L’aberration d’un téléphérique au Petit Bénare

LIBRE EXPRESSION

En regardant une émission la semaine dernière sur une chaîne locale, j’entends le premier magistrat d’une ville des hauts annoncer que la Civis a pour projet la mise en place d’un téléphérique au niveau du Petit Bénare reliant Cilaos afin de dixit  » dynamiser économiquement les hauts ».

Quelle n’est pas ma stupéfaction et mon aberration de savoir qu’un tel sanctuaire préservé va être violé à des fins commerciales vomitives !

Ce lieu unique des hauts de l’ouest, sépulture de nos ancêtres marons risque de subir les affres du surtourisme et la scission de la tranquillité des lieux. J’horripile et vomis intrinsèquement ces politiques qui ne pensent qu’à se faire du fric sur le dos de la Nature, s’asseyant sur la mémoire douloureuse de notre histoire. Imaginez ces lieux mythiques et mystiques qui doivent se mériter à l’huile de coude et dans un souci de respect mémoriel, être dénaturés par des câbles, du béton, de la pollution sonore et visuelle, sans parler de l’esthétisme dans un espace originel, dérangeant nos papangues endémiques, avec des mouvements de touristes incessants sur le sommet de nos pitons et remparts, le petit Bénare étant à plus de 2600 m d’altitude (il ne suffit pas de se balader sur les toits du monde et de se pavaner sur les réseaux sociaux en nous important des modèles extérieurs nauséabonds : les intéressés se reconnaîtront).

Je vomis ces ingénieurs de destruction qui vont amener la civilisation de masse dans un environnement inviolé depuis des centaines d’années. Nos politiciens locaux qui se disent écologiques ont des œillères, ce ne sont que des écotartufes, obnubilés par le rendement et l’économie à tout prix. Jusqu’à quand les laisserons-nous détruire nos derniers espaces préservés sans broncher ?

Nos ancêtres marons qui ont souffert, qui ont donné leur vie pour une liberté inconditionnelle doivent se retourner dans leur tombeau naturel et les maudire. Ces sépultures de notre histoire ne doivent pas être profanées à des fins mercantiles. Stop à ces projets immondes et vomitifs.

Gare au retour de Karma. Vous ne pourrez pas continuer à violer notre nature sans tôt ou tard en payer le prix fort. NON, NON, NON. STOP. C’est le point de non retour là. À l’heure de l’urgence climatique , il est vital de stopper cette folie des grandeurs à des fins commerciales, projets qui non seulement risquent de détruire nos derniers espaces vierges mais aussi d’effacer, de violer des espaces mémoriels qui ne doivent pas être souillés pour des questions de tourisme et de gros sous.

Nos hauts doivent pouvoir garder leur authenticité , leur non accessibilité dans un souci permanent de préservation afin de laisser une biodiversité la plus intacte possible en legs aux générations à venir. Nos politiques n’ont pas compris ce rapport à la Nature, car ils ne la voient que comme une marchandise alors que nous dépendons pour notre survie future de la biodiversité qui nous entoure. Je leur conseille de changer leur logiciel . Utilisons les surfaces des bas qui restent pour végétaliser au maximum nos villes et les rafraîchir mais arrêtons d’artificialiser et de bétonner nos hauts sous prétexte social ou économique.

Où est la cohérence de nos politiciens de pacotille qui se vantent dans des opérations de plantage d’arbres, de dynamisation des hauts et qui en même temps vendent la Terre créole à des consortiums monopolistes, aux requins de l’immobilier, à la prédation du moindre espace dans l’unique but de productivisme ?

On atteint le summum du Greenwashing, de l’enfumage avec ces projets abjects et insensés, les exemples ne manquent pas (parc du volcan, prise de contrôle de l’eau et accaparement de nos ressources naturelles par des grandes entreprises ayant pignon sur rue [on a aussi nos bassines, il n’y a qu’à faire un tour dans les endroits isolés des hauts pour voir le nombre de panneaux d’extension de périmètres d’irrigation ou de soi-disant mise aux normes de canalisation = future guerre de l’eau ?], bétonnisation à outrance de Saint-Gilles qui est devenue d’une laideur innommable, permis de construire accordés aux vampires de l’immobilier, perte de SAU, pollution sonore permanente avec les hélicos, projet de paddle [avorté heureusement] au Grand Étang avec l’accord d’instances pseudo étatiques etc… . Est ce que l’argent compte plus que l’humain et le respect de ceux qui se sont battus pour gagner la liberté , préférant la mort à la soumission au joug néo colonialiste et au crime contre l’humanité que fut l’esclavage ?

Est-ce que l’économie et la croissance pour la croissance est plus importante que la sauvegarde de nos cirques, pitons et remparts ?

Soyez étonnés après du désamour qu’ont les citoyens pour la politique et les taux d’abstention qui vont continuer à monter et les bons résultats des extrêmes aux échéances électorales. En menant ces politiques de destruction , vous dégoûtez les citoyens de la chose politique, administrés qui ont le sentiment que « ce sont tous des pourris » au service du Roi argent et qui font passer les accords de marchés et le capitalisme avant la Nature. Jusqu’à quand ? Il ne suffit pas de se dire écolos, il y a les écologistes de cœur, les vrais respectueux de Gaïa qui aiment le vivant et les écosystèmes et les opportunistes qui ne raisonnent qu’en termes économiques et avec le logiciel de marchandisation du moindre espace de nature à des fins de rentabilité commerciale.

Suivez mon regard !

Johny Lebon
Écocitoyen et auteur de Regard d’un yab sur l’ évolution de son ti peï et Chasseur de guêpes

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