LIBRE EXPRESSION
Alors que la crise de l’eau était à son paroxysme sur l’Est en janvier, demander une « enquête parlementaire » sur le basculement des eaux d’Est en Ouest, comme l’a fait le président de la CIREST le 13 janvier dernier, est une voie sans issue.
En effet, il existe depuis plus de 20 ans déjà une « enquête journalistique », courageuse et éclairée, publiée dans Le Quotidien de la Réunion des 4, 5 et 6 juillet 2002, intitulée « Jackpot sur l’Ouest », qui révèle beaucoup « des secrets de la spéculation ». Cette enquête restera une référence sur le sujet. À relire absolument.
La ressource en eau existe sur l’Est. Le problème central est :
- la mobilisation de cette eau
- la distribution de cette eau au robinet de tous
Pour résoudre ce problème, le responsable de l’agriculture et de l’eau au conseil départemental confirmait l’évidence dans Le Quotidien du 15 janvier en déclarant : « Il manque à l’Est, des infrastructures ».
Reconnaissance tardive d’une injustice criante, quand des investissements énormes, de plus de 540 M€, ont été réalisés pour le basculement des eaux à l’Ouest, avec des eaux de l’Est, alors que si peu de fonds ont été mobilisés pour cette même région.
En effet :
- retenues collinaires,
- citernes de stockage de proximité,
- forages interconnectés toujours différés,
- amélioration des rendements des réseaux,
auraient été autant d’investissements nécessaires et utiles à l’Est.
La crise, due au manque d’eau particulièrement grave cette année 2025, affectant très sérieusement les communes de Saint-André et de Salazie, est un révélateur de l’injustice criante qui frappe l’Est, dans l’aménagement de son territoire à partir d’un élément tel que l’eau, nécessaire, indispensable et vitale même, pour tout développement durable.
De même, cette crise majeure de l’eau est une opportunité pour que le SOS, le cri d’alarme de l’Est soit enfin entendu.
Lorsque l’usine hydroélectrique de La Marine à Sainte-Rose rejette, depuis plus de 40 ans, 190 millions de m³ par an à la mer, alors que les Saint-Andréens entendent que cela représente plus de 20 000 m³ par heure et que leur propre besoin est de seulement 600 m³ par heure, il y a aujourd’hui urgence à agir, avant que cette situation ne soit comprise définitivement comme une provocation.
Et que penser de la situation des Salaziennes et Salaziens, qui n’ont reçu aucune contrepartie à laquelle ils étaient pourtant en droit d’attendre, du basculement des eaux, dont la deuxième phase prend source pourtant chez eux…
De même, pour écarter du débat toutes polémiques opportunément lancées sur la question de savoir pourquoi les élus, aujourd’hui seulement, s’occupent de l’eau de La Marine de Sainte-Rose ou encore du basculement à l’Ouest de l’eau de l’Est ?
Gardons à l’esprit deux éléments factuels pour éviter de noyer les faits :
- En premier lieu, la conception de l’usine hydroélectrique de La Marine date des années 70, au cours desquelles bon nombre d’élus d’aujourd’hui étaient encore au lycée, voire à l’université.
- En second lieu, le basculement des eaux d’Est en Ouest, dont la conception est réalisée dans les années 80, procède du même constat, enrichi celui-là par une débauche de passe-droits inarrêtables par quiconque, lesquels passe-droits n’auront pour finalité que de servir des intérêts privés sur une spéculation sans limite dans l’Ouest (relire absolument l’enquête du Quotidien de la Réunion des 4, 5 et 6 juillet 2002 intitulée « Jackpot dans l’Ouest »).
Ces constats font notre histoire. Il nous faut à présent :
- la défendre, cette histoire, pour qu’elle ne soit pas falsifiée,
- en tirer des leçons pour les générations à venir,
- et préparer l’avenir.
Cet avenir sera ce que nous en ferons. C’est principalement de la responsabilité réunionnaise dont dépendra l’issue de ces enjeux.
On nous indique qu’une conférence sur l’eau sera convoquée. La ville de Sainte-Rose y participera si elle y est conviée, pour rappeler fortement trois choses :
- D’abord, l’impérieuse nécessité de réparer l’injustice criante dont l’Est est victime à propos des fonds publics alloués aux infrastructures consacrées à l’eau, sans commune mesure avec les 540 M€ mobilisés pour celles du basculement des eaux à l’Ouest, en plus de la matière première offerte par l’Est.
- En second lieu, la ville de Sainte-Rose rappellera qu’il est à présent devenu insoutenable d’expliquer le rejet de 190 millions de m³ d’eau douce à la mer, à La Marine. Le moment est venu d’arrêter un projet de mobilisation de cette richesse, symbole de la vie, et de son utilisation la plus judicieuse, au bénéfice des populations de l’Est aussi.
En ouverture de tout débat sur ce sujet et afin d’éviter de le couler avant de le lancer, il sera écarté toute idée de refoulement de l’eau de la côte zéro en altitude.
- Enfin, le dossier de l’eau dans l’Est doit constituer un petit dénominateur commun entre tous les élus de l’Est, tant ils sont embarqués sur le même bateau. C’est la première condition à réunir pour espérer réussir.
Michel Vergoz, maire de Sainte-Rose
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