manifestation loi retraites Saint-Pierre mardi 7 février 2022

[Chronique] Tous ensemble, tous ensemble !

N’AYONS PAS PEUR DES MOTS

Parallèle Sud accueille dans ses colonnes les critiques d’un dévoreur de phrases qui peut passer pour un sacré pinailleur.

Lu cette semaine dans nos médias locaux (pas chez nous, bien sûr !) : 
— « Au nombre des dossiers soumis à l’examen des élus de l’Assemblée de Martinique, celui de l’aide au retour de celles et ceux qui envisagent… »
— « Contrer les projets du Gouvernement et obtenir le retrait de cette réforme est possible, elle nécessite l’implication de chacun et chacune à participer à toutes les modalités d’action et de faire à la DGFiP comme dans l’ensemble des secteurs professionnels de ce jeudi 23 mars un jeudi noir. »
 — « Toutes et tous à la manifestation de Saint-Denis et à la manifestation de St Pierre ce mardi 28 mars 2023. »

« Celles et ceux », « certaines et certains », « d’aucunes et d’aucuns », « toutes et tous » … J’en passe et des meilleures… et des meilleurs. Tout cela pour dire, chers amis, chères amieuhhh, que la mode actuelle consistant à vouloir dissocier les genres en dépit du bon sens a le don de m’agacer, et bien au-delà de mes seules hormones masculines.

Avec son fameux « Françaises, Français… », le général de Gaulle fut en quelque sorte l’un des précurseurs de ce parler inclusif qui, à trop vouloir stigmatiser les différences, finit par les creuser. Ainsi, quand Olivier Véran, s’adressant aux agents de la SNCF, invite « au premier chef celles et ceux qui ont annoncé vouloir faire grève à y renoncer », il veut probablement nous rappeler que la grève n’est pas qu’une histoire d’hommes, ce dont, pour ma part, je ne doutais pas un seul instant, oh pardon (!), une seule seconde. Qui aurait crié à la discrimination si notre cher porte-parole du gouvernement s’était « borné » (ça aussi, c’est à la mode !) à glisser à l’oreille de « ceux qui ont annoncé vouloir faire grève d’y renoncer » ? Sûrement pas moi. Aurait-il usé de telles précautions oratoires s’il avait choisi d’employer le mot « personnes », sachant que parmi ces dernières, se cachaient à coup sûr quelques uns de mes congénères testostéronés ?

En septembre 2012, Marc Raynal s’insurgeait déjà contre « cette manie […] de vouloir constamment « sexuer » une grammaire qui ne se préoccupe que de genre […] Le masculin (ou, plus justement, le genre non marqué) ne suffit-il plus à représenter aussi bien les éléments masculins que féminins, comme expression de la nature asexuée du groupe ? » s’interrogeait l’auteur de l’excellent blog Parler français. « […]. Et ce dernier d’ajouter : « Nous risquons de finir ensevelis sous des formules aussi pesantes que ridicules. » 

Il peut ranger les armes : le mâle est fait. En la matière, le titre de champion du monde revient incontestablement à Emmanuel Macron. Dans la foulée de la défaite de l’équipe de France en finale du Mondial de football, notre zélé président avait poussé le grotesque jusqu’à remercier « celles et ceux qui vont arrêter le maillot (sic) après ce match ». Inutile de dire que la performance du chef de l’État avait fait mauvais genre dans le vestiaire des Bleus. Résultat : encore de futurs retraités qui font la gueule !

K.Pello

Pour poursuivre le voyage dans le labyrinthe de la langue française, consultez le blog : N’ayons pas peur des mots

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Kozé libre

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