Yacine Haffaf

En direct de « l’armada pacifique » de la Global Sumud Flotilla avec Yacine Haffaf

Embarqué à bord du Jeannot 3 dans la Global Sumud Flotilla depuis le 1er septembre, le vice-président du mouvement français Waves of Freedom et ancien médecin humanitaire, Yacine Haffaf, raconte à Parallèle Sud les premières semaines passées en mer. 

De l’humanitaire à la mer, médecin toujours

Depuis le 1er septembre, le docteur Yacine Haffaf, médecin humanitaire originaire de La Réunion est parti de Barcelone à bord du Jeannot 3. Un petit voilier de 12 mètres avec à son bord un équipage de sept personnes. Espagnols, Italiens, Suédois, Français : toutes les nationalités sont mélangées sur les bateaux, personne n’a choisi son équipage. 

Sur le Jeannot 3, l’équipage a « la chance de s’entendre très, très bien ». À bord, Yacine Haffaf occupe le poste de médecin, un rôle qu’il a exercé toute sa vie, souvent sur des terrains humanitaires. C’est la première fois qu’il assume cette fonction en mer, au cœur d’un mouvement citoyen, même s’il connaissait déjà la navigation. Chaque équipage a été choisi en fonction des rôles à occuper : 3 personnes pour la navigation, un médecin, une personne connue, un.e spécialiste sur les questions juridiques et un.e journaliste. 

A bord, le stress des prochains jours

Le docteur Haffaf parle de chance car depuis le départ de la flottille de Barcelone, plusieurs personnes ont décidé de quitter le mouvement, car sur certains bateaux, le stress cumulé à la fatigue et à la découverte de la vie à bord, a été trop difficile à gérer. 

Le stress, il en parle d’ailleurs à plusieurs reprises alors qu’il reste 8 à 10 jours de navigation à la flottille avant de pouvoir imaginer apercevoir les rivages de la bande de Gaza et la fin de la première étape de la mobilisation. « On est toujours un peu inquiet sur la qualité du comité de réception qui nous attend. Cela alimente un certain stress et surtout ce qui va suivre avec les menaces des ministres et Premier ministre israélien de nous considérer comme des terroristes et de nous réserver les pires geôles. On met ça sur le compte de tentatives d’intimidation comme les attaques de drones qui probablement émanent d’israël tout comme les bombes incendiaires. »

Avaries, abandons et attaque de drones : un parcours semé d’obstacles

Depuis le départ des côtes catalanes, le mouvement citoyen n’a eu de cesse de rencontrer des difficultés. Il y a eu d’abord une première escale aux Baléares pour les vingt-trois navires pour effectuer des premières réparations. Ensuite, lors de la deuxième escale en Tunisie, il a d’abord fallu trouver un port pour accueillir la flotte. Alors qu’au départ ceux de Tunis et de Gammarth avaient été privilégiés, c’est finalement vers Bizerte que la troupe s’est dirigée faute de places suffisantes. 

Sur place, l’accueil de la population tunisienne a été triomphale : « on a été enchanté par l’accueil de la population. Il ya des drapeaux qui dépassent de toutes les voitures, ça klaxonnent, ça nous ovationne, ça fait chaud au coeur » explique le docteur. Mais les problèmes n’étant jamais bien loin, la flottille, retardée par de nouveaux délais d’approvisionnement en gasoil et par des réparations, a subie entre les 7 et 8 septembre, deux attaques de drones imputées à Israël par les organisateurs. 

La stratégie d’Israël concernant la flottille, personne aujourd’hui ne la connait alors toutes les suppositions vont bon train. Le Docteur Haffaf nous les expose : « On entend dire que peut-être, face à l’ampleur de cette armada pacifique, ils réfléchissent à nous laisser arriver jusque’à la plage, même si cela semble peu probable. Mais celle qui paraît la plus probable et qui occupe nos esprits, c’est l’arrestation pure et simple. »

Quelle protection en cas d’arrestation? 

Dans cette optique, si des équipes sont déjà mobilisées, il espère un soutien sans condition des autorités françaises même si à l’heure actuelle, la position des autorités diplomatiques françaises, du président de la République et du ministre des Affaires étrangères est assez floue. « Notre équipe à terre est en contact avec les affaires étrangères et le consulat de Jérusalem mais la demande de protection à la France est restée lettre morte. » 

Pour les ressortissants britanniques, la position du gouvernement de Keir Starmer est encore plus dure. Le Premier ministre britannique a refusé tout simplement de répondre à la question de la députée Bell Ribeiro-Addy qui demandait quelles actions allaient être prises en vue d’une protection en cas d’arrestation de ressortissants engagés dans la Global Summum Flotilla. Une position opposée à celle des gouvernements italiens et espagnols qui se sont eux engagés à protéger leurs ressortissants. 

En attendant de voir ce que la suite leur réserve, Yacine Haffaf profite des bons moments passés à bord comme ces couchers et levers de soleil qu’il partage volontiers chaque jour via Whatsapp.

Olivier Ceccaldi

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A propos de l'auteur

Olivier Ceccaldi

Aujourd'hui journaliste, Olivier a tout d'abord privilégié la photographie comme support pour informer notamment sur les réalités des personnes exilées face à la politique migratoire de l'Union européenne. Installé sur l'île de La Réunion depuis 2024, il travaille principalement sur les questions de société.

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