ESCLAVAGE, CRIME CONTRE L’HUMANITÉ
La statue de Mahé de Labourdonnais a été mise à l’abri dans un lieu « sécurisé ». Entre les juges administratifs et les ministères de la Culture et des Armées, les procédures légales mettent en suspens son déplacement vers la caserne Lambert.
Combien de temps aurait pris, de son vivant, Mahé de Labourdonnais pour parcourir les 750 mètres qui séparent l’actuel hôtel de préfecture de la caserne Lambert ? En tout cas, sa statue a bien du mal à rejoindre son futur lieu de reboulonnage.
Ce monument historique symbolise son « rôle d’esclavagiste tout à fait détestable », comme l’avait repris l’ancien préfet Jérôme Filippini. Il y a un an et demi, il avait validé son évacuation de la place publique mise en œuvre par la maire de Saint-Denis, Ericka Bareigts. Celle-ci répondait alors à la revendication du collectif Laproptaz qu’elle avait rencontré un an auparavant…
On croyait que la messe était dite après l’enlèvement de la statue le 4 décembre 2023 et la décision du tribunal administratif validant l’évacuation en février dernier. Mais cette longue, passionnante et complexe affaire prend du temps à trouver sa conclusion.
Négociations avec les ministères de la Culture et des Armées
Selon les informations récupérées auprès des services de l’Etat et de la mairie de Saint-Denis, cette dernière n’a pas encore trouvé l’artisan d’art qualifié pour entreprendre la restauration de la statue qui reste visiblement à l’abri.
Selon la direction de la culture de la mairie, « La statue de Mahé de Labourdonnais est actuellement stockée dans un lieu sécurisé. Les procédures légales nécessaires, entre le ministère de la Culture, le ministère des Armées et la ville de Saint-Denis, se poursuivent pour permettre son transfert administratif. »
La mairie programme toujours sa réinstallation dans la caserne Lambert au cours de l’année 2025. Entretemps, le tribunal administratif devra à nouveau se prononcer sur toute la procédure. L’audience devrait avoir lieu dans quelques semaines. Et la réponse de la mairie montre également que rien n’est bouclé avec les différents ministères, Culture et Armées.
Or il se trouve que la donne politique nationale a changé. L’ambiance n’est plus la même. Il n’est pas sûr que le nouveau gouvernement, et le nouveau préfet, soient des fervents défenseurs de la ré-appropriation de l’histoire par les descendants des victimes de l’esclavage.
Franck Cellier
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