[Chronique] Les alentours et leurs environs

N’AYONS PAS PEUR DES MOTS

Lu, la semaine dernière : « Route du littoral : la réouverture sur 4 voies prévue ce mercredi alentours de 5 heures. »

Bon, je vais être honnête avec vous, preuve qu’il y a un début à tout : je crains fort que la faute observée dans la phrase ci-dessus ne soit pas une faute mais une simple erreur, le fruit d’une banale étourderie et non la conséquence malheureuse d’un manque de savoir-écrire de la part de son auteur. Une vulgaire coquille, en somme, comme on en trouve à tour de sites sur la Toile. Je le crois d’autant plus que l’expression correcte figure quelques lignes plus bas, ce qui renforce la présomption d’innocence de notre journaliste distrait. Alors quoi, j’arrête là et je repars en quête d’une autre victime ? 

Ne comptez pas là-dessus ! Il était dit que je n’aurais pas écrit ces quelques lignes pour rien. Je ne vais donc pas vous quitter sans vous avoir parlé de ce qui sera mon sujet du jour, le terme « alentour ». À l’instar de nombreux mots, le garçon possède une double personnalité. Habillé d’un « s » final, il est un nom qui désigne « les environs » ou, comme on dit pompeusement, des lieux « circonvoisins ». Privé de son « s », il devient un adverbe au sens de « aux environs », « dans l’espace qui est autour », « dans le voisinage ». C’est celui-là que l’on retrouve dans des expressions telles que : « Je pars me promener alentour », « les villages alentour ». 

Le hic, c’est que l’usager de la langue n’est pas toujours très au fait de cette distinction :

– « Picardie : quand les balles de golf bombardent les maisons alentours. » (RTL.fr)

– « Les éoliennes sont-elles dangereuses pour le bétail des champs alentours ? » (TF1 info)

– « La structure de la grue a littéralement plié, ce lundi. Le grutier a été évacué sans encombre et les immeubles alentours ont été évacués. » (Le Parisien)

Vous savez ce que disait Guy Bedos ? Il prétendait qu’ « aux alentours de la soixantaine, deux seules vraies questions se posent : 1 – Je meurs quand ? 2 – De quoi ? Tout le reste est diversion. »

En attendant de me pencher sur ce macabre questionnement, c’est la mort dans l’âme que je vous abandonne. 

K. Pello

Pour poursuivre le voyage dans le labyrinthe de la langue française, consultez le blog : N’ayons pas peur des mots

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Kozé libre

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