[Chronique] Sortie du cadre

N’AYONS PAS PEUR DES MOTS

Lu cette semaine : « Pour la petite histoire, Marine Andoche, leur sœur, combattait le même soir dans le cadre du « Best Of Muay Thai 4″ au Port. »

Les défenseurs de l’orthodoxie langagière n’en démordent pas. « Dans le cadre de » signifie stricto sensu « dans les limites de, en vertu de ». Exemple, extrait du quotidien Ouest-France : « Les castanéiculteurs [autrement dit, les producteurs de châtaignes] ont bénéficié d’une enveloppe financière inédite dans le cadre de la loi de finance 2024. » Et pas question de sortir de ce cadre !

Seulement voilà, et c’est là que le bât blesse, « cette locution est souvent employée aujourd’hui au sens de « à l’occasion de », constate Larousse, lequel enjoint de « préférer pour ce dernier sens les équivalents : à l’occasion de, en liaison avec, pendant, etc. » Bien qu’appuyée par nombre de sommités de la langue française, la mise en garde n’a pas pesé lourd face à la puissance de l’usage. Il fallait s’en douter. Résultat : la presse numérique fourmille de… cadrages-débordements illicites. 

« Le journal a fait le lien avec ce joueur de foot interrogé en 2022 lors d’un reportage effectué dans le cadre de la CAN disputée au Cameroun. » (france24.com)

« La Team Douarnenez PrevalRisk recevait Saint-Quentin, champion de France en titre, dans le cadre de la quatrième journée de Top Ligue 1 de billard à trois bandes. » (Le Télégramme)

« À Ploemeur, 34 300 € collectés dans le cadre de Week-end du cœur solidarité et remis à huit associations. » (Nice-Matin)

Le combat mené par les puristes est-il perdu d’avance ? On peut d’autant plus le craindre que notre bonne vieille Académie, d’ordinaire si prompte à monter sur le ring pour croiser les gants avec le mauvais usage, se contente –  sans la condamner – de qualifier de « familière » la locution décriée. Les Immortels du quai Conti ne nous avaient pas habitués à jeter l’éponge aussi rapidement. 

K. Pello

Pour poursuivre le voyage dans le labyrinthe de la langue française, consultez le blog : N’ayons pas peur des mots

A propos de l'auteur

Kozé libre

A Parallèle Sud nous nous faisons un devoir de libérer la parole, de la partager, sous quelque forme que ce soit (texte, vidéo, son, BD...). Chaque lecteur peut être acteur et créer l'information. Celle-ci est relue par le comité de lecture de Parallèle Sud avant d'être publiée dans la Libre expression.

Articles suggérés