[Chronique dans le noir] Défier les limites et gagner en autonomie

L’ERGOTHÉRAPIE À DOMICILE

Ensemble, construisons un quotidien accessible avec l’ergothérapie à domicile. Témoignage de Jean-Philippe Sévagamy, notre reporter citoyen non-voyant, qui partage son expérience.

La lumière au bout du tunnel !

Pour ceux ou celles qui ne me connaissent pas, je m’appelle Jean-Philippe, j’ai perdu la vue depuis 1996. Avec le temps, je me suis adapté à mon handicap. Le domaine de la haute technologie adaptée à ma cécité m’a toujours été d’un grand réconfort.
Tout en étant accompagné par des professionnels du SAMSAH DV, j’en profite au maximum pour apprendre à être autonome.
Une fois par semaine l’ergothérapeute m’explique les gestes nécessaires à faire sur mon iPhone : comment placer mes doigts sur le téléphone tout en respectant la frappe tactile de chaque raccourci.
Pouvoir ouvrir une application et savoir l’utiliser : par exemple, aller sur l’application d’Ezymob Car Jaune pour pouvoir explorer en détail la gare routière de Saint-Pierre : ses horaires, l’emplacement des bus, les quais, surtout le bus que je dois prendre.

Aussi, l’ergothérapeute, si besoin, met des boules autocollantes comme repères sur les chiffres de ma machine à laver, sur mon micro-ondes, four, mais plus encore sur ma gazinière ou sur mon clavier AZERTY.

Il m’a appris à me servir de ma télécommande, de mon téléphone fixe, du gabier, ou même pour l’utilisation du terminal de paiement de ma carte bancaire dans les commerces. Sur chaque appareil apparaît le point 5 conçu pour nous, non-voyants.

Pour la reconnaissance des pièces de monnaie, tout se fait naturellement au toucher, idem pour les billets pliés entre l’index et le majeur. Avec l’ergothérapeute, j’ai appris à différencier la couleur de mes vêtements, mais aussi à mettre des repères sur mes boîtes de conserves ou à mesurer le dosage d’un liquide.

J’ai également appris à me servir de l’eau dans un verre ou plus encore à couper ma viande dans mon assiette. Je dois reconnaître que ma vie a changé, je suis plus libre et plus autonome chez moi. Je peux désormais choisir l’itinéraire et l’horaire de mon bus.

Aujourd’hui, je partage mon expérience avec vous, lecteurs et lectrices de Parallèle Sud, afin de vous faire comprendre que de nos jours, il existe beaucoup de méthodes efficaces pour nous, personnes déficientes visuelles. Ainsi, des applications adaptées nous permettent d’avancer et d’être comme tout individu et des structures spécialisées sont à notre écoute pour nous accompagner à travers nos projets adaptés.

Jean Philippe Sevagamy Aveugle

L’ergothérapeute joue un rôle essentiel dans l’accompagnement des personnes déficientes visuelles, en les aidant à gagner en autonomie et en indépendance dans leur vie quotidienne.
Face à la perte ou à la diminution de la vision, l’ergothérapeute intervient pour :

Évaluer les besoins et les capacités de la personne :
• L’ergothérapeute réalise un bilan complet pour comprendre les difficultés rencontrées par la personne dans ses activités quotidiennes (se déplacer, se nourrir, s’habiller, se laver, communiquer, etc.).
• Il prend en compte les habitudes de vie, l’environnement et les aspirations de la personne pour proposer une intervention individualisée.

Définir des objectifs d’intervention :
• En collaboration avec la personne et son entourage, l’ergothérapeute définit des objectifs précis et mesurables visant à améliorer l’autonomie et la qualité de vie.
• Ces objectifs peuvent concerner la mobilité, la préhension, les activités domestiques, la communication, les loisirs, etc.

Mettre en place des stratégies d’adaptation et d’apprentissage :
• L’ergothérapeute propose à la personne des techniques et des outils pour compenser sa déficience visuelle et réaliser les tâches du quotidien de manière autonome.
• Cela peut inclure l’apprentissage de l’utilisation de technologies d’assistance (logiciels vocaux, cannes électroniques, etc.), la mise en place de repères tactiles et sonores dans l’environnement, etc.

Favoriser l’accès à l’information et à la communication :
• L’ergothérapeute aide la personne à trouver des solutions pour accéder à l’information et communiquer avec son entourage.
• Cela peut passer par l’apprentissage de l’utilisation de logiciels de synthèse vocale, etc.

Préconiser des aménagements du domicile et du lieu de travail :
• L’ergothérapeute peut suggérer des adaptations du domicile ou du lieu de travail pour faciliter la mobilité et la réalisation des activités quotidiennes.
• Cela peut inclure l’installation de rampes d’accès, de barres d’appui, de systèmes d’éclairage adaptés, etc.

Apporter un soutien psychologique et social :
• L’ergothérapeute accompagne la personne dans l’acceptation de son handicap et l’aide à gérer les aspects psychologiques et sociaux liés à la déficience visuelle.
• Il peut également l’orienter vers des ressources et des associations spécialisées pour lui apporter un soutien supplémentaire.

Collaborer avec d’autres professionnels :
• L’ergothérapeute travaille en étroite collaboration avec d’autres professionnels de santé, tels que les ophtalmologistes, les orthoptistes, les kinésithérapeutes, les psychologues, les travailleurs sociaux, pour assurer une prise en charge globale et coordonnée de la personne.

En résumé, l’ergothérapeute est un allié précieux pour les personnes déficientes visuelles, en les aidant à surmonter les obstacles liés à leur handicap et à vivre une vie pleine et autonome. Pour information, c’est en 1954 sur Nancy qu’a été créé le premier centre de formation d’ergothérapeutes.

Jean-Philippe Sévagamy

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Autonomie pour déficients visuels

L’autonomie est une perspective nécessaire. Autonomie chez soi et autonomie à l’extérieur.

A propos de l'auteur

Jean-Philippe Sevagamy | Reporter citoyen

Jean-Philippe Sévagamy est non-voyant et membre actif de l'Association Valentin Haüy. Il surmonte son handicap en portant de multiples projets au profit des déficients visuels (DV). Il raconte comment « vivre dans le noir » pour les lecteurs de Parallèle Sud.

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