LES RÉUNIONNAIS SUR UNE RAMPE DE LANCEMENT
Le groupe réunionnais Mouvman Alé, après le Békali du TCO, est programmé aux prochaines Transmusicales en passant par le MaMA. La fusée maloya psychédélique est sur le départ.
« C’est pas parce que je suis malbar et que j’ai les cheveux longs qu’il faut me prendre pour un garçon Gilbert », rigole Franswa Virassamy-Macé. Ni même s’il débute son concert par une ballade. « Nous aimons prendre des risques », poursuit le chanteur de Mouvman Alé. D’ordinaire, on commence fort, pour accrocher le spectateur, et on finit fort, pour le laisser content et un peu sur sa faim. « Nous, nous préférons commencer doucement, puis monter en puissance. »
Question puissance, Mouvman Alé se pose là ; quand les quatre musiciens sortent les chevaux, c’est la orde sauvage qui s’élance. Sous des airs d’arriver tout droit des années 70, Franswa, Benjamin, Baptiste et Loïc marient modernité et psychédélisme vintage, tant dans l’allure que dans la musique. « On nous dit c’est du maloya, c’est du punk, de la musique latine, rock ou asymétrique…, tant mieux si chacun peut trouver un affaire dedans », se réjouit l’auteur compositeur. « L’important, c’est qu’on entende que l’on sorte de La Réunion. » Pour le groupe, il s’agit tout simplement de « romans non galisé réyoné », ou « soft expérimentale » en français, si on peut dire. En tout cas, des « extraterrestres » qui font « lèv’ lespri ».
Stromae, Nirvana…
Mouvman Alé a été choisi cette année par le dispositif Békali du TCO. Avec à la clé six mois de résidence afin de finaliser l’écriture d’un spectacle. Le dispositif qui existe depuis une dizaine d’années a fait ses preuves, puisque les programmateurs de l’île sont friands de ses bénéficiaires. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, Mouvman Alé est aussi sélectionné pour jouer au festival des Rencontres Transmusicales de Rennes. A notre connaissance, c’est le troisième groupe ou artiste réunionnais à y être programmé, après Danyel Waro et Saodaj. Il s’agit d’un festival de découvertes qui attire un public fidèle et de nombreux professionnels. Un festival où ont joué pour la première fois en France, depuis 1979, des dizaines d’artistes devenus des stars. On peut citer Etienne Daho, mais aussi Bjork ou encore Ben Harper, Daft Punk, Stromae, Nirvana et bien d’autres.
Nul doute que Mouvman Alé saura se montrer à la hauteur. D’autant que les jeunes musiciens qui accompagnent Franswa Virassamy-Macé en ont sous la pédale à effets. « Si tu joues avec le cœur, le public prendra la proposition » assure le leader. Et pour faire bonne mesure, ils ont été invités au Marché des musiques actuelles de Paris, le MaMA. Le Mouvman n’est pas prêt de s’arrêter.
Philippe Nanpon