N’AYONS PAS PEUR DES MOTS
Parallèle Sud accueille dans ses colonnes les critiques d’un dévoreur de phrases qui peut passer pour un sacré pinailleur.
Lu il y a une semaine : « Dans le même temps, tout ce qui a été mis en place en Europe pour le tri sélectif et donc le recyclage, avec notamment le plastique, on est dans un constat d’échec puisque seulement 20% de ce qui est jeté est recyclé. » (Zinfos974)
La formule est absurde et Le Figaro la condamne : « Le tri étant par essence déjà une sélection, parler de « tri sélectif » c’est un peu dire que l’on va à la piscine pour y « nager dans l’eau » ou préciser que l’eau… ça mouille. » Ce qui n’empêche pas le célèbre quotidien du boulevard Haussmann d’exhorter ses lecteurs à s’y conformer : « Le tri sélectif des ordures ménagères est une habitude à prendre. »
Pléonasme ou non, nous n’avons plus le choix. L’expression impropre figure sur tous les sites d’information gouvernementaux, ceux des collectivités locales, de l’ensemble des médias et de tous les organismes de défense de l’environnement. Elle est sur toutes les lèvres, dans tous les écrits. Même la très sélecte Académie l’a adoptée sans barguigner, sacrifiant le bon usage de la langue sur l’autel de l’urgence écologique. À propos, avez-vous remarqué que depuis quelques années nous ne sortons plus nos poubelles mais nos bacs à ordures ménagères ? Ma bouche a du mal à s’y faire. L’heure est peut-être venue pour moi aussi de me recycler.
K. Pello
Pour poursuivre le voyage dans le labyrinthe de la langue française, consultez le blog : N’ayons pas peur des mots