N’AYONS PAS PEUR DES MOTS
Quitte à passer pour un vieux rabat-joie, je profite de cette chronique hebdomadaire pour rappeler qu’on ne rabat pas les cartes — ce ne serait pas du jeu ! — on les rebat. Quoi de plus logique quand on sait que cette locution trop souvent maltraitée exprime simplement le fait de battre à nouveau des cartes à jouer ou, au sens figuré, de bouleverser les données d’une situation, dixit l’Académie ?
Pas si logique que cela, en revanche, dans l’esprit du consultant sportif coupable de ce dérapage langagier, samedi soir, sur les ondes de la chaîne L’Équipe. Dieu merci, aucun des ses bienveillants collègues n’a eu l’insolence de lui rabattre (et non fermer) le caquet. Ceci étant dit, je ne vais pas davantage vous rebattre les oreilles avec les subtilités d’une expression dont vous n’avez peut-être rien à b…
K.Pello
Pour poursuivre le voyage dans le labyrinthe de la langue française, consultez le blog : N’ayons pas peur des mots
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Rebattre les cartes
rebattre les cartes \ʁə.batʁ le kaʁt\ (se conjugue → voir la conjugaison de rebattre)
- (Cartes à jouer)Mélanger à nouveau les cartes d’un jeu.
- Le soir, dans une tour solitaire, noyés dans le silence du parc et de la forêt, tous quatre nous prolongions assez tard les veillées à battre et rebattre les cartes. — (André Gide, Les Caves du Vatican, 1914)
- (Sens figuré) Changer une situation de façon importante.
- Cet oiseau, qui appartient à la famille des perroquets, vit en Australie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et sur certaines des îles d’Indonésie. Sa présence dans le bestiaire moyenâgeux rebat donc les cartes des routes commerciales entre l’Europe et le reste du monde au XIIIe siècle. — (Pierre Bouvier, D’Australie en Sicile, le voyage du cacatoès de l’empereur Frédéric II, Le Monde. Mis en ligne le 26 juin 2018)