PREMIER LONG MÉTRAGE
Clémentine Carrié avait un destin tout tracé. Dès 8 ans, grâce à l’instituteur du village, elle s’est essayée au film de sorcières à l’école, du scénario au tournage, un court métrage à la clé. Aujourd’hui, elle est notamment réalisatrice et scénariste. Elle passe deux mois sur notre île dans le cadre de la préparation de son premier long métrage de fiction : L’Île Vorace. Elle a profité de ces longues semaines pour effectuer de nombreux repérages, s’imprégner de certains lieux, de certaines ambiances, avancer dans l’écriture de son scénario, rencontrer des personnes ressources…
Parallèle Sud : Bonjour Clémentine Carrié, pouvez-vous vous présenter ?
Clémentine Carrié : Bonjour, je m’appelle Clémentine Carrié. Je suis auteure-réalisatrice métropolitaine (plus précisément de Toulouse). J’ai étudié le cinéma à l’Ecole nationale supérieure d’audio-visuel de Toulouse (l’ENSAV : une école publique qui forme aux différents métiers du cinéma) dont je suis sortie diplômée en 2017. Depuis, j’ai réalisé un moyen et deux courts métrages, sélectionnés en festivals : Filmer les Pyrénées (52 mn), une commande de la cinémathèque de Toulouse et de l’institut Jean-Vigo de Perpignan, en 2017 ; Gronde Marmaille (15 mn), produit par Duno films en 2018 ; Poussière (7 mn), autoproduit, en 2019. Tous ont en commun de questionner notre relation à l’environnement et au climat.
Parallèle Sud : Vous êtes à La Réunion depuis plusieurs semaines, pouvez-vous nous en dire plus ?
Clémentine Carrié : J’écris actuellement mon premier long métrage de fiction, L’Île Vorace. C’est un film fantastique dont l’intrigue se déroule exclusivement à La Réunion. C’est l’histoire de Télia, 16 ans, métisse métropolitaine et créole. Son copain disparaît mystérieusement dans la forêt de Mare-Longue alors qu’ils y faisaient l’amour. Aidée par sa grand-mère tisaneuse, Télia mène l’enquête. Elle découvre qu’un étrange lichen bleuté envahit l’île et sa peau. Un monde végétal, menaçant et mystérieux s’ouvre peu à peu à elle…
Parallèle Sud : Parlez-nous de votre projet et des différentes résidences.
Clémentine Carrié : J’écris ce film depuis bientôt trois ans. Un premier long métrage nécessite un vrai temps de recherches et de digestion. Je viens régulièrement à La Réunion passer quelques mois. Même si le film est fantastique, le quotidien de l’île et la cohabitation de ses cultures ont une réelle place dans l’histoire. Je suis vigilante à y être fidèle…
Pendant ces trois années de travail, j’ai pu participer à plusieurs résidences d’écriture. Elles sont des temps précieux de travail en collectif. La Réunion tous en auteurs, portée par la région Réunion et l’agence Film Réunion, était une résidence pour les premiers longs métrages de fiction. Elle se situait à Manapany-les-Bains. C’est grâce à cette résidence que le projet de L’Île Vorace s’est ancré à La Réunion. Dans le processus d’écriture (qui est, il faut le dire, sacrément solitaire), ces deux semaines de travail avec d’autres auteur(e)s réunionnais(e)s et métropolitain(e)s, où nous étions accompagné(e)s par des producteurs expérimentés, a été un vrai tremplin. Suite à quoi, pour le même projet, j’ai obtenu l’aide à l’écriture de la région Réunion.
Parallèle Sud : Quand sortira votre film ? Avez-vous d’autres projets ?
Clémentine Carrié : Dans quelques années si tout va bien ! Suite à ces trois années, j’estime être à la moitié du travail d’écriture à accomplir. Mais tout dépend des financements à venir… L’écriture n’est qu’un pan du long processus de fabrication du film. Avant de le voir sur un écran, le film va s’ouvrir aux membres d’une future équipe : à la préparation, au tournage, au montage, à la diffusion… De nouvelles aventures sont à venir.
J’ai deux autres projets en écriture. Un long métrage et un court-métrage. Ils sont à des étapes de travail très précoces mais tous deux questionnent notre rapport à la croyance et sont à la lisière entre la réalité et le fantastique.
Propos recueillis
par Dominique Blumberger