Sous le ciel de La Réunion, où les étoiles devraient danser comme dans le célèbre tableau La Nuit étoilée de Van Gogh, une lutte silencieuse se déroule pour préserver la beauté naturelle de l’île. Les tourbillons lumineux qui, dans l’œuvre du peintre, captivent par leur éclat, sont ici remplacés par des lumières artificielles menaçant l’harmonie nocturne.
En effet, à La Réunion, l’obscurité n’est pas seulement une absence de lumière, mais un acte de préservation. Pourquoi vous demandez vous ? La réponse est sans appel : chaque année, l’île s’engage dans une lutte cruciale contre la pollution lumineuse pour protéger le Pétrel de Barau, un oiseau marin endémique en danger d’extinction. Ces efforts se concentrent particulièrement lors de l’opération « Nuits sans lumière », un mois durant lequel les lumières artificielles s’éteignent pour permettre à ces oiseaux de prendre leur envol en toute sécurité.
Les Pétrels de Barau : victimes de la lumière
Les jeunes pétrels quittent leurs nids situés dans les hauts remparts de l’île pour rejoindre l’océan. Cependant, attirés par les lumières artificielles des villes, ils se désorientent et s’échouent souvent au sol, incapables de redécoller sans aide. À Cilaos, commune proche des colonies de pétrels, les éclairages publics et privés sont restés allumés, contribuant à un échouage massif. En 2024, en un mois et demi seulement, plus de 788 pétrels ont été retrouvés échoués à Cilaos. Cette situation souligne l’urgence d’adapter les éclairages pour protéger ces oiseaux vulnérables.
Pollution sonore : le bruit qui nous entoure
La pollution sonore est définie comme tout son indésirable ou perturbateur affectant la santé et le bien-être des humains et des autres organismes. À La Réunion, comme ailleurs, le bruit des voitures, des avions et des chantiers contribue à ce problème invisible mais omniprésent. Le bruit peut causer, bien entendu, une perte auditive induite par le bruit , mais également du stress, et même des maladies cardiaques. Des études sérieuses montrent que le bruit est responsable de 12 000 décès prématurés et 48 000 nouveaux cas de maladies cardiaques chaque année en Europe.
Pollution visuelle : l’envahissement des yeux
La pollution visuelle se manifeste par la dégradation de l’environnement visuel due à des éléments peu attrayants ou perturbateurs. À La Réunion, cela peut inclure les panneaux publicitaires envahissants ou les câbles électriques qui encombrent le paysage. Cette pollution peut entraîner une fatigue oculaire et diminuer notre capacité à apprécier notre environnement naturel.
Conséquences sur la biodiversité et la santé humaine
La pollution lumineuse ne perturbe pas seulement les pétrels. Elle affecte également d’autres espèces comme les tortues marines et a des répercussions sur la santé humaine, perturbant le sommeil et augmentant le stress. Les « Nuits sans lumière » visent à sensibiliser la population à ces enjeux tout en réalisant des économies d’énergie significatives.
Entre initiatives locales et solutions durables
À La Réunion, plusieurs initiatives locales ont été mises en place pour réduire la pollution lumineuse. Parmi les plus efficaces figurent :
– Nuits Sans Lumières: cette opération, organisée par la SEOR (Société d’Études Ornithologiques de La Réunion) et le Parc national, consiste à éteindre l’éclairage public durant un mois, généralement d’avril à mai, pour coïncider avec la période critique d’envol des jeunes pétrels.
– Utilisation de luminaires à basse température : sur le nouveau Pont de la rivière Saint-Denis, des luminaires adaptés ont remplacé les anciens avec une température de couleur de 2700K ce qui est une intensité plus douce douce.
– Sensibilisation et application des Réglementations: la SEOR mène régulièrement des actions de sensibilisation et applique des réglementations strictes concernant l’extinction des lumières non conformes.
Cependant, malgré ces efforts, certaines zones comme Cilaos continuent d’être problématiques en raison du manque d’extinction des éclairages publics pendant les périodes critiques. Aure exemple marquant, à Saint-Pierre, l’écran géant du Cinéma Grand Sud est pointé du doigt pour sa contribution significative à la pollution lumineuse. En 2023, plus d’une vingtaine de pétrels se sont échoués autour du cinéma au pied des spectateurs.
Régulièrement, des associations environnementales alertent l’État et les décideurs sur la nécessité d’intensifier les efforts contre ces pollutions sonores, visuelles et lumineuses. Leur appel résonne comme un rappel urgent que chaque geste compte dans cette lutte collective. Mais il est vrai que ces dernières ne se sentent pas suffisamment entendues ou comprises par les autorités compétentes et demandent avec détermination une rencontre avec le Préfet afin de faire appliquer la Loi auprès des municipalités récalcitrantes.
En conclusion, j’ai envie de partager avec vous un petit moment de bonheur avec Hubert Reeves qui nous rappelle avec poésie que « Le ciel étoilé, c’est magique. » Il souligne l’importance de redécouvrir cette beauté naturelle souvent perdue dans nos vies modernes en disant également :
« Il faut redonner le ciel aux gens. »
Ces mots résonnent comme un appel à préserver notre connexion avec la Nature et l’Univers.
Ensemble, prenons conscience de ces pollutions invisibles et engageons-nous à créer un environnement où nos sens peuvent enfin respirer librement.
Grâce à ces efforts concertés, La Réunion montre que protéger sa biodiversité est possible tout en préservant le bien-être humain.
Astrid Piedbois
Chaque contribution publiée sur le média nous semble répondre aux critères élémentaires de respect des personnes et des communautés. Elle reflète l’opinion de son ou ses signataires, pas forcément celle du comité de lecture de Parallèle Sud.
