En octobre 2024 , l’organisation non gouvernementale Bloom dénonçait un scandale sanitaire après avoir relevé que toutes les boîtes de thon analysées présentaient des taux de mercure alarmants. Nous avons contacté la DAAF (direction de l’alimentation, de l’agriculture et des forêts) pour faire le point sur la situation à La Réunion. Sans surprise, on nous a répondu que tout va très bien…

Il y a quelques mois, en fin d’année dernière, l’organisation non gouvernementale (ONG) Bloom, avec Food Watch, a sorti les résultats d’une enquête qui indique que le taux de mercure dans les boîtes de thon, et dans le thon frais, dépasse souvent la norme autorisée pour les autres poissons. Tout en respectant les normes édictée pour le thon qui sont jusqu’à trois fois supérieures à celles des autres poissons. Le mercure du thon est-il moins nocif que celui des sardines ou du cabillaud ? Non, mais sous la pression des industriels – le thon, notamment en boîte, est le poisson le plus consommé en France et en Europe – les normes sont adaptées à la réalité de la contamination au mercure des poissons, «pas en fonction de la santé publique» dénonce Julie Guterman, chargée de recherche pour Zoom.
Le mercure est un neurotoxique des plus préoccupants d’après l’OMS (organisation mondiale de la santé). Il s’attaque au cerveau, surtout celui des foetus et des jeunes enfants qui risquent des pertes de quotient intellectuel, des troubles de l’attention, moteurs et de coordination. Le mercure est rejeté dans l’atmosphère par l’industrie par milliers de tonnes chaque année ; il se mélange aux eaux des océans et atteint des quantités importantes chez les poissons qui sont en haut de la chaîne alimentaire.
La situation est-elle différente sur notre île. Non, bien sûr, le problème concerne toutes les mers et tous les océans. A nos question, la Daaf a préféré garder un discours rassurant. Mais, encore une fois, la préfecture nous a demandé nos questions par écrit et nous a répondu par le même canal. En oubliant les deux ou trois questions pourtant les plus intéressantes. Et nous privant de discuter avec un spécialiste avec qui nous aurions pu approfondir les questions. Voici ci-dessous les réponses obtenues :
Des analyses du poisson pêché à La Réunion sont-elles régulièrement réalisées ?
En 2024, 252 prélèvements ont été réalisés sur les poissons de mer au stade de la distribution sur le territoire national (Métropole et DOM) dont 3 à La Réunion.
Quels sont les résultats de ces analyses ?
A l’occasion des contrôles réalisés dans le domaine de la sécurité alimentaire, la direction de l’alimentation, de l’agriculture et des forêts (DAAF) de La Réunion n’a pas relevé de dépassement des teneurs maximales autorisées en mercure sur le thon.
NB : rappelons ici que les teneurs maximales autorisées en mercure sur le thon par l’Union européenne est de 1 MG par kilo de poisson frais, contre 0,3 pour les autres poissons.
Quel est le seuil maximal autorisé ?
Concernant le mercure, pour le thon, la teneur maximum est de 1 mg/kg (pour le poids à l’état frais).
La conservation du poisson (réfrigération, surgélation) a-t-elle un impact sur le taux de mercure ?
La conservation n’a pas d’impact sur la concentration en mercure.
Qu’en est-il du thon en boîte distribué à La Réunion ?
Des contrôles réguliers sont réalisés dans les réseaux de distribution alimentaire sur différentes denrées fraîches ou en conserve. Ils n’ont pas révélé de dépassement des normes applicables sur le thon en conserve.
Une prévention est-elle envisagée ?
L’agence nationale de la sécurité alimentaire (ANSES) émet des préconisations consistant à limiter la consommation hebdomadaire de poissons prédateurs sauvages tels que le thon, bien qu’ils aient des qualités nutritionnelles (acides gras essentiels, protéines, vitamines, minéraux et oligoélements).
En revanche, les questions plus précises sur les dangers de la consommation de mercure (« Quels dangers représente la consommation de mercure pour la santé ? A partir de quelle fréquence la consommation de thon peut-elle être dangereuse pour la santé ? Existe-t-il des maladies directement liées à la consommation de mercure ? ») sont restées sans réponse.
Propos recueillis par Léa Morineau
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