l’Hexagone mais toujours sous le contrôle des titulaires. Il est financé par les stérilisations payées par la Cinor sous forme de prestations. Et la SPA par les dons. « Nous ne recevons aucune subvention, ni par l’Etat, ni par la Région, ni par le Département », précise son président.   

Philippe Nanpon

.

Vaccins SPA Saint-Denis

A propos de l'auteur

Philippe Nanpon | Journaliste

Déménageur, béqueur d'clé dans le bâtiment, chauffeur de presse, pompiste, clown publicitaire à roller, après avoir suivi des études d’agriculture, puis journaliste depuis un tiers de siècle, Philippe Nanpon est également épris de culture, d’écologie et de bonne humeur. Il a rejoint l’équipe de Parallèle Sud pour partager à la fois son regard sur La Réunion et son engagement pour une société plus juste et équitable.

PARALLELE SUD

GRATUIT
VOIR