[Bisik] Lumières noires et maloya hybride

LE CONCERT HORS-SÉRIE ÉLECTROPICALES DE LABELLE ET J-ZEUS RACONTÉ PAR LE BISIK

Vendredi 15 mars, le Bisik accueillait un nouveau Hors-Série Électropicales avec deux artistes aux projets hybrides créés aux confins du Maloya, du séga et des créations électroniques les plus inédites. C’est J-Zeus, DJ & producteur prolifique, qui nous a fait vibrer en ouverture de soirée avant que Labelle nous dévoile son côté obscur avec un « Noir Anima » qui a irradié de lumière le cœur du Bisik jusqu’à l’infini…

C’est une fois de plus sous les étoiles de la musique électronique et d’un ciel lumineux que ce nouveau Hors-Série Électropicales a débuté hier soir au Bisik devant un plus d’une centaine de spectateurs.

C’est J-Zeus, DJ & producteur prolifique, qui nous a fait vibrer en ouverture de soirée sur un mélange de Séga Punk, et autre EDM (Electronic Dance Music) dont il a le secret. Venu du Tampon, J-Zeus joue gras et enchaînent mixes et compositions avec brio devant un public curieux qui commence à s’avancer vers la scène pour profiter de cs hautes énergies. « En Bœuf » notre « Cyborg Séga » explore les différentes nuances de gate entre house et techno. Avec un style inimitable combinant haute énergie et rythmique ternaire du Séga et du Maloya, J-Zeus enchaîne les compositions toujours « Kréol ».

Entre house et techno il électrise les rares danseurs et le public qui a préféré l’écoute à la transe.

Un début de soirée enivrant qui ne laissera personne indifférent…

À peine le temps d’un changement de plateau et c’est Labelle, très attendu par le public, qui s’empare de la scène.

Dans l’outrenoir de nos nuits grises

Avec Noir Anima, titre de son nouvel album, Jérémy ouvre le bal avec élégance et le titre « Le fil vers » cosigné avec Hasawa, qui a fait le déplacement, et qui « plie le voile de la réalité » dans la vouv du Bisik désormais bien pleine…

Avec la même passion l’artiste revient sans complexe à ses premières amours, celles des dancefloors nocturnes et d’une techno aux couleurs froides. Sa musique se libère cette fois-ci au travers du corps et le public danse au fil des titres de ce cinquième long-format qui a déjà fait vibré le 104 à Paris, les Électropicales et Réunion Sonore en fin d’année dernière… 

Le maloya rejoint une forme de transe ténébreuse sur les rythmes de ces compositions dignes d’un tableau de Pierre Soulages où la réflexion de la lumière transcende ce « Noir Anima ».

Les titres s’enchaînent et les pieds nus de Labelle profondément enracinés dans le sol réunionnais portent les fruits de sa création unique.

Quelque chose de sensuel et de féminin dans cet album

« Futurity », « Danse chamane »… « Ciel »… de ces compositions contemporaines s’échappe une énergie sensorielle puissante, une lumière noire en forme de longue traine hypnotisante.

Les spectateurs se laissent submerger par les vagues électroniques subtiles et cette pulsation qui oscille entre les battements irrépressibles de la techno, le battement du maloya et les nappes de synthés et de sons qui se superposent au plaisir du public qui danse désormais sans contrefaçons.

Il y a quelque chose de sensuel et de féminin dans cet album, il y a ce félin noir, « L’homme félin », qui rôde avec élégance dans la psyché de Labelle et sur scène.

Entre les répétitions lancinantes, les incantations électroniques, et les échappées atmosphériques et poétiques, Labelle réussit à nous faire pénétrer cette « Entre-allée » entre les mondes, entre le maloya et la musique électronique, entre l’Inde et l’Afrique, entre le rêve et le conscient, entre le Noir et l’Anima !

« 34 rêves » pour être précis qui se sont terminés par « Apporter l’amour », un dernier hymne à la diversité qui a laissé le public extatique et heureux…

Une soirée d’exception à marquer d’une pierre noire…

Merci à J-Zeus, Labelle et leurs équipes, merci pour votre travail de création incroyable et pour ces moments incroyables partagés sans entrave. 

Texte : Pascal Saint-Pierre

Photos : Iris Mardémoutou

Régie : Alexandre Duchemann / Maeva Constante

Son : Vincent Gerbith/ Marion Dalibert

Lumières : Alexandre Jacquot

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