Paul Hoarau

Conférence des mille – Le peuple : le nombre et la diversité

JOURNAL DE PAUL HOARAU

LE NOMBRE ET LA DIVERSITE

La Conférence des Mille se tiendra le jour où il y aura au moins mille participants invités par au moins cent faiseurs de tables. Pourquoi ?

Parce que la Conférence des Mille veut être une manifestation, un moyen constitutionnel pour le Peuple de s’exprimer . Et le Peuple c’est la collectivité (le nombre), c’est tout le monde (la diversité). « La loi garantit les expressions pluralistes des opinions » (art 4 de la Constitution).

Un invitant qui emmène mille personnes de sa classe, de sa religion, de son parti réunit la partie du Peuple de sa classe, de sa religion, de son parti, ne réunit pas le Peuple. Le nombre ne suffit pas. Quand le Peuple se réunit, la diversité apparaît. Forcément, les participants ne se reconnaissent pas dans tous les autres participants.

Mais au-delà de la diversité, il y a l’unité. Au-delà de la diversité réunionnaise, doit apparaître l’unité réunionnaise : l’identité du Peuple Réunionnais qui construira la maison Réunion. Un Peuple c’est comme une famille qui se cherche un travail, une maison, s’occupe de l’éducation des enfants, de leur formation pour qu’ils puissent faire face à la vie quand ils seront en âge. De la même façon, un Peuple, en l’occurrence le nôtre, se cherche du travail pour se nourrir, se vêtir, s’éduquer, se former pour faire face.

Cela suppose que les Réunionnais savent qui ils sont et le disent et qu’ils savent ce qu’ils veulent et le disent. Cette démarche est capitale parce que pendant près d’un siècle on leur a fait croire : 1. que pour être Français il ne fallait plus être Réunionnais ; 2. qu’il revenait à la France – qu’ils doivent appeler « la Métropole » – en réalité à l’Etat de les prendre en charge. – Le message à faire passer et le suivant : 1. qu’il y a un Peuple Réunionnais avec son identité propre ; 2. que c’est ce Peuple Réunionnais identifié et reconnu qui est Français au sein de la République ; 3. que par son travail, avec la solidarité nationale, le Peuple Réunionnais est responsable de son destin.

Nos compatriotes locaux ont peur de ce message : 1. parce que la politique sociale de la départementalisation a tiré notre Peuple de la misère dans laquelle il était auparavant ; 2. parce que les responsables les ont convaincus qu’il n’y a pas de développement économique réunionnais possible (les échecs « programmés » dans l’indifférence générale, de l’aquaculture, du thé, du géranium, bientôt de la canne, etc., l’ont prouvé et le prouveront) ; 3. parce que la prétention des Réunionnais à être un Peuple responsable de son développement signifie la séparation d’avec la France et, par conséquent, la perte des revenus sociaux et des revenus du développement économique exogène actuel : le retour à la misère d’autrefois. Cette perspective fait peur.

Ces titulaires du pouvoir politique parisien qui ont fait La Réunion de la peur ne sont pas les seuls détenteurs légitimes de l’autorité qui détermine ce qui est Français. Français nous aussi, nous avons cette légitimité autant qu’eux. Ce que nous proposons est plus conforme à la devise de liberté, d’égalité et de fraternité de l’esprit français. Encore faut-il que nous soyons nombreux et divers à le dire. C’est l’objectif de la Conférence des Mille et des Etats généraux. La Réunion explose aujourd’hui. Les médias se font largment l’écho de ce mouvement. Encore faut-il que tous ces éléments – culturels, économiques, sociaux, etc. – de la dynamique réunionnaise ne soient pas dispersés, épars, mais rassemblés et soutenus par la clé de voûte de la maison Réunion : la conscience collective des Réunionnais de leur destin commun et de leur appartenance à un Peuple responsable de ce destin.

L’expression de cette conscience par la Conférence des Mille (kisa noulé) et par les Etats généraux (kosa nou vé) ne suffit pas. Cette expression doit être validée par un référendum local qui sera l’expression politique institutionnelle de la volonté des Réunionnais. Sur la base de ce référendum la négociation par la conférence territoriale élargie avec le Gouvernement pourra s’engager démocratiquement, légalement.

Le 16 septembre à Saint-Leu, dans le cadre de la préparation de la Conférence des Mille et des Etats généraux nous parlerons librement et simplement de tout cela.

Paul Hoarau

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