Un AESH recruté à Mafate, mais 1000 familles encore dans le besoin selon le collectif Enfants invisibles 974

Ce mardi 16 septembre, le recteur Rostane Mehdi et son adjointe, Karine Darlay, ont rencontré les équipes éducatives et les parents d’élèves de l’école André Bègue, à La Nouvelle à l’occasion du premier recrutement d’un·e AESH dans le cirque de Mafate. Dans le même temps, et depuis des semaines, le recteur est interpellé par le collectif Enfants Invisibles 974 pour répondre au manque de recrutement des AESH sur le territoire réunionnais.

C’est à l’école André Bègue de la Nouvelle que la rencontre avait lieu. Perchée dans le plus grand îlet de Mafate, cette école a accueilli depuis septembre dernier un·e AESH (accompagnant·e d’élève·s en situation de handicap). C’est une première dans le cirque de Mafate. Pourtant, le rôle de ces accompagnant.e.s est essentiel. Les AESH sont embauché·es pour favoriser l’autonomie des élèves en situation de handicap. À La Réunion, 3 000 accompagnant·es sont réparti·es sur le territoire, mais ce n’est pas encore suffisant selon le collectif Enfants Invisibles 974, créé à la rentrée 2025.

Cédric Bourane, porte-parole du collectif, confie : « Je ne peux que féliciter les aides qui sont mises en place pour l’inclusion des enfants en situation de handicap. Ça faisait des années que ces enfants-là avaient besoin d’un·e AESH et on ne peut que le féliciter. Maintenant, ce qu’on regrette, c’est que le recteur fait l’éloge d’un recrutement, alors que 1 000 autres enfants ne sont pas encore accompagné·es. »

Réunion du collectif Enfants invisibles 974

Un petit point sur les chiffres

Cédric Bourane rappelle l’estimation : entre 8 000 et 9 000 enfants en situation de handicap seraient scolarisé·es sur l’île. « On a demandé à l’Académie de La Réunion de nous fournir les chiffres exacts des élèves qui manquent d’un accompagnement, mais c’est en attente. Ils ne répondent pas à nos demandes. Ce qui est sûr, c’est que depuis la création de la page Facebook de notre collectif, on a pu recenser 1 000 familles qui sont dans le besoin d’un·e AESH. »

Pourtant, pour ces élèves, cette personne est un·e référent·e, un pilier qui fait qu’ils se sentent bien en classe. Derrière l’accompagnement individuel, c’est surtout la construction d’un système éducatif véritablement inclusif à laquelle les AESH participent. « L’AESH est le point relais entre l’enseignant·e et l’accompagnant·e. Il est là pour se poser avec l’enfant, l’aider dans les tâches et la vie de la classe, mais aussi s’il a besoin de manger, d’une surveillance particulière pendant la récréation, ou d’aller aux toilettes. Si on retire l’AESH, il ne reste que l’Atsem (assistant·e maternel·le) qui s’occupe des autres enfants et l’enseignant·e, qui doit gérer une classe souvent pleine et ne peut pas répondre aux spécificités de l’enfant. »

Le silence du recteur malgré les interpellations

Dans un communiqué envoyé par le député Perceval Gaillard pour soutenir les demandes du collectif, celui-ci rappelle aussi que « les dossiers des élèves dans le besoin ont pourtant été validés par leurs notifications de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). Ces documents, qui ouvrent droit à l’attribution d’un·e AESH, n’auraient pas été respectés par les services de l’Éducation nationale. »

Mais pourquoi les recrutements sont-ils bloqués à La Réunion ? Pas de réponse du côté du collectif, qui pourtant essaie tant bien que mal d’interpeller le recteur. Les élu·es Erika Bareigts, Frédéric Maillot et d’autres encore ont, eux aussi, mis leur pierre à l’édifice en envoyant un courrier au recteur. Mme Élisabeth Borne, le préfet ou encore Cyrille Melchior n’ont pas donné suite aux demandes d’échanges, tandis que le recteur Rostane Mehdi reste silencieux face aux appels du collectif. « De notre côté, on a pu avoir quelques échos du personnel de l’Académie. Il ne bougera pas parce que, selon ses dires, il y a trop de dossiers, il ne pourra pas les gérer à temps. »

Des moyens financiers, mais rien ne bouge

Cédric Bourane rappelle aussi que le recrutement de ces AESH a fait l’objet d’une subvention de 4,6 milliards d’euros versés aux académies. Trois milliards d’euros auraient été consacrés aux salaires, mais le porte-parole du collectif s’interroge sur les 1,6 milliard d’euros restants. Où sont-ils passés ? Toujours pas de réponse.

Le recteur a annoncé ce mardi 16 recrutements effectifs, un chiffre revu à la baisse comparé aux 70 voire 80 recrutements annoncés à la rentrée. Par ailleurs, Cédric Bourane regrette aussi que rien n’ait été dit sur les accompagnant.e.s en arrêt maladie, non remplacé·es. « Il y a à peu près une soixantaine d’AESH qui sont en arrêt maladie et qui ne seront pas remplacés. Donc les recrutements sont vraiment moindres comparés aux besoins actuels de l’île. »

Retards administratifs, manque de moyens, ou manque de volonté politique ? Dans l’attente d’explications, ce sont des centaines d’élèves qui se passent actuellement d’une aide pourtant déterminante dans leur parcours scolaire, et par conséquent dans leur vie.

Sarah Cortier

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A propos de l'auteur

Sarah Cortier

Issue d’une formation de sciences politiques appliquées à la transition écologique et persuadée que le journalisme est un moyen de créer de nouveaux récits, Sarah a rejoint l'équipe de Parallèle Sud. Elle souhaite participer à ce travail journalistique engagé, et apporter de nouveaux regards sur le monde.

Vos commentaires

  1. La gestion d attribution des AESH aux côtés des eleves avec notification MDPH est validee par le PIAL. Les AESH se voient attribués parfois jusqu à 6 élèves par semaine. Il y a parfois un écart conséquent entre la notification MDPH et le terrain.
    Pas assez d AESH pour des demandes croissantes.
    Il y a beaucoup de souffrance de part et d autres dans ce système boiteux.
    Mais par dessus tout, beaucoup d injustice. C est un crevé cœur de voir des enfants aux grands besoins sans aide. Il montent de classe avec des retards qu ils sera très dificile de rattraper.
    Parents, enseignants, Aesh subissent ces incohérences et ces enfants sont abandonnés.

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