N’AYONS PAS PEUR DES MOTS
Lu dernièrement : « Plus que jamais, nos représentants sont prêts à en découdre pour ramener des médailles dans l’escarcelle mauricienne. » (L’Express de Maurice)
Vous allez me dire que le vilain rapporteur que je suis la ramène encore pour rien. Sans doute, mais il me semblait pourtant que la règle était claire. On apporte ou emporte ce qui est inanimé et requiert d’être porté ; on amène ou emmène ce qui peut être mené, conduit. « On ramènera l’enfant chez ses parents », nous dit ainsi Jean Girodet (Pièges et difficultés de la langue française), mais « je vous rapporterai vos livres demain », poursuit-il.
Les médailles se portant au cou ou à défaut dans les mains, la logique voudrait donc qu’on les rapportât et non qu’on les ramenât. Or, malgré les injonctions des puristes, le tour fautif s’est incrusté dans l’usage courant, comme en témoignent ces extraits d’articles : « Les athlètes lyonnais et lyonnaises ont ramené plusieurs médailles, d’or, d’argent et de bronze. » (Lyon Capitale) ; « Quels autres sports peuvent ramener des médailles aux Bleus ? » (Ouest-France) ; « Egalement présente, la présidente Région (sic) Huguette Bello a fait le vœux (re-sic), elle aussi, que les athlètes réunionnais ramène (re-re-sic) des médailles an poundiak. » (Outre-mer la 1ère)
Preuve qu’en sport, peu importe la forme, seul le résultat compte.
K. Pello
Pour poursuivre le voyage dans le labyrinthe de la langue française, consultez le blog : N’ayons pas peur des mots