À Saint-Denis, la mairie attend le feu vert des services de l’Etat pour évacuer l’amiante abandonné dans ses locaux. À Saint-Paul, les autorités semblent ignorer la persistance d’un entreposage sauvage menaçant la santé publique.
Suite à l’annonce de l’entreposage sauvage d’une centaine de big-bags de déchets amiantés dans un local privé non sécurisé de la Plaine Saint-Paul, seule la mairie de Saint-Denis a répondu à nos sollicitations. En effet, une petite partie des déchets empoisonnés est conservée dans ses locaux.
Contrairement à ce qui se passe à la Plaine Saint-Paul, la situation est « sous contrôle » à Saint-Denis et la mairie dionysienne explique : « Pendant la période du Covid, la filière d’exportation de l’amiante vers la métropole a été interrompue. Dans ce contexte, nous avons dû entreposer temporairement, dans un lieu sécurisé, des déchets amiantés de nos chantiers en attendant que la filière soit rétablie. Malheureusement, la situation s’est prolongée, et près de 1,5 tonne d’amiante se sont retrouvées stockées sur le site. »
La municipalité s’est constituée « partie civile » dans l’affaire pour laquelle la société Amiante Ingénierie Réunion est poursuivie pour gestion irrégulière de déchets amiantés. Elle note que c’est l’ouverture d’une enquête qui a « empêché toute évacuation jusqu’à présent » car « les matériaux étaient devenus des éléments de preuve ».
Et la mairie de préciser : « Aujourd’hui, nous n’avons plus besoin de conserver ces déchets. Nous collaborons désormais avec une autre entreprise spécialisée pour procéder à leur enlèvement dans le strict respect des règles de sécurité. Cette opération nécessite toutefois l’autorisation préalable de la Direction du Travail et des organismes agréés, que nous attendons actuellement. »
Le propriétaire victime devant la justice, responsable devant l’État
Le cas saint-paulois apparaît plus complexe. Le risque que fait peser l’entreposage sauvage sur la santé et l’environnement est connu des services de l’Etat et de la commune qui a reçu, en septembre 2023, copie de la mise en demeure de la société Law-Wai propriétaire des locaux.
Pourtant seul ce dernier est sommé de régulariser, « dans un délai de 48 heures », une situation qui le dépasse puisque la justice l’a reconnu victime et non prévenu dans cette lamentable affaire. Nous avons pu constater à quel point la sécurisation du site sauvage de transit de déchets amianté est défaillante : bâtiments ouvert à tous vents, à la merci d’une inondation et à proximité de sites fréquentés (commerce, arrêt de bus, route, etc.).
Le voisinage parle d’un temps où un bazardier y avait installé son échoppe. Ou de jeunes qui le fréquentaient pour des raisons plus ou moins avouables. On peut d’ailleurs pour s’en convaincre observer un graff peint au premier étage, entre autres traces de passages.
Mais ce n’est que depuis deux à trois semaines que le terrain a été clôturé. Tellement peu de temps que l’un de nos contacts avait pensé que les travaux avaient été réalisés à la suite de la parution de notre article en date du 26 mars.
Malgré l’évidence de cette menace à la santé publique, la préfecture nous fait savoir qu’elle n’interfère pas du fait d’une procédure en cours et que les déchets entreposés sont sous la garde du propriétaire du terrain qui doit engager des actions de sécurisation.
La mairie de Saint-Paul n’a quant à elle pas encore réagi sur cette affaire.
Franck Cellier et Philippe Nanpon
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