C’est sur une petite île malgache à côté de Nosy Be, Nosy Komba, qu’une association engagée a créé un modèle unique et vecteur de progrès pour la communauté locale. A travers diverses formes d’actions, Akiba agit au quotidien.
S’aventurer dans les sentiers de Nosy Komba sans guide est possible. Cependant il n’est pas aisé de différencier tous les chemins et il y a des pépites cachées qui ne demande qu’à être découvertes. C’est ainsi que l’association Akiba fondée en 2015 est fondue dans la nature au centre nord de l’île. Après une belle marche de quelques kilomètres, c’est un établissement surprenant que l’on découvre.
Le nom « Akiba » signifie « patrimoine » en sakalava du Nord, soulignant la mission de valorisation du savoir-faire local. Elle intervient dans un milieu où l’agriculture traditionnelle et la pauvreté menacent la forêt et les ressources naturelles.
Une ferme‑pilote innovante en agroforesterie
Au cœur du projet, une ferme intégrée combine cultures de rente et systèmes agroécologiques. Avec des cultures de café, cacao, vanille, poivre,… alliées à des techniques de permaculture, buttes, pépinières arboricole et alambic pour eaux-de-vie.
Les trois objectifs de la ferme sont de réduire la pression sur les forêts tropicales, diversifier les revenus des familles locales et restaurer les sols fragiles des hautes terres.
Jérome, fondateur de l’association explique que « le nombre d’habitant sur l’île ne cesse de croître et les besoins en matière naturelle augmentent proportionnellement. Il est important que les habitants de l’île conserve l’équilibre naturel du territoire et que la replantation devienne un automatisme ».
L’association organise régulièrement des formations ouvertes à tous : potager agro-écologique, agroforesterie, gestion du sol, apiculture,...
Une école de brousse bilingue et intégrée à la forêt
L’une des pierres angulaires d’Akiba est son école primaire en milieu forestier qui accueille jusqu’à 115 enfants, de 3 à 13 ans, selon les derniers bilans en attendant l’ouverture de classes supplémentaires.
La pédagogie est basée sur le bilinguisme (français / malagasy) et s’appuie sur la forêt comme support d’apprentissage. En 2024, une troisième classe a vu le jour grâce au financement participatif.
Éco‑tourisme
L’écogîte d’Akiba, situé au cœur de la ferme et de la forêt, offre à ses visiteurs une immersion complète : repas 100% locaux, hébergement traditionnel, participation aux activités agricoles ou éducatives. Les excursions organisées avec des partenaires touristiques incluent les visites de l’école et des randonnées jusqu’au sommet de Nosy Komba (622 m d’altitude), et la découverte de la faune et de la flore locale.
Constructions durables
Tous les bâtiments sont réalisés à partir des bois de l’île, principalement l’arbre du voyageur qui permet par le tronc de fournir l’ossature et les poutres, les feuilles sont utilisées pour réaliser les toits. Après les coupes, les arbres sont replantés afin de conserver la biodiversité.
Akiba expérimente et diffuse des solutions durables destinées à améliorer les conditions de vie locales :
- Toilettes « hygiéno‑écologiques » : fosses de déshydratation, lombricompostage, phytoépuration et digesteurs,
- Bio‑gaz : trois systèmes fonctionnels depuis septembre 2023, produisant gaz de cuisson et permettant la torréfaction des fèves de cacao et des grains de café,
- Constructions utilitaires : latrines, cuisines, mobilier, éco‑gîte, ateliers de poterie ou de menuiserie, grâce à des matériaux locaux.
Artisanat et valorisation des produits locaux
Les cultures de l’association ainsi que celles de partenaires locaux sont transformées sur place (cacao, vanille, café, miel, épices, alcool) et vendues via une boutique‑atelier. L’objectif est de garantir aux producteurs un meilleur retour sur leur travail, tout en contribuant à la préservation des techniques malgaches traditionnelles.
Il est possible de s’engager et de soutenir l’association de plusieurs manières comme les dons, le volontariat, le partenariat et le tourisme responsable.
En résumé, un modèle à suivre
Akiba est une référence locale dans la mise en place d’un développement rural qui respecte à la fois les hommes et la nature. Par la combinaison originale de l’agroforesterie, l’éducation, l’éco-construction et l’artisanat équitable, l’association trace une voie inspirante pour un développement rural autonome et durable. En provenance de Madagascar, ce modèle social non consumériste, à zéro énergie prélevée, fonctionne, se développe et sera peut-être bientôt un exemple à suivre pour bien d’autres territoires.
Jean Fauconnet
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