[LIBRE EXPRESSION]
L’auteur se dit « assuré » d’une expérience d’accompagnement ponctuel de personnes touchées par cette maladie dont il retire cependant moins d’informations qu’auprès de deux personnes proches dans son environnement familial. « Le CNC (Centre national du cancer) par son Directeur général a lancé récemment un « appel vers le grand public pour redéfinir une stratégie afin de réduire le nombre de 400 000 nouvelles personnes touchées/an, de nos jours par le cancer », indique-t-il par ailleurs.
« L’important pour Jung n’est pas ce que nous avons pu refouler de nos désirs mais ce qui n’est pas encore né en nous ou n’a pas pu encore s’extraire et se différencier de « l’inconscience originelle. » (Vivianne Thibaudier, 100% Jung, 2011)
« Les innombrables innovations du vivant se sont construites (…) à partir de la répression – temporaire – de la plupart de leurs potentialités. Et la richesse de ces potentialités qui dorment au plus profond de notre corps dépasse sans doute de très loin ce que nous pouvons encore imaginer. » (Jean-Claude Ameisen, La sculpture du vivant : le suicide cellulaire ou la mort créatrice, Seuil, 1999).
Otto Warburg (1883–1970) fut nobélisé en physiologie pour ses travaux sur l’oxygénation des tissus. Pour le cancer comme pour de nombreuses autres maladies à causes multiples, ce savant aurait dit : « Résumé en quelques mots, la cause première du cancer est le remplacement de la respiration de l’oxygène dans les cellules normales de l’organisme par la fermentation du sucre. » Nous considérerons cet avis comme une première hypothèse d’une pathologie à causes multifactorielles impliquant l’oxygénation des tissus et la dégradation insuffisante des sucres.
Le docteur Harry Goldblatt poursuivant les travaux d’Otto Warburg au Rockefeller Institute (USA) aurait confirmé que le manque d’oxygène détruit les cellules. Dans l’une de ses expériences sur des rats, il introduisit des cellules cancéreuses oxygénées à un groupe, et des cellules sous-oxygénées à un autre groupe. Les rats qui reçurent les cellules oxygénées ont survécu, ceux qui reçurent des cellules sous-oxygénées développèrent un cancer. Pour prolonger l’investigation sur les processus naturels mis en œuvre par la physiologie de la respiration l’on pourrait se reporter préalablement aux travaux de Gustave Le Bon (1841-1931) dans son ouvrage La vie, physiologie humaine appliquée à l’hygiène et à la médecine (Ed J. Rothschild, 1874), avant que celui-ci s’oriente vers la sociologie.
Impossibilité d’éliminer le non-soi
Dans cette même perspective, le Professeur Henri Laborit a également introduit des cellules cancéreuses de rats atteints de cette maladie sur un groupe de rats en liberté et un groupe de rats placé en inhibition de l’action, ces derniers attachés sur des planchettes en bois, les quatre pattes liées. L’expérience sur ces derniers fut fatale pour l’ensemble du groupe.
Ceux qui furent libres dans leur cage survécurent sans les moindres conséquences. Le professeur voulait prouver son hypothèse selon laquelle un organisme placé en inhibition de l’action se trouve dans l’impossibilité de s’autoréguler, et là, dans cette expérience, à l’impossibilité d’éliminer le non soi (voir les travaux de l’immunologue Jean Dausset (1916-2009), c’est-à-dire les cellules cancéreuses. Un organisme mis sous-tension par inhibition de l’action, lorsque celle-ci est prolongée, est-il oxygéné de façon satisfaisante ? Et dans des situations d’inhibition de l’action persistantes, le surplus de sucre ne sera-t-il pas absorbé dans une moindre mesure par la masse musculaire (voir : Henri Laborit, Ed Masson, 1979). Le rétablissement des capacités naturelles comportementales de fuite et de lutte entraînerait-il la réactivation du système immunitaire ?
