A Saint-Paul, Emmaüs donne une seconde vie aux encombrants

Une douzaine d’emplois d’insertion, dédiés à la remise en état des encombrants devraient être créés dans les nouveaux locaux d’Emmaüs, et permette à l’association de s’implanter durablement dans l’Ouest. 

Ce jeudi 12 décembre 2024, avait lieu l’inauguration des locaux d’un nouveau centre de valorisation des encombrants, dans la zone industrielle de Cambaie, à Saint-Paul. Ce projet est le fruit d’un partenariat entre la société réunionnaise HC Environnement avec l’association Emmaus Réunion et le Territoire de l’Ouest.

“Créer de l’emploi local, limiter les déchets et contribuer à maintenir la richesse sur le territoire réunionnais tout en favorisant l’inclusion sociale”, voici l’objectif premier du projet, présenté par les trois partenaires locaux. Au total, grâce à une collecte dite préservante, permise par le passage de camions spéciaux plus petits et plus méticuleux que les grands camions-grues, qui parfois voire souvent, endommagent les encombrants, ce serait 5% de la collecte générale des encombrants qui seraient mis de côté pour intégrer un circuit de valorisation. 

Une fois réceptionnés sur le nouveau site Emmaüs de Cambaie, ces encombrant seront étudiés à la loupe, puis pour ceux qui passeront le test de la réparabilité, feront peau neuve grâce au employés d’insertion d’Emmaüs, pour être revendus dans le réseau de boutiques réparties sur l’île. L’entreprise HCe, avec le Territoire de l’Ouest et l’association Emmaüs, visent un pourcentage de 40% de ces encombrants ramenés à l’issue de la collecte préservante, pouvant être revendus par Emmaüs. Pour le reste, les encombrants sont disposés dans des bennes spéciales, mises à disposition par les éco-organismes des deux filières REP concernées: la filière DEA (Déchets des éléments d’ameublement)  gérée par Eco-Maison, et la filière DEEE ( Déchets d’équipements électriques et électroniques ), confiée à Eco-system.

Benne de l’éco-organisme EcoMaison pour les déchets d’ameublements
Benne de l’éco-organisme Eco System pour les déchets électriques et électroniques

Evolution de la réglementation pour la revalorisation des déchets 

Ce projet, initié par le TCO fait écho à une évolution globale de la réglementation nationale en faveur de l’économie circulaire, avec notamment le décret 3R  ( Réduction, Réemploi et Recyclage) visant particulièrement les plastiques à usage unique. La loi AGEC ( Anti-Gaspillage et Économie circulaire)  va dans le sens du transfert du coût de traitement et de gestion des déchets en fin de vie, vers les acteurs à l’origine de la production et de la mise sur le marché de ces produits. Cette loi, votée en janvier 2022 a notamment élargi les filières REP ( Responsabilité élargie du producteur), à la filière des déchets DEA, directement impliquée dans ce projet de Cambaie, sur le principe du pollueur payeur. 

Une majorité de déchets encore enfouis ou incinérés 

En matière de valorisation et d’économie circulaire, nous partons de loin, comme en témoignent les chiffres donnés par Nicolas Guerin, directeur de la Gestion des déchets et de l’errance animale de la communauté d’agglomération TCO. “Aujourd’hui, sur les plateformes de tri, 10 a 12% des encombrants repartent dans les filières, et tout le reste va à l’enfouissement. Concernant les gisements de déchets à l’échelle du TCO, 5000 tonnes viennent des dépôts sauvages, 5000 viennent de la collecte en porte à porte et 10 000 sont proviennent des déchèteries. A l’échelle du syndicat mixte de traitement des déchets des micro régions sud et ouest de la Réunion, on est à 50 000 tonnes, il faudrait qu’on arrive à enlever 5000 à 7000 tonnes d’encombrants pour leur donner une seconde vie.”

Les deux sites d’enfouissement, ce sont ceux de Sainte-Suzanne, et de Pierrefonds. A la Réunion, comme expliqué par Nicolas Guérin, certains déchets sont exportés, à l’instar des batteries lithium qui sont d’abord stockées sur le territoire, puis envoyées en métropole. D’autres déchets électroniques sont envoyés dans des filières de recyclages étrangères, notamment en Afrique du Sud ou Inde. Ce qui guide les politiques de valorisation, c’est aussi et d’abord l’enjeu de rentabilité. “ Pour créer des filières de recyclage locale, il faut avoir des gisements suffisants, vous savez”, explique le directeur de la Gestion des déchets au TCO. Pas assez de déchets pour être systématiquement recyclés ou valorisés, mais une hausse globale et constante des déchets selon les études territoriales. Par exemple, selon le PRPGD ( Plan régional de prévention et de gestion des déchets ), publié en mars 2024, entre 2015 et 2018, les tonnages d’encombrants collectés en porte-à-porte ont augmenté de 22,8%. Le serpent semble se mordre la queue sur cette problématique déchets. Par ailleurs et en attendant, l’initiative de Cambaie se montre vertueuse tant sur le plan environnemental que social.

“ Ce projet va créer des emplois et former des gens “

Emmanuel Séraphin, président du Territoire de l’Ouest insiste sur la dimension sociale du projet. “Cela va permettre à des personnes de se former à des métiers de réparation, et donc d’être un vrai gisement d’emploi. Parfois, il suffit juste de changer la carte mère, et donc qui peut être réutilisé. Il y avait à l’époque dans les quartiers et toujours maintenant, des personnes qui réparent les objets, donc c’est important de valoriser ces compétences la.” 

En fin de matinée, et en présence du président d’Emmaüs Réunion Bernard Grondin ayant rappelé dans un discours, les origines et l’importance des actions de lutte contre la pauvreté sur le territoire, la plaque en bois gravée à l’occasion de cette journée d’inauguration, fut découverte de son tissu et restera sur le mur, a côté de l’entrée des nouveaux locaux. Reste à voir comment cette initiative pourra influencer d’autres acteurs et collectivités territoriales à miser sur l’économie circulaire comme solution durable de réduction des déchets à la source et valorisation des gisements existants. 

Les représentants officiels de la direction du groupe HC Environnement, ( Guillaume How Choong ), Bernard Grondin directeur d’Emmaüs Réunion, Emmanuel Séraphin directeur du Territoire de l’Ouest

Sarah Cortier

A propos de l'auteur

Sarah Cortier | Etudiante en journalisme

Issue d’une formation de sciences politiques appliquées à la transition écologique, Sarah souhaite désormais se former au métier de journaliste qui la fait rêver depuis toujours. Persuadée que le journalisme est un moyen de créer de nouveaux récits et d’apporter de nouveaux regards sur le monde pour le faire évoluer, Sarah souhaite participer à ce travail journalistique engagé aux côtés de Parallèle Sud.

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