Rencontre avec Emilie Gallet, l'ancienne directrice de Phénix Réunion.

[Rencontre] Où en est le gaspillage et l’aide alimentaire à La Réunion ?

EMILIE GALLET, ANCIENNE DIRECTRICE DE PHENIX RÉUNION

Chaque jour, entre 400 et 1000 kg de nourriture sont sauvés dans les grandes surfaces de l’île. C’est ce que nous explique Emilie Gallet, qui vient il y a quelques semaines de quitter son poste de directrice au sein de l’entreprise Phénix à La Réunion. Elle nous reçoit chez elle, à la fin du mois de juillet 2024, au Petit Serré, sur la route de Cilaos pour parler d’aide alimentaire et de gaspillage alimentaire.

Un Réunionnais sur dix a déjà bénéficié de l’aide alimentaire. Celle-ci augmente de 10 % chaque année.

L’entreprise Phénix s’est donné pour mission première de lutter contre le gaspillage alimentaire en accompagnant tous les acteurs de la chaîne de distribution (industriels, agriculteurs, grande distribution, petits commerçants…). L’entreprise, créée en 2019 à La Réunion, s’est fait connaître pour son application qui permet de redistribuer les invendus (croissants de la veille en boulangerie, etc.).

Une soixantaine d’associations habilitées sur l’île

Elle travaille avec une soixantaine d’associations sur toute l’île habilitées à redistribuer la nourriture (comme Sainte Thérèse à Saint-Pierre, AECP à Saint-Benoît, ACH (coopération humanitaire), Redonne-moi le sourire à Saint-André).

Dans cet entretien, Emilie Gallet précise que l’aide alimentaire a deux sources d’approvisionnement : les fonds européens qui envoient des produits de longue conservation, bas de gamme, par bateau, à la banque alimentaire et à la Croix-Rouge, et « les ramasses » : les invendus que récupèrent les associations.

« L’entreprise récupère de la défiscalisation sur ce qu’elle donne aux associations. Ce système-là veut limiter le gaspillage alimentaire mais, de l’autre côté, une partie de l’aide alimentaire repose dessus. Mais donc, si le magasin a moins à jeter, il a moins à donner aussi. […] C’est tout le paradoxe de Phénix, c’est génial de lutter contre le gaspillage alimentaire, mais on voit aussi la réalité du monde de l’aide alimentaire. Il faut certes aider les magasins à moins jeter mais aussi aider les associations à s’approvisionner. »

« Allier l’écologie à la lutte contre la précarité »

« Aujourd’hui, il y a des enjeux à trouver d’autres sources d’approvisionnement pour l’aide alimentaire », affirme l’ancienne directrice de Phénix. « Désormais, on cible pour trouver des produits qui vont intéresser les associations comme les produits frais, fruits et légumes, etc. Donc on cherche des partenaires en ce sens. »

Aujourd’hui, Emilie Gallet milite via l’association Zéro Déchet. « Mon combat est un peu d’allier l’écologie à la lutte contre la précarité. Par exemple, faire sa lessive coûte beaucoup moins cher que l’acheter au supermarché. »

Entretien : Jéromine Santo-Gammaire
Cadrage : Sébastien Fontaine

A propos de l'auteur

Jéromine Santo Gammaire | Journaliste

En quête d’un journalisme plus humain et plus inspirant, Jéromine Santo-Gammaire décide en 2020 de créer un média indépendant, Parallèle Sud. Auparavant, elle a travaillé comme journaliste dans différentes publications en ligne puis pendant près de quatre ans au Quotidien de La Réunion. Elle entend désormais mettre en avant les actions de Réunionnais pour un monde résilient, respectueux de tous les écosystèmes. Elle voit le journalisme comme un outil collectif pour aider à construire la société de demain et à trouver des solutions durables.

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