[A QUOI RÊVENT LES ZAZALE, 4/5]
Comment construire une nouvelle société lorsque l’on a décidé de s’installer au milieu de la ville et de la circulation, sur un rond-point? C’est la question intrinsèque et perpétuelle qui anime la vie sur le QG des Zazalé, au Tampon. Dans cette série de podcasts, en partenariat avec Radio Nova, vous découvrirez l’envers du décor de ce qu’il se passe au centre du rond. Dans ce quatrième épisode, il est question d’accueil social, pour des personnes dans le besoin qui n’ont plus d’endroit où aller.
Depuis le Covid, le nombre de personnes accueillies sur le rond-point a augmenté. « Même la Croix rouge ou le CCAS ici au Tampon nous les envoient ! » souligne Nini, qui fréquente le lieu depuis près de deux ans. De quoi surprendre lorsque l’on sait que les habitants du QG Zazalé ne sont pas formés, ne sont pas des professionnels. « Mais il n’y a pas besoin de diplôme pour apporter de l’aide, de l’écoute », estime Nini. Visiblement, les structures d’accueil, souvent saturées, sont loin d’être satisfaisantes pour les personnes qui les fréquentent, comme en témoigne Hélène qui en a vu plusieurs.
« Même la Croix rouge ou le CCAS nous envoient des gens ! »
Ces derniers mois, l’accueil social a pris davantage de place sur le rond-point. Pour plusieurs raisons : les mesures sanitaires mais aussi des contrôles judiciaires empêchant la participation de certains militants aux manifestations, ou décourageant tout simplement la participation à des actions. Mais pour Nini, et d’autres, l’accueil de personnes dans le besoin fait partie de la solidarité dont nous parlions dans le 2e épisode. C’est un mode de militantisme.
Hélène et Djaha ont des trajectoires de vie difficiles, très différentes, avec un point commun, leur passage au QG Zazalé. Elles sont restées là pour des périodes de temps différentes. La première oscille entre les centres d’hébergement et sa relation avec un conjoint violent. La seconde, d’origine comorienne, a dû s’installer à la Réunion pour raisons de santé. La vie l’a poussée à devoir quitter le lieu où elle était hébergée. Sans famille, elle n’avait plus d’autre option. Elles racontent dans ce podcast leur arrivée sur le rond-point.
Trois jours d’accueil social inconditionnel
Les profils sont multiples. Les personnes peuvent rester trois jours de manière inconditionnelle. Elles sont inclues dans l’organisation de la vie sur place, dans les activités aussi. Les membres du QG Zazalé posent les règles dès le début. L’esprit de groupe permet à certains de s’intégrer, de trouver une place et de sortir de la spirale descendante dans laquelle ils étaient tombés. Mais parfois ce n’est pas possible et les militants ont aussi appris à exclure quelqu’un dont la présence peut mettre en danger le groupe. S’il a déjà été condamné pour des violences par exemple.