En quoi le psychanalyste Wilhelm Reich peut-il apporter un complément d’information ? Ce dissident de Freud, en liant sciences biologiques et sciences humaines (comme Gustave Le Bon) apporte des éléments indispensables pour appréhender cliniquement l’état « morbide » de la physiologie (ou non, avec toutes les nuances entre ces deux extrêmes). […] L’influence du « stress » sur les gènes est de nos jours admise (voir sur ce thème : Comment le stress influence les gènes, l’expression des gènes chez l’adulte dépend du stress vécu dans la petite enfance, par Olivier Postel-Vinay, in « La recherche », p. 311, 1998). L’organisme agressé intériorisera des séquelles anti physiologiques qui se traduiront par une pathogénie de l’organisme que Reich appelle « biopathie ».
Le cancer serait l’une de ces manifestations traduites organiquement (voir l’ouvrage Biopathie du cancer, Ed Payot, 1971). Les contraintes que l’organisme subit se manifestent en stases énergétiques anti-physiologiques, qui provoquent par réactions en chaîne des « miasmes ». Celles-ci, en croupissant, ne pouvant être éliminées par l’oxygénation et la circulation sanguine, créent un environnement délétère protoplasmique (contenu d’une cellule comprenant le cytoplasme et le noyau) engendrant « un métabolisme cancéreux ». Reich attirera l’attention des chercheurs sur « les bacilles T qui auraient une origine endogène à partir de la décomposition bioneuse de la matière vivante » … Ce serait cet environnement qui contribuerait à modifier épigénétiquement le code génétique… Tout se « décode » ! « Alors survient la maladie » dirait un groupe de militants que j’ai connu et qui fonda une maison d’édition Empirika. Ces militants voulaient réformer la médecine.
Très tôt, le professeur Henri Laborit en suggérait l’éventualité avec le titre de l’article : Comment pratiquer la médecine aujourd’hui ? (Cahier n°1 de bioéthique de l’université de Québec à Montréal, 1979). Le professeur, initialement chirurgien gastro-entérologue (qui déplorait de devoir « couper des estomacs » ulcéreux), avait intégré cette part environnementale dans la codification génétique, dite de nos jours « épigénétique ».
Influences environnementales
L’ensemble des cellules, mais particulièrement les neurones, sont sujets à ces influences environnementales. Ils se connecteraient d’abord au hasard puis de plus en plus systématiquement, pour répondre à des sollicitations nouvelles (ou contraintes) modifiant épigénétiquement le développement de l’enfant et cela dès le troisième mois de gestation. Et comme ces alchimies d’émotions que sont les états mentaux des parents, qui sont aussi des états physico-chimiques, ceux-ci modifieraient l’environnement protoplasmique des neurones de leur bébé à naître. Voir à ce sujet Boris Cyrulnik, lorsqu’il dit : « Il faut penser la biologie entre deux êtres vivants en interaction, une biologie périphérique, en quelque sorte, qui circule entre deux sujets, où chacun sert de stimulus à l’autre. Cette biologie interactive du liant, où l’affect joue un grand rôle, peut probablement produire une bonne théorie du développement humain. » (p. 36, De la parole comme d’une molécule, 1991)
Dès 1963, Henri Laborit recherchait des régulations possibles liées au fonctionnement du noyau. Il disait : « Si nous considérons celui-ci et la molécule d’ADN qu’il contient comme la forme la plus complexe et en conséquence essentielle de la vie, alors, comme nous l’avons constaté à degrés d’organisation où nous avons appréhendé cette dernière, comme nous le constaterons encore aux degrés d’organisation qu’il nous reste à envisager, ils doivent, pour assurer le maintien de leur structure, agir sur le milieu environnant, à savoir le protoplasme, pour assurer la constance de ses propriétés. Il s’agit là de la boucle rétroactive en réponse à l’action des variations physico-chimiques et énergétiques du protoplasme sur le métabolisme et l’activité fonctionnelle du noyau. Celui-ci, loin de rester le coffret soigneusement fermé où resterait emprisonné le matériel génétique, participerait alors de façon active à la fonction cellulaire, celle-ci n’ayant peut-être alors d’autres signification que d’assurer le maintien de la structure de ce noyau même » (p. 57-58, « Du soleil à l’Homme, L’organisation énergétique des structures vivantes », 1963). Au lieu de voir des codifications unilatérales du génome sur les structures et l’organisme dans son ensemble, il avait « forgé » la notion « d’information-structure » et « d’information-circulante » dans un rapport d’inter-influences structurelles et environnementales inter-mêlées, in L’inhibition de l’action (1979). Nous voyons que le recours à la notion d’information s’avère transversale.
