LE CONCERT DE TERLABA ET THILISSA RACONTÉ PAR LE BISIK
Vendredi 17 mars, nous recevions Teddy Iafare-Gangama, créateur de poésie sonore et de fonnkèr qui nous présentait son projet Terlaba, et Syna Awell et ses amis Tahine et Dilo pour prolongr ce voyage en pays imaginaires ave leur créatiion Thilissa. La météo annonçait la pluie et le Bisik était passé en mode cabaret, mais si le ciel a bien lancé quelques éclairs c’est dans la salle que l’orage a fait rage pour le plus grand plaisir d’un public éclairé.
Terlaba et Thilissa, c’est avec ces deux projets inspirés que le public du Bisik avait rendez-vous hier soir pour une invitation aux voyages imaginaires riche en émotions. Après le Warm Up relevé de notre Dj résident Joan’r Run, c’est donc Teddy Iafare qui prenait possession de la scène du Bisik. Avide de projets polymorphes, inspiré par tout ce qui constitue le patrimoine de notre île, c’est en 2020 que nous aurions dû initialement recevoir ce projet… La crise sanitaire en a décidé autrement et après de nombreux reports nous étions très heureux de pouvoir enfin recevoir Teddy et ses fabuleux musiciens.
Accompagné par Farid Aubras à la basse, Eric Lucilly à la batterie, Mickaël Beaulieu aux claviers et Nicolas Beaulieu à la guitare et aux arrangements notre bluesman fonnkézèr péi nous a donc offert un festival de sensations.
Les fonnkèr de Teddy s’enrichissent des rythmes recueillis lors de ses voyages, et l’esprit jazz et blues qui structure ses compositions apportent un charme unique à ces créations avec des partitions improvisées et des métissages hors du commun. Les sonorités réunionnaises s’accordent avec les multiples cultures dont l’écrivain s’est imprégné pour nous inviter en balade ici ou ailleurs…
Virtuoses, les musiciens transcendent les textes inspirés du poète, imposent leur présence et portent d’une même voix les titres de Teddy plus loin encore dans le voyage. Une résonance inattendue qui nous conduit « En ville » transportés jusqu’à la kaze un moune i raconte à nous son vision la misère, son vision le monde avec « Mizer an pil ». Terlaba est une confidence convaincante, une belle surprise en tout point. En ce début de soirée nous avons traversé différents espaces temps, maintes émotions comme avec « Santié mon kèr ». Nous nous sommes laissé surprendre par la tessiture de la voix apaisante et relaxante de Teddy qui porte des sujets variés à propos de l’identité, de la Réunion, des systèmes et qui peuvent parler à tout le monde. L’ambiance dans la salle alternait entre écoute attentive et irréfrénables pulsions de danses, comme avec « Cilaos ». Terlaba offre des textes magnifiques sublimés par des musiciens passionnés qui ont enflammé le Bisik, une fois de plus.
A cette riche équipe s’ajoute Florana qui proposait au public de découvrir les créations de Teddy. Parmi ces trésors, des traductions, des contes, des bandes dessinées, des pièces et des œuvres collectives dont Terlaba où les textes racontent en fonnkèr les voyages réalisés par le poète sur l’île ou ailleurs qui ont permis à certains spectateurs de repartir avec un peu plus que des souvenirs…
Anbyans dofé dan vouv Bisik
Le temps d’un changement de plateau et c’est Thilissa qui entre en scène. La première chanson de la formation éphémère éclaire parfaitement l’esthétique d’électro oriental qui anime cette création unique. Au détour des contre-jours de la scène, se dévoile alors une Syna Awell, pétillante, au large sourire et à la voix ensorcelante. La vibration de ses chants rappelle la force de ses ancêtres. Syna écrit et chante en kabyle avec des arrangements aux sonorités africaines joués par des musiciens transportés d’île en île. La jeune femme fait honneur à la tradition orale amazigh par le chant et l’écriture. Elle est libre, généreuse et installe avec le public un dialogue entre réflexions, histoires personnelles et danses, qui va se poursuivre jusqu’à la fin de son concert explosif.
Syna partage sans compter et raconte, conte l’histoire de ses chansons, qu’il s’agisse de ses exaltantes compositions, ou de reprises. Elle entame cet échange en nous rappelant que s’écouter, faire confiance à sa première intuition est essentiel et fructueux. En français, en berbère ou en arabe les textes de Syna Awel ont un langage universel et sont un beau message d’espoir pour l’humanité.
