Piche un peu, Piche beaucoup, Piche à la folie

Révélé lors de la saison 2 de l’émission Drag Race France, Piche, de son vrai nom Mike Gautier, s’est vite imposé par son style musical unique et affirmé. Parallèle Sud a eu la chance de rencontrer la drag queen qui fera le show samedi soir au Kabardock.

Le million de streams. Beaucoup en rêvent, très peu l’atteignent. Et pourtant Piche, artiste d’origine algérienne-gitane âgé de 28 ans, l’a atteint avec son morceau  Confess, qu’elle produira lors de la seconde saison de Drag Race France. Piche, c’est aussi une présence à la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques de Paris 2024. Excusez du peu.

Mais avant d’être Piche, la rappeuse drag queen, danseuse que beaucoup connaissent, Mike a commencé comme beaucoup en écoutant dans un premier temps. « Mon frère écoutait beaucoup de rap, il en est même fan. C’est avec lui que j’ai écrit mes premiers morceaux », raconte l’artiste.

Un style musical qui ne lui était pas familier au départ. « Ce n’est pas un style de musique où je me retrouvais au début. C’est bien plus tard, en participant à l’émission, que je me suis rendu compte que le drag m’a permis cette réappropriation et de me dire que j’aimais ça, finalement », détaille Piche.

Le milieu du rap est vu par beaucoup comme sexiste et misogyne. Piche voit le rap d’une autre manière. « Le milieu n’est pas aussi restrictif qu’on le croit. Je dirais que c’est plus le monde de la musique. On doit ranger notre musique dans une case (rap, pop, RnB…), et ça, c’est plus compliqué pour moi parce que je fais du rap en étant une drag queen. On n’a pas l’habitude de voir des gens comme moi faire ce que je fais. »

Une influence américaine

De son style unique de rappeuse drag queen, parlons-en. « Je m’inspire beaucoup de gens du milieu du rap, Shay, Naïra par exemple. Artistiquement, j’aspire à ressembler un peu à Lady Gaga, avec beaucoup de danseurs sur scène, beaucoup d’effets, quelque chose de vraiment spectaculaire, des énormes shows qu’on pourrait voir dans des énormes salles», ambitionne la rappeuse.

Un style qui n’est pas le problème d’après Piche. Mais plutôt une peur de prendre des risques. « En France, je ne trouve pas que les gens aient mauvais goût, je pense que c’est plutôt une peur de prendre des risques.  Je prends l’exemple de Lil Nas X, qui est un queer assumé : il remplit des stades quand il vient en France. A contrario, la scène queer en France n’est pas signée par de gros labels, car ils ont peut-être peur de prendre ces risques qu’ils prennent ailleurs. On voit bien que ce style de musique plaît.  Ce qui pourrait être amélioré en France, c’est que les gros labels osent signer des artistes avec ce style de musique, car ce qu’ils font est très qualitatif ».

«Avoir un entourage sain et bienveillant»

C’est aussi l’une des missions de Piche. Montrer à travers ses textes qu’il est important de s’assumer et de ne pas avoir honte. Car c’est sans aucun doute l’une des choses les plus complexes de la vie. S’assumer tel que l’on est et ne pas avoir peur du regard des autres. Être aimé pour ce que l’on est réellement. Pour Piche, l’entourage joue un rôle primordial. « À mes yeux, c’est important d’avoir un entourage sain et bienveillant autour de soi. Avant de réussir ou d’en être où on est, de savoir qui on est, on est d’abord confronté au regard des autres. C’est beaucoup plus facile de s’assumer quand on est entouré. Si malheureusement, ce n’est pas le cas, il ne faut pas hésiter à se rapprocher des différentes associations, il y a des numéros gratuits. »

Après son passage au Kabardock, Piche a d’autres projets qu’elle préfère garder secrets. Mais pour le moment, la rappeuse se concentre sur le show qu’elle s’apprête à donner le 24 mai lors de l’événement « Piche et Ball la poussièr ».

Loïc Vidon