Si les récents rebondissements gouvernementaux et les interminables guerres d’égos des politiciens, exacerbés en période électorale, invitent de moins en moins à la confiance dans nos institutions, il existe aujourd’hui, à La Réunion, des instances où la politique semble pouvoir renaître de ses cendres, à l’image de la convention citoyenne du Schéma d’aménagement régional (SAR).
Le samedi 11 octobre dernier s’est tenue une session de « suivi des travaux » de la Convention Citoyenne du SAR 2050, organisée par la Région dans son hémicycle.
Pour rappel, le Schéma d’Aménagement Régional est le document administratif supérieur à tous les autres documents d’aménagement dont le plus connu reste le Plan Local d’Urbanisme, déterminé à l’échelle communale par le ou la Maire en charge du développement de son territoire. Un document fondamental pour définir à grande échelle l’attribution future des sols aux différents besoins de la population réunionnaise d’aujourd’hui et de demain.
De l’aveu de la présidente de Région, Huguette Bello, présente en début de session, la révision d’un tel document ressemble à un casse-tête incroyable puisqu’il s’agit de concilier les demandes de chacune des parties prenantes avec la réalité des ressources foncières disponibles, passer de l’évolution théorique et statistique de la société réunionnaise à sa concrétisation sur la carte sans oublier les contraintes légales, environnementales et climatiques.
Un moment d’intelligence collective
À cette occasion donc, à la demande des citoyens tirés au sort pour participer aux ateliers de la convention, se sont à nouveau réunis les élus de la Région en charge du pilotage des travaux de révision, les équipes administratives, l’Agorah, les bureaux d’études assistant en maîtrise d’ouvrage et la soixantaine de citoyens bénévoles ayant déjà contribué depuis le début de la convention en mai 2024. Le souhait des citoyens étant de poursuivre l’expérience de réflexion et de juger de l’intégration au document final de leurs recommandations.
Loin d’être un exercice facile, cette matinée de travail s’est révélée être d’une grande richesse notamment grâce aux longs exposés des professionnels de l’analyse, tous très intéressants. Mais aussi et surtout grâce à l’implication palpable des Réunionnais.es présents, sans considération politicienne, sans jugement sur les avis portés parfois avec passion à l’attention de tous, avec comme seul motif l’intérêt général. Un moment d’intelligence collective et de démocratie participative comme on aimerait en voir davantage.
Questions sur la suite de l’implication citoyenne
Cependant, au-delà de ce moment de transmission de savoirs et d’échanges à bâtons rompus, persistent encore quelques interrogations. Les voix citoyennes qui ont pu s’exprimer tout au long de cette convention, si elles ont abouti à la rédaction d’un recueil détaillé de 117 pages, pourquoi ne sont-elles pas représentées physiquement lors des prochaines commissions d’évaluation CESAR incluant les autres parties prenantes : le secteur de l’économie, les élus communaux, les représentants syndicaux, le monde agricole ?
Certaines propositions comme la création de jardins partagés et la fertilisation des espaces verts en milieu urbain, qui semblent toujours difficilement compatibles avec le cadre légal, seront-elles véritablement intégrées au document final ?
Et enfin, que restera-t-il de toutes ces réflexions après la prise en compte a posteriori des besoins d’adaptation aux conséquences du changement climatique à +3°C en 2100 ? Dernière étape d’un diagnostic qui ne sera malheureusement connu qu’en février prochain, après expertise des scientifiques du Groupement Régional d’Experts du Climat, aujourd’hui encore en constitution.
En espérant surtout que ces instants de participation citoyenne se multiplieront et nourriront la démocratie de demain.
Christophe Barbarini
Contribution bénévole
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