À force de vouloir à tout prix bétonner…

LIBRE EXPRESSION

À propos de la concertation concernant le PADD (Plan d’aménagement et de Développement Durable) du 18 octobre 2024 Commune de Saint Louis…

Dans son discours d’introduction la maire pose le cadre de la révision du PLU et souligne à nouveau en y persistant mordicus  sa volonté de voir changer les statuts du CDPNAF de conforme à simple, elle se lance dans une diatribe pour selon elle, montrer l’incohérence de ces procédures ; je lui rappellerai simplement que c’est justement ce cadre limitatif qui a contribué à protéger nos hauts et surtout les ‘’50 pas géométriques du roi’’ qui empêche la destruction et la privatisation de nos espaces littoraux au profit de consortiums monopolistiques ou de groupes de requins de l’immobilier qui n’attendent que ça pour spolier et dénaturer la Réunion. J’en prends pour preuve la volonté d’un groupe mauricien de se porter acquéreur du foncier de l’hôtel Le Lux de Saint Gilles avec l’assentiment de l’État et de son représentant préfectoral. C’est ouvrir la boîte de Pandore au mondialisme prédateur et permettre à des sociétés du monde de venir voler le foncier créole et saint-louisien.

Faut -il s’en étonner quand on sait que le CIOM a été mis en place par un ex-ministre des Outremer, vassal de Foutriquet adepte du « en même temps » et condamné pour inaction climatique par les instances compétentes et pour lequel  la mandature actuelle apparentée centre-droit semble avoir plus que des  affinités. Le citoyen votant devra s’en souvenir. Ex-ministre donc, qui aurait mieux fait de s’occuper de questions laborantines et qui de par son incompétence en matière de connaissance ultramarine s’est fait délogé du poste comme un malpropre, fonction  qu’il a occupé surtout pour les petits fours et autres gâteries du ministère, de manière assez éphémère. 

Cet ex-membre de la Macronie qui a été reçu en grandes pompes aux Makes, justement pour pouvoir parler aménagement, agencement, valorisation mais surtout exploitation, marchandisation de  nos hauts qui selon la formule consacrée ont un retard structurel qu’on doit combler par des infrastructures qui vont enlaidir le paysage et surtout profiter à l’élite et aux investisseurs avides de profits à s’étouffer. Mais ce retard justement n’est-il  pas celui même qui  a sauvé notre ruralité, ce qui nous reste d’espaces naturels ?. 

Car en y emmenant le tourisme qui, à la longue, risque de devenir  du sur-tourisme , on  va obligatoirement grignoter les spots de biodiversité  et les fragiliser.  Développer c’est aussi  introduire le loup dans la bergerie , pour preuve le taux de délinquance et de vols qui ont explosé sur les quartiers réputés calmes et sans histoire comme La Rivière et les quartiers environnants car de plus en plus urbanisés et dont la démographie est exponentiellement grandissante. Insécurité et délinquance que l’on s’efforce de traiter à grand coup de com’ avec présence sur le terrain et autres opérations place nette où dissuasion, bruits de bottes et bombage de torse sont légion. Mais traite-t-on une maladie en s’attaquant à ses causes ou à son origine  ?   

À force de vouloir à tout prix bétonner et aménager les hauteurs, on prend le risque de voir exploser les vices civilisationnels de l’humanité (délinquance, drogue, vols divers , insécurité, spoliation foncière etc..)  dans des coins isolés dont le cocon jusqu’alors fermé  risque de pâtir des effets négatifs de cette avancée sociale et sociétale avec la  perte  de ce  charme et de  cette tranquillité rurale et rustique d’antan dont aspire chaque citoyen et surtout les plus fragiles et âgés d’entre eux. Arrêtons d’amener la civilisation dans la Nature mais amenons la Nature dans la civilisation. 

Ces révisions de PLU, SCOT, SAR et autres modèles hexagonaux montrent clairement cette volonté étatique de mainmise sur tout  et ces réunions ne sont que de la poudre de perlimpinpin car  la sémantique même y est conclusive, en effet concertation est différent de consultation et la décision finale revient aux décideurs même dans le cadre de la consultation sauf dans certains cas où l’initiateur de la concertation est dans l’obligation d’ « indiquer les mesures qu’il juge nécessaire de mettre en place pour répondre aux enseignements qu’il tire de la concertation » (article L121-16 du code de l’environnement).  Les dés sont déjà pipés d’avance  et ce grand renfort de communication relève souvent de l’enfumage qui ne sera hélas pas vu par la masse car pas assez pointue en matière de discernement et formatée au sacro-saint logiciel économique de progrès et de développement durable et avide d’ultra consumérisme et de ses temples, de loisirs populistes abrutissants et d’amusement qui rend esclaves le peuple. Peu se  rendent  compte de la perversité dont le but principal est de les détrousser un maximum de leurs sous sonnants et trébuchants par une incitation à la consommation effrénée et aussi de les empêcher de penser et d’être critique en les abrutissants de loisirs-plaisirs. 