C’est en trio que la chanteuse s’est déplacée pour cette proposition magique, et on comprend dès les premières notes pourquoi ceux-là jouent ensemble. Entre elle, Dilo et Tahine la symbiose est évidente et ces liens se perçoivent à travers leur musique intense, se lit dans leurs attentions aux autres, s’affirme à travers les sourires et regards qu’ils échangent . Une énergie très puissante et chargée de mysticisme s’est installée au Bisik. Accompagné par les yeux rieurs de Syna et ses karkabous aux divines notes maghrébines, Thilissa envahit les corps et les âmes. Un concert sincère et marquant avec Tahine qui jongle entre la conque, sa basse et son trombone avec une agilité remarquable, tandis que Dilo ravit nos oreilles aux percussions et au pad, tantôt au kayamb, au derbouka et à la caisse. Le mélange de tous les instruments entraîne au mouvement, à la danse, au partage et à la joie. Très naturellement et avec enthousiasme, Syna quitte la scène à plusieurs reprises pour rejoindre le public et danser avec nous au rythme de son allun.
Nous avons tous été sensibles à sa présence, sa prestance, sa lumière et à ce sourire éclatant qui ne la quitte jamais vraiment. Cette musique electro deep minimal autant festive que spirituelle permet à Syna Awel, Tahine et Dilo de porter avec élégance un message d’unité et de paix entre les cultures, les générations et les genres.
Le public s’est laissé surprendre jusqu’au bout de la nuit malgré un rappel enflammé le concert du trio paraissait bien trop court à tous… L’occasion pour Syna de finir en dansant pour que chacun apprécie encore un peu ce riche univers qui puise dans les racines de la chanteuse, dans ses expériences musicales et humaines et dans tous ses voyages qu’ils soient physiques ou intérieurs. Un concert proche de retrouvailles, qui a étonné plus d’un et qui restera gravé dans les mémoires du public curieux qui s’étaient déplacés pour l’occasion.
Hier soir il était possible de vous restaurer sur place grâce à Beboon Streetfood et Le Zantak pour que la soirée soit savoureuse jusqu’au bout des doigts. On les remercie chaleureusement, merci à vous toutes et tous pour votre présence, votre curiosité, et pour votre chaleur humaine. Merci de venir chez nous, de revenir, seul ou accompagné, par vos amis, vos proches, votre famille, vos enfants, vos parents, vos frères et sœurs. Merci aux artistes pour la qualité de leur travail et pour ces moments d’exceptions qu’ils nous offrent avec passion, merci à nos équipes, nos bénévoles, nos jeunes services civiques. Merci à nos partenaires sans qui rien de tout cela ne serait possible et à toutes les personnes qui font rayonner la culture dans l’Est, qu’il pleuve ou qu’il vente.
Aurélie Subijus et Pascal Saint-Pierre
Régie : Alexandre Duchemann
Son : Vincent Gerbith
Lumières : Julien Lemelle
Photos : Iris Mardemoutou
Le 24 mars : Alix Poulot et Gilles Lauret au Bisik !
Notez-le sur vos tablettes ! Le vendredi 24 mars s’annonce comme une soirée exceptionnelle au Bisik. Monsieur Alix Poulot, auteur, compositeur et interprète qu’on ne présente plus, sera au Bisik pour un concert unique. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, nous recevrons également Gilles Lauret, accompagné de Sami Pageaux, pour un voyage musical entre rock et maloya, La Réunion et le Mexique.
Il faut bien l’avouer, il est rare de pouvoir assister à un concert d’Alix Poulot, qui joue, qui plus est, pour la première fois depuis très longtemps dans l’Est.
Ce zarboutan de la musique réunionnaise, virtuose de la guitare qui a joué avec les plus grands, nous fera donc l’honneur de ses compositions enlevées entre jazz et maloya électrique et éclectique. Même si notre homme compose comme il respire, personne n’a oublié “One Ticket”, “Aster” ou “Manigance”… Un rendez-vous pour réécouter ces standards et découvrir les nouveaux titres d’Alix avec son Confettis Trio composé de Bernard Filo et Giovanni Velleyen. Alix Poulot certifie son « Creol Cool Music » sans barrière à l’horizon avec le même sceau, quelle que soit l’orchestration. Après douze albums, Alix continue à produire régulièrement de nouveaux opus et à composer de nouveaux titres à découvrir absolument au Bisik.