Dans notre approche de la pensée visuelle qui engendre des rêves ou des cauchemars, nous avons soutenu que le processus d’individuation psychologique qui émerge du corps (Paulus, 2000 (1) et 2016, (3)) serait le résultat d’une interaction entre l’épigenèse et la neurogenèse sous l’influence d’une pulsion individuante. L’individuation psychologique serait la réinitialisation opportune, transitoire d’expressions de la phylogénèse en devenir, compte tenu de la psychologie de la personne.
La matière vivante poussée par une « potentialité » énigmatique créerait des images (de l’information visuelle dans les rêves) et ces images « téléosémantiques » nous avons voulu leur accorder une valeur symbolique porteuse de signification (1 & 2). De ce fait nous avons emprunté les mêmes présupposés que Jean-Louis Dessailles, Cédric Gaucherel et Pierre-Henri Gouyon développés dans leur récent ouvrage, Le fil de la vie, la face immatériel du vivant (O. Jacob, (2016).
Le rêve, « fil de la vie »
En émergeant au-delà des substrats matériels dans lesquels elle s’inscrit, l’information serait le véritable « fil de la vie », ce qui nous relierait à nos origines d’êtres imageants avant d’êtres parlants. L’approche des rêves pourrait se concevoir selon deux registres pour extraire le sens des images porteuses d’informations sur le psychisme du rêveur (et ainsi réintroduire un certain dualisme au sein d’une conception moniste du psychisme). Certaines images oniriques seraient connotées ontologiquement en fonction de l’histoire du rêveur, là nous pensons être renseignés sur les complexes et les inhibitions du rêveur, tout en sachant que le rêve, « le Fil de la vie », crée continuellement de la nouveauté et à notre insu.
Et l’autre registre, celui connoté phylogénétiquement d’où semble s’extraire la pulsion individuante. L’illustration de ce registre en serait la présence d’images géométriques, telles des roses, des trèfles à quatre feuilles, un geyser qui fait irruption au centre d’une place d’où convergent six avenues (ce qui fait penser à la place de l’Étoile à Paris). Nous avons suggéré un rapprochement et une similarité avec les mandalas (1), comme le psychanalyste Carl. G.
Jung en a eu l’intuition. Cette pulsion onirique lorsqu’elle se manifeste ainsi peut se comprendre et s’interpréter comme étant une pulsion de recherche d’harmonie au sein du psychisme dont les différents composants moïques s’activeraient en opposition tendant vers une dissociation. Le rêve sous influence phylogénétique tenterait d’annihiler les tendances entropiques dissociatives du psychisme pour rétablir un ordre plus harmonieux. La logique de cette émergence onirique serait la recherche d’un gain en termes d’économie énergétique. Le rêveur ressent un mieux être… (3)
Ainsi accéderions-nous à l’inconscient originel des patients, cette dimension en soi-même en attente d’activation, si l’on accorde un certain crédit aux présupposés de la théorie jungienne de l’inconscient qui nous dynamise épistémologiquement mais aussi et surtout cliniquement.
Persuadés d’une telle performance informative, le psychisme serait exploré par « l’IRMf psychique » du patient que seraient ses rêves, « du rêve considéré comme d’une molécule », nous pourrions, nous autres psychologues du réseau d’ONCORUN (Réseau régional de cancérologie de la région Réunion/Mayotte) envisager d’en extraire une opportunité d’accompagnement psychologique qui serait proposée aux malades atteints d’un cancer, parallèlement aux soins médicaux.
Frédéric Paulus,
directeur du Cévoi, (Centre d’études du vivant de l’océan Indien),
réseau des psychologues d’ONCORUN île de La Réunion
(1) : Thèse de doctorat de psychologie : Individuation, énaction, émergences et régulations bio-phycho-sociologiques du psychisme, Paris 7, 2000.
http://www.automatesintelligents.com/biblionet/2001/juin/paulus.html
(2) : Libre arbitre et intelligence de l’inconscient : Qu’en pensent les psychanalystes ?
http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2013/138/paulus.pdf
(3) : Pensée visuelle, neurones miroirs, pulsion individuante et auto-analyse des rêves
http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2016/169/paulus.htm
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