Le développement durable, oxymore de prédilection de ceux qui veulent se donner bonne conscience ou de tel ou tel Machiavel, n’a plus de  sens car tous les experts mondiaux alertent sur les risques climatiques et la non compatibilité d’un modèle toujours croissanciste et productiviste alors que l’on est dans la finitude des ressources naturelles et que tous les jours les signes climatologiques devraient nous inciter à changer nos politiques publiques. On se rendra bientôt compte que  la croissance verte est un leurre et après les dommages, réparations et autres dégâts que l’emballement climatique à venir générera, viendra le temps des responsabilités pénales . J’avais déjà alerté sur ces problématiques dans un précédent article presse concernant la révision du PLU de Saint Louis, article que l’on peut retrouver en ligne et datant du 1 Avril 2023. 

L’édile dans son discours nous parle  aussi de création de logements sociaux sur Gol Les Hauts, moi je dis,  pourquoi au lieu de laisser le créole de la classe populaire pauvre ou moyenne dépendre des bailleurs sociaux pour son logement,  ne pas permettre à chaque famille de profiter de l’accession à la propriété  et de préserver le foncier pour le citoyen au lieu de le vendre à des prix dérisoires à des opportunistes et requins de l’immobilier qui vont s’engraisser et laisser le petit créole parqué dans des cages à oiseaux avec le lot quotidien de bruits, promiscuité, méfiance, insécurité et peur et surtout enchaîné à vie dans le rouage dominant-dominé . À qui profite le crime  ? Certainement pas à l’habitant  qui est à n’en pas douter le dindon de la farce. Ce serait risible s’il n’y avait l’effet domino sur l’ensemble des administrés et que ce sont les impôts des gens, vaches à lait , qui aident à financer les projets. On gère la commune comme une entreprise , où la balance doit être impérativement excédentaire, où le souci permanent est de faire rentrer des sous dans les caisses. 

On nous assure dans le discours fleuve que tous les permis cadastraux seront examinés de manière profonde et impartiale « sans copinage », je veux bien le croire mais mon esprit critique me questionne  car tout le monde sait que les politiciens ne parlent jamais la langue de bois. Ce n’est pas un secret de polichinelle. 

La ville se bétonne, s’artificialise et l’on s’étonne lors de catastrophes naturelles que les maisons soient inondées parce que des ingénieurs de pacotille n’ont pas pris en compte le fait que « i gagny pa empech la mer batte ». Tant que l’on ne considérera pas la Nature comme étant partie intégrante de nous , on subira ses foudres. Que nos politiques changent leur logiciel systémique  ! Et ces bureaux d’étude hexagonaux , qui les finance  ? Ici ce n’est pas Paris ou Lyon  ! 

Je terminerai ce courrier concernant ce PADD  de ma ville en donnant des points positifs dans le discours de la mandature actuelle car il y en a, je l’accorde. Il y a en effet la volonté de bien faire, le dynamisme et la jeunesse  avec en matière culturelle de bonnes avancées (même si à titre personnel je suis invisible dans la ville qui m’a vu naître, je n’en suis pas étonné vu mon militantisme et mon franc parler qui gêne), avec par exemple le projet de création de médiathèque pour la ville,  d’une maison funéraire dans l’ancienne maison de la Poste de la Rivière , d’un nouveau cinéma ou centre culturel , la construction de nouveaux gymnases et des équipements de proximité ainsi que des infrastructures de mobilité , douce surtout j’espère pour inciter à sortir progressivement du tout-voiture, la suppression de certains radiers , en vue de protéger la population  avec un recalibrage de la route et la  fluidification de l’écoulement des eaux en saison de forts aléas climatiques, les nombreuses rencontres thématiques (bal des seniors, journée de la santé, forums divers, journée de l’emploi etc.) 

Je reconnais à cette équipe municipale un entrain et dynamisme certain avec une vraie implication et une présence active. Quand c’est bon , il faut le dire aussi , cela relève de l’honnêteté intellectuelle et mes remarques critiques ne devraient pas être prises de haut mais à finalité constructive. Un politique devrait être capable de tout entendre et non pas être caressé uniquement  dans le sens du poil. 

Je reprendrai le slogan de la ville qui dit « Ti pa  ti pa nou avans », je dirai faites attention de ne pas faire « 2 pas  devant, 3 derrière ».  Je tiens aussi à préciser que je ne suis encarté à aucun parti politique et que seul m’anime l’amour de ma ville, de sa Nature, de sa culture et de  son patrimoine. 

Johny Lebon, Auteur conférencier saint-louisien, Amoureux de la Nature, porte parole des êtres vivants qui n’ont pas de voix

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