En ouverture de soirée, Gilles Lauret nous invitera à un voyage intimiste aux racines endémiques et au feuillage universel au cœur de ses compositions, auxquelles il ajoute quelques pépites revisitées du patrimoine musical réunionnais. Chanteur et guitariste, ex-leader du groupe Andemya, Gilles Lauret a passé quelques années au Mexique. Il nous revient en 2015 avec une musique plurielle, universelle, riche en émotions, où l’on perçoit son amour
de la Réunion, sa nostalgie du Mexique et une énergie renouvelée. C’est en duo, accompagné de Sami Pageaux qu’il présente son nouveau projet au public. Laissez-vous porter par cette voix cristalline et ces rythmes entraînants qui concilient avec justesse tradition et modernité.
Lors de cette soirée à nulle autre pareille, dansez au rythme de la Réunion et tombez amoureux en chanson !
***Bios express***
**Confettis Trio**
Alix Poulot, auteur, compositeur et interprète, est né au Port. Pendant ses études à l’école militaire du Tampon, il apprend pendant 2 années, les rudiments du solfège et la pratique de la guitare après un bref essai au clairon. C’est à Meyzieu, une ville de la banlieue lyonnaise auprès de sa famille, qu’il compose à la guitare, faisant de la musique sa thérapie. Après un an, il rentre au pays, s’installe à Saint-Denis et se remet à créer. Il rencontre Dominique Tambouran qui le présente à Gilbert Pounia, leader du groupe Ziskakan. De cette rencontre naîtra Kabar Maron, qui assurera les premières parties du groupe phare. Rapidement Alix opte pour une orchestration moderne, batterie et guitare électrique avec Dominique Tambouran et Lucay Canon. Alix alterne les formations de maloya électrique et progressif au sein des groupes Soukouss, Yanbane et son groupe de scène Kabar Maron jusqu’en 1995. Seul, il poursuit ses créations et se produit en trio ou en solo…
Bernard Filo, un des plus grands batteurs de sa génération a enregistré des albums avec des artistes comme Ti Fock et bien d’autres. Il a participé au projet Bokler avec Alix.
Giovanni Velleyen a accompagné des groupes comme Kreolokoz, Manyan et enregistré l’album “De Port Port” avec Alix Poulot.
*** Gilles Lauret *** est un musicien hors pair, sa voix cristalline et son sens du groove implacable en font un musicien précieux, qui aime avant tout la scène. A l’âge de quatre ans, il revient à La Réunion et passe son enfance à Petite-Ile. Élevé dans une famille de musiciens (neveu de Max et Jo Lauret), il commence
à chanter et à jouer des instruments traditionnels. En 2004, il commence à écrire ses propres chansons influencées par le maloya et le rock. En 2005 il crée le groupe Andemya et fusionne ces deux genres. Le groupe séduit un large public et effectue 2 tournées en France hexagonale (2008 et 2010). Ils sont récompensés par plusieurs prix, dont la distinction de « Meilleur groupe de rock de l’Océan Indien ».
Après un séjour au Mexique, Gilles accompagne Danyel Waro depuis 2015, travaille avec Sylvain Gouslaye sur la mise en musique de ses textes, et développe le groupe Tapkal avec Ananda Peters, Sami Pageaux Waro et Julien Grégoire.
Sami Pageaux Waro, fils du célèbre chanteur de maloya Danyèl Waro, s’impose rapidement comme un multi-instrumentiste de ce genre musical et comme très actif sur la scène musicale de l’Île et de la France métropolitaine. Percussionniste avec une vaste connaissance des rythmes traditionnels non seulement de l’Océan Indien mais de diverses parties du monde. Chanteur et interprète de la kora avec une vision chromatique de l’instrument qu’il réalise grâce à l’utilisation de pédales et qu’il place comme peut-être la seule personne à jouer de l’instrument de cette façon. Il est le créateur de plusieurs projets musicaux tels que Lo Griyo, La 25e Corde, le Ciné Concert Bagdad Fantasie, entre autres, et a collaboré avec de grands artistes internationaux tels que Ibrahim Maalouf, Ballaké Cissoko, Vincent Ségal, Emily Loizeau, Magic Malik. Il s’est produit en Chine, en Belgique, en Croatie, au Maroc, en Angleterre et en France avec le groupe de Danyèl Waro.
Ouverture des portes 19h
Infos / résa au 0693 63 39 39
Entrée 8€ en Prévente Adhérents sur Internet (10€ non adhérents) / 12€ sur place
Buvette et restauration sur place
Achetez vos places : https://urlz.fr/kHFE