Réunis par leurs avocats dans le cadre d’une « action collective », 1 200 personnes et de nombreuses associations de victimes ont porté plainte contre l’État pour « non-protection des populations » devant le tribunal administratif de Paris.
Un procès du chlordécone se tenait cette semaine à Paris. Il ne s’agit pas de la plainte pénale dont nous avons beaucoup parlé, déposée en 2006 pour, entre autres, « empoisonnement » et « mise en danger de la vie d’autrui ». Il s’agit d’une plainte devant le tribunal administratif, contre l’État, donc, qui selon les plaignants a « failli à sa mission de protection des populations. » Sols, embouchures de rivières, plages : aux Antilles françaises tout a été dévasté par le chlordécone, un pesticide cancérogène utilisé entre 1972 et 1993 pour éradiquer un ravageur qui menaçait les bananeraies.
Plusieurs associations, dont l’association Vivre en Guadeloupe, Lyanaj pou dépolyé Matinik et le Conseil représentatifs des associations noires sont à l’initiative d’une « action collective », devant le tribunal administratif de Paris. Contacté par Parallèle Sud, l’avocat qui porte l’action collective des 1 200 plaignants, maitre Léguévaques, explique que « le plus important ce n’est pas la réparation pécunière. Ce qui compte, c’est qu’on reconnaisse la responsabilité de l’État dans la pollution au chlordécone. Une fois que ce sera fait, on pourra passer à l’étape suivante. »
En s’inspirant de ce qu’ont obtenu les victimes de l’amiante, les plaignants demandent 15 000 euros chacun. Face à eux, le rapporteur public, l’équivalent du procureur dans la justice administrative, face à l’État a rendu un réquisitoire mitigé. Il ne semble pas loin de reconnaître la faute étatique mais récuse tout préjudice moral. Et ce faisant, ferme la porte à toute indemnisation.
Le délibéré sera connu dans trois à quatre semaines. Peut-être bien en même temps que le réquisitoire définitif du procureur de Paris dans l’enquête pénale.
Julien Sartre